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Analyse des résultats: plus de jeunes participantes mais moins d’élues qu’en 2012

26 novembre 2020, 18:37

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Analyse des résultats: plus de jeunes participantes mais moins d’élues qu’en 2012

Le nombre de femmes élues aux récentes élections villageoises est décevant. En effet, sur les 1 725 femmes candidates à ce scrutin, seules 274 (23,42 %) d’entre elles sont devenues conseillères alors que le nombre d’élus chez les hommes est de 896. Ces chiffres sont pointés du doigt car ils sont très bas et démontrent une baisse de la représentativité féminine dans les conseils de village, comparé aux dernières élections en 2012. 

En effet, cette année-là, 297 sur 1 183 candidates avaient pu se faire élire. À l’époque, on estimait déjà que 25,38 % était peu en termes de représentativité féminine alors que, huit ans plus tard, le pourcentage baisse encore, malgré les 30 % de candidatures féminines imposées aux groupes et aux partis. Pourquoi le nombre d’élues demeure aussi bas, bien qu’il y ait davantage de femmes candidates ? 

Contactées, quelques femmes qui ont participé aux élections expliquent que plusieurs facteurs ont fait que les hommes ont de nouveau gagné plus de sièges dans les conseils de village. «Oui, il y avait plus d’hommes qui ont déposé leur candidature mais il faut savoir qu’en termes de jeunes, les femmes étaient plus nombreuses. Qu’on ne se le cache pas, à Maurice les gens ont encore du mal à faire confiance aux femmes dans des postes importants ; maintenant de jeunes femmes, vous vous imaginez que nous avons eu beaucoup de mal dans certains villages à faire reconnaître nos capacités politiques», explique une jeune candidate battue d’un village du Nord. En effet, selon les chiffres de la commission électorale, les jeunes femmes représentent 55 % des candidats âgés de 18 à 25 ans. 

Toutefois, l’âge n’est pas le seul facteur, explique-t-on. Par exemple, dans trois villages à Savanne, des sources révèlent que le «coupé tranché» et le mot d’ordre de «voter communal» auraient été deux facteurs clés à peser dans la balance. Cela explique que des femmes n’ont pas été élues. La même analyse a été faite par des candidats battus et ceux sur le terrain dans certains villages du Nord. «Il y a aussi l’aspect culturel et la tradition – où les hommes ont tendance à être plus encouragés à rejoindre la politique active que les femmes», explique Ramola Ramtohul, sociologue. 

En effet, elle déclare qu’il ne faut pas oublier que «les femmes devront avoir le soutien de leur famille à la fois pour se présenter aux élections et pour être élues, étant donné qu’elles dépendent de la famille et des proches pour voter pour elles. Les candidates ont-elles obtenu un tel soutien ?» Elle ajoute que les faibles chiffres indiquent que ce n’était pas suffisant pour être élues. 

Pour Ramola Ramtohul, il faut une plus grande sensibilisation sur le genre et plus de femmes modèles en tant que leaders. Deuxièmement, la réforme électorale tant attendue pourrait ouvrir la voie à davantage de femmes sur la scène politique. «En effet, la politique est encore largement dominée par les hommes à Maurice et les postes de direction ainsi que les postes clés dans les partis politiques sont toujours occupés par des hommes», souligne-t-elle. 

Toutefois, chez des candidates, même battues, ces élections ont démontré un léger changement de mentalité, par rapport à la re-présentation féminine dans certaines régions, comme Plaine-des-Roches, où une femme de 21 ans est sortie en tête de liste. Et comme l’a indiqué le commissaire électoral à sa conférence de presse, dix villages ont présenté et élu quatre femmes.