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Flambée des prix des matériaux: les constructeurs accablés

6 novembre 2020, 22:30

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Flambée des prix des matériaux: les constructeurs accablés

Au déconfinement, la demande pour les projets de construction a crû, avec la reprise des travaux stoppés en raison de la pandémie. Face à une offre qui devait redémarrer, une inflation couplée à une hausse des prix des matériaux sont survenues, constatent les promoteurs. 

Actuellement, indiquent Bhooshan Ramloll, Managing Director de RBRB Construction Ltd, et Gérard Uckoor, vice-président de l’Association des petits contracteurs, le ciment est le plus sensible à la majoration. Par extension, cette flambée de prix se répercute sur les briques, le fer, en particulier sur les structures métalliques des échafaudages, entre autres. Dépendant du matériel, la hausse est de 10 % à 21 %. 

Quelles sont les causes de cette augmentation ? «C’est un manque à gagner considérable. Avec le confinement, nous n’avions pas de stocks suffisants de matières premières. De plus, dans le monde entier, les frontières étaient fermées», explique Gérard Uckoor. 

Transit des bateaux par le Sri Lanka

De son côté, Sarvesh Harah, responsable des quincailleries Harah, observe une flambée des prix depuis l’appréciation du dollar et la réouverture de nos frontières. «La vente des matières premières a baissé d’environ 25 % à 30 %. Plusieurs Mauriciens ont perdu leur emploi et n’ont plus les moyens d’investir dans la construction. Aujourd’hui, on reste prudent dans les importations car la peur d’une seconde vague est toujours présente», affirme-t-il. 

Pour Bhooshan Ramloll, le fret maritime pèse très lourd. «Maintenant, les bateaux transportant le matériel de la Chine transitent par le Sri Lanka pour venir à Maurice. Comme nos autorités demandent une quarantaine en mer, les navires sont obligés de faire cet arrêt», constate-t-il. 

Avant, les navires en provenance de Chine arrivaient à Maurice en une douzaine de jours. Désormais, les transporteurs refusent de rester deux jours en mer pour la quarantaine. Ainsi, le détour par le Sri Lanka et le changement d’embarcation provoquent un retard de 40 jours pour mener le matériel à bon port. 

En sus de la Chine, les matières premières sont importées de Turquie et d’Afrique du Sud. En l’absence d’alternatives moins coûteuses, les constructeurs sont limités à ces fournisseurs. 

«On perd de l’argent» 

Résultat : la manutention et le transit font grimper les prix. Et ce ne sont pas des facteurs isolés. La disponibilité et le volume des matériaux font également défaut. Ceci entraîne alors une majoration de 10 % à 15 % sur leur prix, et, par ricochet, une hausse de 25 % à 50 % sur les coûts globaux sur les projets de construction. Peut-on alors passer ces frais additionnels sur la facturation aux initiateurs des projets de construction ? 

Pour les contrats publics, le coût n’est guère flexible. Par contre, pour certains contrats privés, la fluctuation dépend du projet et du client en question, explique-t-il. 

Comment absorber ces coûts ? «On est obligé de trouver d’autres moyens pour réduire les frais, notamment sur la performance peut-être. On perd de l’argent, c’est clair. Ces aléas se produisent de plus en plus souvent. Les augmentations deviennent imprévisibles», soutient-il. Il anticipe des augmentations futures des coûts, surtout dans l’éventualité d’un second confinement. 

Clause de majoration

Pour Gérard Uckoor, il est difficile de varier les coûts auprès des clients. «On ne peut pas baisser d’autres frais, comme pour le personnel. Par exemple, si pour un maçon on lui donne Rs 1 200 par jour, on essaie de le maintenir. La compagnie doit absorber ces pertes», déclare-t-il. Pour pallier les futures majorations, une clause en ce sens doit être incluse dans les contrats de construction des gros projets. 

Pour sa part, Sarvesh Harah est vigilant sur les importations, privilégiant ce processus en petits volumes.

 

 

Nouveaux prix

<p>En janvier 2020, le sac&nbsp;de 25 kg de ciment coûtait entre Rs 130 et Rs 135, indique Sarvesh Harah. Ce mois-ci, ce matériau avoisine les Rs 140 à Rs 145. Quant aux briques de construction, si l&rsquo;unité était vendue à Rs 23,50 en début d&rsquo;année, en novembre 2020, le coût est de Rs 25,50 en quincaillerie. La barre de fer passe désormais à Rs 115, contre Rs 105 en janvier dernier. Le <em>&laquo;rocksand&raquo;</em> et le macadam coûtent également plus chers, avec une hausse de Rs 100 par tonne.</p>