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Dr Uvarajen Paratian: «Le gouvernement de Maurice peut tirer profit du cannabis thérapeutique»

28 octobre 2020, 17:07

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Dr Uvarajen Paratian: «Le gouvernement de Maurice peut tirer profit du cannabis thérapeutique»

Après avoir un jeté un regard sur l’opportunité économique et sanitaire du cannabis thérapeutique pour La Réunion sur Réunion 1ère, le Dr Uvarajen Paratian, médecin généraliste et professionnel de la psychiatrie générale, addictologie et hypnose thérapeutique consacre une reflexion axée cette fois sur Maurice, son île natale.

D’ici mars 2021, 3 000 patients feront des essais cliniques sur le cannabis thérapeutique en France. C’est ce que vous avez dit dans l’émission «On s’explique » sur Réunion la 1ère, le 26 octobre. Pourquoi favoriser le cannabis thérapeutique ? 
Je suis anti-big pharma car les dégâts de certains médicaments peuvent être notoires. Et je suis pour le cannabis thérapeutique. Qui dit cela, dit dépénalisation. L’État français a décidé que les essais se feront sur cinq maladies, dont l’épilepsie, le cancer, la sclérose en plaques et les maladies donnant des spasmes des muscles (AVC, neuropathies diabétiques). En fait, le cannabis thérapeutique peut aider au niveau de 41 maladies. 

Pendant six mois, il y aura la formation des professionnels qui prescriront les médicaments. L’évaluation se fera sur deux ans gratuitement après la sélection des malades, y compris de La Réunion. Il y a 35 pays sur 53 où l’ONU (la Commission on Narcotic Drugs des Nations unies) ou plutôt l’OMS donnera sa bénédiction à cet escient le 4 décembre 2020. 

Revenons à la dépénalisation. En quoi doitelle consister ?
Il faut déjà définir la dépénalisation et la distinguer de la libéralisation. La libéralisation implique que c’est en vente partout comme du café, des cigarettes, l’alcool, les jeux. Ce sont aussi des drogues, je dirai, dans la légalité. En revanche, la dépénalisation doit considérer plusieurs aspects. Par exemple, lorsqu’une personne est arrêtée avec quelques «pouliahs» de cannabis sur elle, on ne doit pas l’emprisonner. D’ailleurs, elle en ressortira avec de l’hépatite B ou C et autres complications. Je suis pour une approche éducative et non punitive. Que le consommateur reste chez lui et n’aille pas prendre le volant ou d’autres risques. Dépénaliser commence par cela… la Responsabilisation. 

Que doit faire Maurice ? 
Il faut démystifier le cannabis thérapeutique. Premièrement, il y a le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol ou chanvre (CBD) et 80 autres molécules. Les gens qui fument du cannabis recherchent le taux le plus élevé en THC avec son action psychoactive qui fait planer, etc. Le CBD possède, lui, des effets médicaux, donc des vertus thérapeutiques. On ne dit pas aux gens de s’y adonner à tous les coins de rue. 

Pour Maurice, je pense que les médicaments français pourraient être utilisés. Pourquoi faire payer les voyages, visas, hôtels, etc., alors qu’ils pourraient en bénéficier localement si c’est bien contrôlé ? Le gouvernement peut tirer profit de cet état des choses, du cannabis thérapeutique. Je reçois beaucoup de patients mauriciens qui se déplacent à La Réunion pour divers troubles à traiter. Un pays qui réussit ne se mesure pas qu’à son économie. Son système de santé doit être à la hauteur. Il doit être privilégié. Ce n’est pas le cas actuellement mais on peut le faire à Maurice.