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Diabète: une tendance à l’augmentation chez les jeunes

14 novembre 2020, 22:00

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Diabète: une tendance à l’augmentation chez les jeunes

Sur une estimation absolue de 270 000 Mauriciens diabétiques, moins de 10 000 sont âgés de 18 à 35 ans. Cependant, environ 4,3 % des nouveaux cas diagnostiqués appartiennent à la même tranche d’âge, un chiffre en augmentation par rapport aux derniers rapports du Non Communicable Diseases (NCD) Survey. Aujourd’hui, les jeunes sont plus vulnérables à la maladie. «Les 20-30 ans sont les moins affectés, mais il est alarmant de constater une tendance de nouveaux cas dans ce groupe», constate Yovan Mahadeb, médecin spécialiste en endocrinologie.

Un fait étayé par l’Association pour la promotion de la santé (APSA). «Jusqu’à récemment, les cas les plus communs chez les enfants étaient le diabète de type 1, qui est assez rare car ne représentant même pas 10 % des diabètes généraux. Mais maintenant, on note une progression du diabète de type 2 chez l’enfant, voire des cas chez les moins de 13 ans», indique notre interlocuteur.

D’après Elodie Permalloo, responsable de communication de l’association T1Diams, qui soutient les patients atteints du diabète de type 1, le diagnostic se fait souvent autour des 7-8 ans à monter. «Par an, on recense entre 10 à 20 cas détectés chez nous, soit un à deux par mois. On observe cela surtout au début ou en fin d’année», déclare-t-elle.

Quel type de diabète touche davantage les jeunes Mauriciens ? Majoritairement, poursuit l’endocrinologue, ce sont des diabétiques dits de type 2. D’après le NCD Survey de 2015, cette classification constituait 90 % des diabètes. La maladie touchait alors plus de femmes que d’hommes. Pendant longtemps, la détection se faisait surtout chez les adultes de la cinquantaine. Mais aujourd’hui, la maladie est également diagnostiquée chez des adolescents, selon le médecin.

Tout comme le diabète de type 1, d’après l’APSA. «Mais il y a aussi les types Maturity-Onset Diabetes of the Young (MODY) qui peuvent toucher les jeunes», ajoute-t-on au sein de l’organisation. Or, cette catégorie de diabète s’apparente à un diabète de type 2 (diabète de l’adulte) mais qui est développé dès l’enfance ou l’adolescence. Selon le médecin, les cas de MODY nécessitent une évaluation génétique qui peut s’avérer onéreuse.

Complications

Les jeunes risquent-ils d’être confrontés aux complications du diabète ? D’après le Dr Yovan Mahadeb, il est rare de constater des conséquences oculaires, rénales, cardiovasculaires ou des cas d’amputations à cet âge. La majorité d’entre elles dépendent de la durée d’évolution de la maladie. Cela dit, les rares complications des 20 à 30 ans se retrouvent surtout chez les diabétiques de type 1 comme la plupart d’entre eux sont diabétiques depuis la petite enfance, voire le début de l’adolescence.

La première cause, soit «l’insulino résistance», est liée entre autres, aux mauvaises habitudes alimentaires des enfants qui aujourd’hui mangent beaucoup trop gras, sucré et sont donc en surpoids. Un phénomène parallèlement associé à un manque d’exercice physique, observe l’APSA. «Ceci rend leur cas plus compliqué puisqu’ils l’ont depuis jeunes alors qu’ils sont en plein développement. Du coup, à 30-40 ans, ces patients auront déjà des complications du diabète que nous voyons aujourd’hui se refléter chez des personnes âgées entre 60 et 70 ans.»

De la danse pour la bonne cause

Afin de soutenir les diabétiques de type 1, l’association T1Diams organise deux journées de collecte. Ainsi, le samedi 28 novembre, de 10 à 16 heures à Space Fitness, à Beau-Bassin, plusieurs sessions de Zumba, de Belly Dancing et de danses urbaines, entre autres, sont prévues. Également, le dimanche 29 novembre, le Club Moving à Trianon poursuivra sur cette lancée avec de la zumba, du Bachata, de la salsa et du Hip Hop. Chaque séance sera d’une durée d’une heure. La contribution sera de Rs 150 par adulte et de Rs 100 par enfant par session. Pour plus d’informations, il faut se rendre sur la page Facebook de l’association.

Traitement et prévention : contrôle rigoureux exigé

«Pour ceux déjà atteints de la maladie, il est primordial de contrôler le taux de diabète car il existe une corrélation exponentielle entre la glycémie moyenne et le risque de cécité, d’insuffisance rénale ou d’amputations», indique le Dr Yovan Mahadeb. Il rappelle que le diabète de type 1 se traite essentiellement par insuline alors que celui de type 2 requiert l’utilisation des comprimés et/ou de l’insuline. Le plus important des traitements demeure les règles hygiéno-diététiques : du sport et bien manger. «Les médicaments ne font qu’une petite partie de la prise en charge. Un enfant dépense énormément d’énergie. Il faudrait couper tout ce qui est sucre raffiné, nourriture transformée, les «fast-food» et promouvoir l’activité physique au moins quatre fois par semaine», recommande l’APSA. Si une bonne hygiène alimentaire et le sport sont des prérequis pour lutter contre le surpoids, il incombe également d’éduquer les gens à consulter le plus rapidement possible en cas de signe de diabète (soif excessive non assouvie par la consommation d’eau en grande quantité, une perte de poids inexpliquée des infections récurrentes entre autres), déclare l’endocrinologue. «Si les diabétiques sont pris en charge et s’adaptent, cela leur inculquera les habitudes», affirme Elodie Permalloo. La représentante de T1Diams estime que l’éducation et les bons gestes à adopter pour apprendre à vivre avec la maladie doivent être inculqués dès le départ.

Nasthazia Pasnin, 22 ans : «Maintenant, j’apprends à vivre avec la maladie»

«Pour moi, c’était très difficile d’accepter le diabète, surtout la première année. Je ne prenais pas mon insuline. Je n’étais pas d’accord avec ça. Je pensais pouvoir prendre des médicaments et que cela passerait», confie Nasthazia Pasnin.

Cette habitante de Curepipe de 22 ans a découvert qu’elle était atteinte du diabète de type 1, il y a deux ans. Souffrant d’infections, elle consulte à l’époque un médecin privé qui lui prescrit un test de routine. Elle se rend donc à un laboratoire pour effectuer un examen sanguin. Malheureusement, celui-ci révèle un taux de glucose anormalement élevé. La jeune femme se rend alors à l’hôpital de Candos où elle est admise pendant cinq jours. «Mon taux de diabète était à 10. Le médecin m’a informée à ce moment, que j’avais le diabète de type 1. Cela a été un grand choc pour moi et pour mes parents. On m’a fait des piqûres pendant mon admission», poursuit-elle. Refusant la maladie, elle concède à effectuer un traitement d’un an, qui la rend davantage malade. Ce sera à l’issue de cette période que la jeune femme commencera son encadrement auprès de l’association T1Diams. «Cela m’a apporté un soutien moral pour les traitements. J’ai compris qu’il était obligatoire de faire des injections d’insuline», explique-t-elle.

Aujourd’hui, la jeune femme doit se faire quatre injections par jour. Celles-ci doivent précéder le petit-déjeuner, le déjeuner, le dîner et le coucher. «C’est beaucoup. C’est pour cela que je n’arrivais pas à l’accepter. Mais maintenant, j’apprends à vivre avec la maladie.» Davantage sensibilisée par l’association, car face à des bébés également atteints de diabète, Nasthazia Pasnin ne lâche pas son traitement. Elle effectue un suivi médical régulier à l’hôpital et reste vigilante sur son alimentation. La patiente s’adapte graduellement à sa maladie tout en se donnant pour objectif de trouver un travail. Car, depuis un an, elle est au chômage. «Je veux me spécialiser dans les écoles maternelles. Je débute les cours l’an prochain», conclut-elle.