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En marge des élections: escapade dans les villages

21 octobre 2020, 10:16

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En marge des élections: escapade dans les villages

Les adultes dont les noms figurent sur le registre électoral et qui résident dans les villages du pays, sont appelés à aller voter pour leurs représentants le 22 novembre. Mais que connais-tu des villages de Maurice ? Certains noms intriguent comme Quatre-Soeurs et Deux-Frères. Derrière chaque lieu se cache une histoire et des bâtiments à visiter. Alors, prends vite ton sac à dos et suisnous pour cette «balad dan vilaz».

Ce qu’il te faut savoir 

Avant de commencer, faisons un petit cours de géographie. Maurice est divisé en neuf districts. Ces districts comprennent la capitale, Port-Louis, et quatre villes, à savoir Curepipe, Quatre-Bornes, Vacoas/Phoenix, Beau-Bassin/Rose-Hill et tiens-toi bien… 130 villages ! Et oui ! Au final, nous serions plus nombreux à vivre dans les villages que dans les villes. À Maurice, les noms sont donnés aux lieux en fonction de personnages célèbres, ou encore d’endroits se trouvant à l’étranger, – n’oublie pas que nous sommes tous venus d’ailleurs –, ou ils sont tout simplement nommés après des plantes. 

Pamplemousses et son Arsenal 

Notre voyage débute dans le Nord du pays. Nous déposons nos sacs à dos à Arsenal. Ce village du district de Pamplemousses comprend près de 3 000 habitants. Situé au bord de la rivière Tombeau, il est constitué de plusieurs localités dont Balaclava. Ce village tient son nom d’un petit arsenal, soit un établissement militaire, construit par les Français en 1774. Toutefois, quelques mois après sa construction, une explosion est survenue, occasionnant la mort de plusieurs esclaves. À Balaclava, tu peux encore admirer les ruines de l’arsenal naval des Français. Et puisque tu es dans le district de Pamplemousses, une escale s’impose au jardin botanique Sir Seewoosagur Ramgoolam, qui est l’un des plus beaux sites de Maurice. Savais-tu qu’il a été aménagé par le botaniste français, Pierre Poivre, en 1770 ? Ce jardin abrite également le Château de Mont Plaisir, un monument historique, construit en 1823, par le Général Darling pour y loger le surintendant du jardin. 

Le Jardin de Pamplemousses a été aménagé en 1770.

Poudre d’Or : village de Paul et Virginie 

Après Pamplemousses, faisons maintenant route vers Rivière-du-Rempart. Ce district, situé au Nord-Est du pays, comprend plusieurs villages dont certains historiques, à l’instar de Poudred’Or. Ce serait en 1734 que le nom de ce village est révélé sur un document attestant de la capture d’esclaves fugitifs. Au 18e siècle, Poudre-d’Or est le chef-lieu du district du Nord, c’est-à-dire qu’il fait alors partie des villages les plus importants de l’île. Les Français y plantent le coton-t le girofle. Ces cultures ont été remplacées par la suite par la canne à sucre. Ce village attire chaque année de nombreux visiteurs grâce à ses monuments historiques. Il se raconte que le naufrage du légendaire navire Le Saint-Géran a eu lieu sur les côtes de Poudre-d’Or, dans la nuit du 17 au 18 août 1944. C’est lors de ce naufrage que Virginie, ayant quitté la France pour gagner Maurice et rejoindre son amoureux Paul, aurait péri. Tu peux y admirer un monument dédié à ces amoureux, immortalisés par l’auteur Bernardin de Saint-Pierre. Outre, l’histoire de Paul et Virginie, Poudred’Or comporte également l’église de Sainte-Philomène. Construite en pierres basaltiques, son inauguration a eu lieu en 1848, en présence du Père Laval. L’autre bâtiment historique que comprend Poudre-d’Or est un hôpital. Construit en 1864, et dirigé par les soeurs du Bon et Perpétuel Secours, il était destiné au traitement de la tuberculose. Le village de Poudre d’Or n’est pas à être confondu avec celui de Poudre-d’Or Hamlet. S’ils ne sont pas éloignés l’un de l’autre, Poudre d’Or se trouve en bord de mer alors que Poudre-d’Or Hamlet est un peu plus à l’intérieur des terres. 

Ce monument à la mémoire de Paul et de Virginie se trouve à Poudre-d’Or.

L’Est et ses villages en chiffres 

As-tu déjà entendu parler de Quatre-Cocos, Quatre-Soeurs ou encore Deux-Frères ? Ce sont tous des noms de villages, qui se situent à l’Est du pays. Mais d’où proviennent ces noms ? Pour la petite histoire, à l’époque hollandaise, le village de Quatre-Cocos s’appelait Kroonen-Bourg. Difficile à prononcer ? Il signifie tout simplement le Cap de la Couronne. Plus tard, les Français l’appelèrent la Pointe de Quatre-Cocos. Et l’un des notables de la localité n’était autre qu’Adrien d’Epinay, le fondateur du premier journal indépendant de l’Île, Le Cernéen. Deux-Frères et Quatre-Soeurs sont également des villages côtiers. Bien souvent pour se déplacer, les villageois utilisent le bateau. Les noms de ces deux villages proviendraient d’une histoire de famille. Dans les années 1800, il existait, dans cette localité, un établissement sucrier appartenant à la famille Chéron. Et ses héritiers étaient quatre soeurs et deux frères. C’est ainsi qu’on nomma ces villages en leur honneur. 

Grand-Port : lieu historique 

Le district de Grand-Port n’est pas devenu célèbre à cause du naufrage du vraquier MV Wakashio, cette année. En effet, ce district regorge de villages et de bâtiments historiques. À Beau-Vallon, tu peux admirer, de loin, le Château de Riche-en-Eau. Un lieu inscrit sur la liste du patrimoine national. Il a été démonté puis remonté à son emplacement actuel vers 1890. À l’origine, ce château était entouré de huit bassins creusés par des hommes. Si le château n’est pas accessible au public, ses jardins, à la française, sont ouverts deux fois l’an. A Mahébourg, tu peux encore admirer le lavoir, qui date de 1770. Construit en pierres taillées, il servait à laver les uniformes des soldats français et anglais. Le Musée Naval de Mahébourg est également un lieu, qui te permettra de mieux comprendre le passé de Maurice. Tu y découvriras des canons, ainsi que des instruments que les marins utilisaient autrefois. Grand-Port, c’est aussi et surtout Vieux Grand-Port, soit le premier port de Maurice où les Hollandais ont mis pied à terre. En 1810, Vieux Grand-Port, est devenu le lieu d’une bataille historique entre Français et Anglais. Aujourd’hui encore, ce village, à travers ses vestiges, nous rappelle notre passé colonial. 

Savanne : entre hier et aujourd’hui 

Surinam, Souillac, Tyack, Rivière-des-Anguilles, Rivière du Poste ou encore Saint Aubin, font partie du district de Savanne. Situés au Sud du pays, ces villages conservent, encore aujourd’hui, leur authenticité et leur passé historique. Ainsi, les postes de police de Tyack, de Trou-Fanfaron et de Souillac sont des patrimoines nationaux. Au XVIIIe siècle, le bâtiment, qui abrite aujourd’hui le poste de police à Souillac, servait de logement aux esclaves des propriétés sucrières des alentours. Juste avant d’arriver à Rivière-des-Anguilles, entre Camp-Diable et Batimarais, tu peux t’arrêter dans le hameau de Château Bénarès, ce patrimoine, qui semble-t-il, tombe dans l’oubli. Construit par Sir Virgil Naz en 1863, ce château était, à l’époque, l’un des plus beaux de Maurice. Si son bel escalier en pierres taillées subsiste encore aujourd’hui, le château, tel qu’il était autrefois, n’existe plus. Après le Château Bénarès, rendons-nous à Saint Aubin. Ce village du Sud abrite le Domaine de Saint Aubin. Ce domaine sucrier date de 1819. Tu peux encore y voir aujourd’hui une belle demeure coloniale. Cette maison, en bois et pierre, a été démontée et reconstruite à l’identique sur son emplacement actuel en 1970. 

Rivière-Noire : lieu de mémoire 

Notre visite se termine à Rivière-Noire dans l’Ouest du pays. Ce district est marqué par le souvenir de l’esclavage dont l’emblème est la montagne du Morne Brabant, là où, diton, des esclaves marron se seraient jetés dans le vide en voulant échapper, une nouvelle fois, à la servilité. Cette montagne a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008. Rivière-Noire c’est aussi ses salines. Si on ne voit plus les travailleurs à l’oeuvre dans ces salines, qui servaient à produire du sel de mer, elles restent, cependant, un héritage de notre patrimoine. Les Salines de Rivière-Noire ont ainsi été créées en 1907 par la société SKF et Cie. D’autres salines virent ensuite le jour dans le sudouest du pays. La saliculture a, pendant des décennies, été un facteur de développement sur cette côte.