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Fraudes: des millions de roupies détournées chez un fabricant de matériau de construction et une compagnie d’assurances

13 novembre 2020, 17:00

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Fraudes: des millions de roupies détournées chez un fabricant de matériau de construction et une compagnie d’assurances

Ces affaires sont actuellement investiguées par les limiers du CCID, les suspects déjà arrêtés. Dans le premier cas, un comptable d’une entreprise fabriquant des matériaux de construction prépare régulièrement des chèques tirés «cash» afin d’être signés par les directeurs. Ces chèques destinés à couvrir les frais généraux étaient d’un montant de Rs 4 000 et personne ne sait pour quelle raison fut choisi ce chiffre en particulier et qui l’a recommandé. Toujours est-il que si le comptable écrivait bien «4 000» en chiffre, il écrivait «For thousand» et non «Four Thousand» en lettres, le «u» rédigé de façon peu compréhensible, «For» se confondait avec «Four». 

Après la signature des chèques par les directeurs, non surpris par l’écriture illisible du comptable, ce dernier ne faisait qu’ajouter un zéro dans le chiffre et un «ty» après «For» ce qui donnait donc «Forty». D’autres fois, le comptable écrivait bien lisiblement «Four» mais ajoutait quand même un «ty» à la fin. L’employé de banque qui ne s’apercevait de rien, payait sans hésiter Rs 40 000 au comptable qui encaissait les chèques lui-même. Il faut dire que celui-ci s’était lié d’amitié avec les caissiers avec qui il engageait souvent la conversation, tactique pourtant connue dans le milieu bancaire où l’on se méfie normalement des clients bavards qui peuvent détourner l’attention ou diminuer la concentration des caissiers. Résultat de ces petites courses en banque : des millions ont été détournés. L’indélicat comptable a été interrogé, et ses aveux remis à la police. 

Quant à la compagnie victime, même si elle reconnaît la négligence des directeurs dans les cas où le comptable écrivait 4 orthographié «For», cette dernière veut engager la responsabilité de la banque qui payait les chèques présentés avec le chiffre 40 000 écrit «Fourty» au lieu de «Forty» en lettres. Considérant que, ne pas relever une telle faute d’orthographe est impardonnable pour un caissier. Il est vrai que nombre de clients payant par chèque commettent souvent l’erreur d’écrire «Fourty», et dans beaucoup de ces cas, les caissiers ferment les yeux sur cette erreur. 

Le deuxième cas concerne une compagnie d’assurances. Un comptable, toujours, présentait des chèques tirés au nom des clients qui touchaient leur prime d’assurance à la retraite. Jusqu’ici rien d’anormal, sauf que ce comptable, revenait le mois suivant pour faire signer un autre chèque établi au nom d’un bénéficiaire qui avait déjà perçu sa prime. Pour justifier le paiement, le comptable montrait le rapport sur lequel était inscrit le nom du bénéficiaire, nom que les directeurs n’avaient plus en mémoire quelques semaines après. Ces deuxièmes chèques (on ne sait s’il y en a eu d’autres) aux montants parfois de plus d’un million de roupies étaient alors encaissés par le comptable. Mais comment, puisque les chèques n’étaient pas des chèques cash, car établis au nom du véritable bénéficiaire ? Justement, on soupçonne cette fois-ci une complicité active de la banque car l’argent aurait été touché par nul autre que le comptable. 

À noter que grâce à ce subterfuge, ce dernier aurait délesté la compagnie d’assurances de Rs 21 millions. Il a ensuite été arrêté. Les directeurs qui ont signé aveuglément les chèques seront-ils inquiétés ? On ne le sait, car ces cas relèvent plus de l’abus de confiance, nous dit une source, les directeurs ne pouvant tout contrôler. Une modification des procédures en vue d’éviter ce genre de double déboursement aura sans doute lieu. 

Et comme dans la première affaire, les directeurs seront peut-être appelés à éviter de converser avec les comptables afin de se concentrer sur la signature des chèques, tâche qui ne doit pas s’apparenter à du «rubber-stamping», nous dit notre informateur. Si le directeur ne peut plus faire confiance à son comptable…