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Pour la Toussaint, les catholiques de Nice prient pour leurs «trois martyrs»

1 novembre 2020, 07:51

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Pour la Toussaint, les catholiques de Nice prient pour leurs «trois martyrs»

Trois jours après l’attaque meurtrière dans l’une de leurs églises, les catholiques de Nice se recueillent dimanche sous haute surveillance pour les fêtes de la Toussaint avec une prière particulière pour leur trois «martyrs».

«Je pense qu’il faut rester fort, il ne faut pas avoir peur, il faut qu’on s’affirme en tant que chrétiens et ne pas laisser passer ce genre de choses. Se cacher n’est pas la solution», confie à l’AFP Hubert Sirvent, un Niçois qui ira à la messe.

Le déploiement des forces de sécurité a été renforcé dans toute la France, placée en vigilance maximale attentats, notamment autour des églises.

Encourageant les fidèles à se rendre aux messes, le maire de Nice Christian Estrosi assistera à une cérémonie de recueillement dimanche soir dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption.

C’est dans cette église du centre-ville qu’a eu lieu l’attentat qualifié de «terroriste islamiste» par le président français Emmanuel Macron et condamné par la communauté internationale.

L’assaillant présumé, un Tunisien de 21 ans, qui venait d’arriver en France, a été arrêté et blessé par balle par les policiers municipaux qu’il avait menaçés en criant +Allah Akbar+ (Dieu est le plus grand).

Ses victimes étaient des fidèles, Vincent Loques, le sacristain, Nadine Devillers, 60 ans et Simone Barreto Silva, un Brésilienne de 44 ans résidant en France.

Catholique pratiquante, Manuella Fournier médecin chef de service au CHU de Nice, a prévu d’aller à la messe dimanche en mémoire de ses parents.

La Toussaint, parmi les principales fêtes catholiques, célèbre chaque 1er novembre les saints connus ou inconnus. Le lendemain, les prières s’adressent aux défunts à qui l’on rend visite au cimetière.

«Rester debout»

Cette année, Manuella Fournier aura des «prières spéciales» pour «les trois martyrs» décédés jeudi dans sa paroisse.

«Samedi dernier j’étais à la messe et le sacristain était là, comme chaque fois», se souvient cette médecin, les yeux encore rougis par les larmes.

Malgré la propagation du Covid-19 qui a conduit au reconfinement des Français, les cultes ont obtenu auprès des pouvoirs publics une dérogation jusqu’à lundi inclus après quoi les messes avec public seront suspendues pendant un mois.

«Il faut pouvoir donner le signal à d’autres que nous restons debout! Notre liberté d’expression c’est justement notre liberté d’ouvrir nos églises où nous proclamons que notre foi est un message d’amour», a insisté l’évêque de Nice, Mgr André Marceau dans une interview samedi à Nice-Matin.

Tout en appelant les musulmans à «prendre des mesures» contre l’extrémisme, il a affirmé ne pas «être Charlie», en référence à l’hebdomdaire satirique qui avait publié les caricatures de Mahomet.

D’autres évêques en France se sont interrogés sur l’usage de ces dessins et les limites de la liberté d’expression.

Après la décapitation mi-octobre d’un professeur de collège de la région parisienne qui avait montré ces dessins à ses élèves lors d’un cours sur la liberté d’expression, Emmanuel Macron avait souligné que la France ne «renoncerait pas aux caricatures», suscitant des manifestations et des appels au boycott des produits français dans certains pays musulmans.

Samedi, le chef de l’Etat a tenté dans un entretien à la chaîne qatarie Al-Jazeera d’apaiser la situation en disant comprendre que des musulmans puissent être «choqués» par ces caricatures, mais qu’elles ne justifiaient pas la violence.

Le Premier ministre Jean Castex a de son côté souligné «l’entière détermination du gouvernement pour permettre à tous et à chacun de pratiquer son culte en toute sécurité et en toute liberté» après qu’un prêtre orthodoxe a été blessé samedi par balles devant son église, pour des raisons encore inconnues.

«Notre détermination ne faiblira pas», a poursuivi M. Castex, en déplacement à Saint-Etienne-du-Rouvray où le père Hamel a été assassiné par des jihadistes en 2016.

A Nice, l’enquête se poursuit pour déterminer notamment si l’assaillant, Brahim Issaoui, a bénéficié de complicités. Quatre hommes soupçonnés de l’avoir côtoyé ont été placés en garde à vue. Le dernier un ressortissant tunisien de 29 ans a été interpellé samedi à Grasse (Alpes-Maritimes).

Le chef du gouvernement tunisien Hichem Mechichi a appelé ses ministres de l’Intérieur et de la Justice à coopérer pleinement avec les autorités françaises dans l’enquête.