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Pandémie: l'aéroport d'Heathrow perd sa place de numéro un en Europe au profit de Roissy

28 octobre 2020, 19:27

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Pandémie: l'aéroport d'Heathrow perd sa place de numéro un en Europe au profit de Roissy

L'aéroport londonien d'Heathrow a annoncé ce mercredi 28 octobre, avoir perdu pour la première fois sa place de numéro un en Europe en raison du choc de la pandémie, au profit de l'aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle.

Si tout le secteur souffre de la pandémie, le britannique est particulièrement pénalisé par la quarantaine imposée par le Royaume-Uni aux passagers en provenance de nombreux pays, ainsi que par la mise en place de tests sanitaires chez ses concurrents.

L'aéroport a subi une perte avant impôt de 1,5 milliard de livres au cours des neuf premiers mois de l'année, avec un chiffre d'affaires qui a fondu de 60% à 951 millions de livres.

Au total, 19 millions de passagers ont fréquenté l'aéroport sur la période, contre 61 millions sur les neuf premiers mois de 2019.

C'est légèrement moins que les 19,27 millions enregistrés pour Roissy, et tout juste au-dessus d'Amsterdam Schiphol (17,6 millions) et de Francfort (16,16 millions), selon des chiffres partagés par l'aéroport londonien.

Pour l'ensemble de 2020, Heathrow s'attend à transporter 22,6 millions de passagers, et 37,1 millions en 2021, très loin de ses prévisions d'avant la crise sanitaire.

L'aéroport a lancé un programme d'économies, en réduisant de 300 millions de livres ses coûts, notamment via des suppressions de postes, et en faisant une pause dans des projets d'investissement d'un montant total de 650 millions de livres.

Il a également renforcé ses finances, si bien qu'il dispose d'une trésorerie de 4,5 milliards de livres et peut tenir 12 mois même sans chiffre d'affaires.

Pour le syndicat Unite, Heathrow devrait surtout puiser dans cet argent «pour protéger les emplois», accusant l'aéroport d'être surtout généreux envers ses actionnaires, dont le Qatar, et ses hauts responsables. 

«Le Royaume-Uni est à la traîne parce que nous avons été trop lents à adopter les tests pour les passagers. Les responsables européens ont agi plus vite et leurs économies en profitent», souligne quant à lui John Holland-Kaye, le patron d'Heathrow.

L'aéroport espère toutefois pouvoir bénéficier de la promesse du gouvernement britannique d'introduire d'ici le 1er décembre un test pour les arrivées internationales.

Faillites en cascade ?

Ce dispositif, qui ne convainc pas les compagnies aériennes, doit permettre de réduire de 14 jours à une semaine la période de quarantaine imposée par le Royaume-Uni à l'encontre de nombreux pays.

Le patron d'Heathrow espère surtout que des tests rapides soient mis en place au départ avant de prendre le vol, ce qu'a également appelé de ses vœux le nouveau directeur général de British Airways Sean Doyle, seul moyen selon lui d'assurer la survie du secteur.

Heathrow a déjà mis en place des tests sanitaires payants pour les voyageurs vers Hong Kong et l'Italie. Le type de test proposé n'est toutefois pas accepté dans tous les pays à l'arrivée.

L'aéroport londonien, situé à l'ouest de la capitale britannique, était avant la crise sanitaire le numéro un incontesté en Europe et l'un des hubs mondiaux, avec une large clientèle touristique ou d'affaires.

Ce contexte et des revers juridiques l'ont poussé à retarder d'au moins deux ans la construction d'une troisième piste, dont les travaux devaient en principe débuter en 2022 et durer quatre ans.

La Cour suprême britannique doit elle se prononcer d'ici début 2021 sur un recours d'Heathrow après une décision de justice qui avait retoqué le projet pour des raisons environnementales.

La pandémie a porté un coup très dur à l'ensemble du secteur aérien, qui souffre tout particulièrement au Royaume-Uni, avec un effondrement du trafic et des suppressions d'emplois massives.

L'organisation d'aéroports ACI Europe a mis en garde mardi contre le risque d'insolvabilité de  près de 200 aéroports régionaux européens dans les prochains mois, voire de fermetures si le nombre de passagers continue à baisser d'ici à la fin de l'année. 

En septembre, le trafic des aéroports européens était en baisse de 73% en moyenne par rapport à la même période l'an dernier et de 75% à la mi-octobre, selon elle.