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Harcèlement sexuel à Air Mauritius: un manager disculpé

2 novembre 2020, 17:30

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Harcèlement sexuel à Air Mauritius: un manager disculpé

Il était accusé à tort d’avoir fait des commentaires sexistes et d’avoir harcelé sa collègue de la compagnie d’aviation nationale. Toutefois, l’accusation formelle de harcèlement sexuel en vertu des articles 21 (3) et 39 de la Sex Discrimination Act a été rayée le 28 octobre en cour intermédiaire.

Chandraprakash Luchoomun, employé d’Air Mauritius, était poursuivi pour s’être engagé dans une conduite indésirable de nature sexuelle envers une autre employée en 2009. Selon la plaignante, elle avait rejoint l’équipe du Cargo Shed d’Air Mauritius et elle devait rendre des comptes de son travail à son manager, en l’occurrence Chandraprakash Luchoomun. 

Étant donné qu’ils occupaient le même bureau, la femme devait alléguer que l’accusé lui faisait des remarques à connotation sexuelle ou même sur son corps. «Li ti commence dir moi mo p grossi par … et par … et des fois li appel moi pu get ban zimage pornographiques lor so laptop,» avait-elle allégué dans ses dépositions à la police. Elle était allée plus loin pour dénoncer son supérieur hiérarchique en affirmant que le manager lui aurait même proposé de lui acheter des sous-vêtements tout en lui demandant la couleur qu’elle préférait.

Se sentant humiliée et embarrassée, elle dit s’être murée dans le silence vu qu’elle ne voulait pas perdre son tout premier emploi.

Or, l’accusé qui a nié les allégations raconte une toute autre version. «Je recevais des courriels dont le contenu avait des images à titre  pornographiques sur mon ordinateur portable et j’ai rapporté cette affaire au département informatique», raconte-t-il.

Il avait été convoqué à une réunion où il devait fournir des explications quant au mauvais traitement infligé à la femme. «J’ai par la suite été informé qu’elle serait transférée à un autre bureau… D’ailleurs, j’avais aussi eu l’information comme quoi elle devait m’impliquer dans une affaire de harcèlement sexuel et j’ai déposé une mesure de précaution auprès de la police de Plaine-Magnien le 30 avril 2009», poursuit l’accusé. Ce dernier explique que de coutume, il avait l’habitude de faire des bisous à la femme ou même à la mère et à la sœur de la présumée victime lors des rencontres familiales.

Chandraprakash Luchoomun avait fait l’objet d’une convocation devant un comité disciplinaire pour s’expliquer sur les allégations de mauvais traitement le 24 mai de la même année avant d’être placé en état d’arrestation.

Or, la magistrate Meenakshi Gayan-Jaulimsing estime, après avoir écouté les versions des deux parties, que celle de la victime contient des incohérences. Cela, étant donné qu'elle a dit entretenir une relation très cordiale et amicale avec l’accusé entre 2005 et 2009 mais a rapporté son chef pour attitude arrogante.

Confrontée aux procès-verbaux du comité disciplinaire où elle devait concéder avoir envoyé un cadeau à l’accusé pour son anniversaire et qu’elle l’avait même accompagné pour le 40e anniversaire d’Air Mauritius.

«Je conclus que si l'accusé a agi comme elle l'a décrit à la police, on peut difficilement dire que la relation est cordiale. Des incohérences ont été soulevées entre sa déposition à la police et celle en cour,» observe la magistrate. Celle-ci ajoute : «Sa version ne peut pas tenir car elle a dit que l'accusé lui avait montré la première page du courriel où elle ne pouvait lire le nom de l'expéditeur alors que la photo pornographique était en pièce jointe.»

La femme qui a dit être à son premier emploi a également menti car elle a déjà travaillé dans une autre compagnie avant de joindre à l’équipe d’Air Mauritius. Des relevés téléphoniques ont démontré que les deux ont eu des conversations au téléphone. Et, confrontée une fois de plus aux faits, la femme a dit avoir oublié son numéro de téléphone.

Pour toutes ces raisons, la magistrate est d’avis que l’accusé ne peut être condamné.