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Hydrocarbures dans 11 dauphins d’Électre: le rapport ne sera pas rendu public

17 novembre 2020, 09:00

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Hydrocarbures dans 11 dauphins d’Électre: le rapport ne sera pas rendu public

Des traces d’hydrocarbures ont bel et bien été détectées dans les carcasses de 11 melon-headed whales ou dauphins d’Électre. C’est ce que mentionne le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, dans une réponse écrite déposée le 3 novembre. Des détails fournis après une question du député de Mahébourg–Plaine-Magnien, Ritish Ramful, qui portait sur les dauphins échoués sur la côte sud-est et à Poudre-d’Or, suivant le naufrage du Wakashio.

Il voulait savoir si des tests médico-légaux avaient été menés afin de déterminer la cause de cette hécatombe. Dans sa réponse, le ministre de la Pêche a affirmé que l’interprétation globale des résultats par les Services vétérinaires a démontré que «la principale cause de la mort des baleines à tête de melon est le barotraumatisme, c’est-à-dire que le tissu de leur organisme a été endommagé par une différence de pression. Un phénomène qui aurait pu être déclenché par une multitude de facteurs tels que le sonar de la marine, les fusils à air de l’industrie pétrolière, les tremblements de terre sous-marins et éruptions volcaniques».

Avant d’ajouter également que «de l’hydrocarbure aliphatique a été détecté dans des échantillons de 11 baleines». Mais quid du rapport en lui-même ? Pourquoi n’a-t-il pas été rendu public ? Contacté, un préposé du ministère de la Pêche explique que la décision a été prise avec fermeté. Les associations qui ont assisté, voire travaillé sur cette hécatombe au moment elle a eu lieu, n’ont pas été informées du fait que le rapport avait été soumis.

Jacqueline Sauzier, présidente de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS), a expliqué que n’ayant pas eu accès au rapport, elle ne ferait aucun commentaire pour le moment, précisant qu’elle attend toujours des échantillons pour l’élaboration de tests indépendants. Hugh Vitry, vice-président de la Marine Megafauna Conservation Organisation, après avoir pris connaissance de la réponse du ministre, a affirmé, pour sa part, ne pas comprendre que l’on considère la mort de ces dauphins comme étant liée à un accident barotraumatique. «Lorsque nous étions sur place, nous avons constaté que les poumons et les veines de plusieurs de ces dauphins étaient encombrés, il y avait des bulles partout dans le corps, ce qui laissait paraître qu’il s’agissait plutôt d’un accident de décompression. Un accident barotraumatique, c’est un accident avec un coup, une cassure où il y a eu un choc violent, comme une explosion. Mais il n’y a pas eu d’explosion que je sache.»

Par ailleurs, ces réponses écrites du ministre diffèrent des premières explications qui ont été données. En effet, lors d’une conférence de presse le 26 août dans les locaux du centre de Recherches d’Albion, le ministre de la Pêche avait affirmé que «prémié ranseynman verbal, li paret ki péna ni délwil. Ni Wakashio lié avek séki pé pasé». Yan Von Armin de la MMCS et le président de la Commission scientifique de la Mauritius Scuba Diving Association avaient abondé dans le même sens, en affirmant que : «Il ne s’agit pas d’un échouage massif. (…) Selon les premières observations, on a trouvé absolument aucune trace d’hydrocarbure, d’huile sur la peau, les voies respiratoires ni dans la bouche. Ça s’est écarté. La nécropsie est en train de se faire.» Nous avons également posé cette question au préposé du ministère et ce dernier a déclaré que «dans la conférence de presse, on avait dit qu’il n’y avait pas de traces d’hydrocarbures sur les dauphins, on ne savait pas ce qu’il y avait à l’intérieur, il fallait attendre les résultats…» De préciser que le ministère était toujours dans l’attente des résultats pour connaître les circonstances exactes de leur mort.

Dans la réponse du ministre, on apprend que du 26 août au 4 septembre, 26 nécropsies ont été effectuées sur les dauphins d’Électre, y compris sur un «bottleneck dolphin» qui avait aussi été retrouvé mort. Parmi les lésions les plus courantes sur les carcasses, les vétérinaires du ministère dénombrent des lacérations, des os et des mâchoires cassés, des grosses morsures, des estomacs vides, des poumons congestionnés et emphysémateux, des hémorragies graisseuses acoustiques et des embolies gazeuses.

En ce qui concerne le dauphin d’Électre retrouvé mort à Poudre-d’Or, le ministre explique que la carcasse était dans un état nécrosé. Du coup, sa mort a été attribuée à une septicémie et à un choc hypovolémique dû à un déficit de plasma sanguin.