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Dimple Raghoo: destin tragique d’une bosseuse dans l’âme

26 novembre 2020, 09:00

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Dimple Raghoo: destin tragique d’une bosseuse dans l’âme

À Vieux-Grand-Port, au domicile des Raghoo, c’est comme si le temps s’était figé à 17 h 44, le mardi 23 novembre. Alors qu’une prière devait s’y tenir samedi pour marquer la rénovation complète de la maison, c’était finalement une veillée mortuaire hier. Proches, voisins, amis et collègues ont tenu à faire le déplacement des quatre coins du pays pour rendre un dernier hommage à la constable Dimple Raghoo, affectueusement connue comme «Vani».

Peu après des adieux déchirants, les cinq sœurs de la constable se sont assises sur les marches fraîchement laminées par nul autre que Vani, en se tenant par la main, le regard dans le vide. Les proches ont tenté tant bien que mal de les consoler, mais difficile pour elles d’accepter cette nouvelle tragédie qui s’abat sur leur famille en l’espace d’un an. En 2019, elles avaient dû entreprendre les mêmes pénibles rites funéraires pour une autre sœur qui avait perdu son combat contre le cancer. Il y a une dizaine d’années, elles avaient également perdu leurs parents, mais elles avaient su trouver la force de continuer en s’épaulant les unes les autres.

Sur la route principale de Beau-Vallon, les traces, qui témoignent des derniers instants de Dimple Raghoo, sont encore nettement visibles. Des traces qui rappellent aussi la souffrance inouïe qu’a endurée la trentenaire sur des centaines de mètres. Chaya Juggernauth, l’une des sœurs, dit ne pas comprendre pourquoi les responsables de cet acte ne se sont pas arrêtés après l’impact. «Elle aurait pu être encore en vie.»

«Elle était le pilier de la famille», raconte Prima Rughu, une autre sœur de Vani, la gorge nouée. Malgré toute sa peine, elle a accepté de revenir sur le parcours de celle qui est considérée comme le pilier de la famille. «Nou ser ti tou pou nou. Nou mama, nou papa, nou frer… Zot tou ti kontan li é tou letan li finn la pou nou.»

Porter l’uniforme bleu, elle en rêvait depuis qu’elle n’était encore qu’une enfant. «Elle a travaillé très dur pour accomplir ce rêve. Éna fwa mo ti pé dir li répozé inpé, mé li dir mwa li pa kapav pa travay. Li ti osi bien pros ek so bann névé, nies. Nou ti fek sélébré laniverser mo garson ansam.»

Yumesh Rughu, policier affecté à la Traffic Branch et également beau-frère de Vani, s’est aussi confié à l’express pour rendre hommage à la battante qu’elle était. «Elle était d’une rare discipline. Elle faisait son jogging, elle avait même des équipements pour ses séances de sport.» Malgré tout, elle trouvait du temps pour sa famille. «Li ti dir limem li pa pou maryé mé li finn okip maryaz so bann ser.»

Quelques heures avant le drame, elle se trouvait chez une sœur à Mahébourg. «Li ti asté gato pou bann nies é li ti asté lapintir pou so lakaz. Li mem li finn fer tou rénovasion. Ti pé diskit lor lapriyer ki ti pou éna samdi, mé enn moman linn gagn kol pou li report on duty. Linn alé. 45 minit apré, nou finn gagn nouvel.»

Yumesh Rughu se remémore aussi une conversation qu’il a eue il y a quelques jours avec sa belle-sœur. «Elle me disait que son travail devenait de plus en plus dangereux. Mais vu que son dévouement était apprécié, elle n’a pas été transférée dans une autre unité.»