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Prix Nobel: l’économie boucle une saison très féminine

12 octobre 2020, 11:34

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Prix Nobel: l’économie boucle une saison très féminine

Inégalités, psychologie économique, vente aux enchères, santé ou marché du travail? Le prix d’économie boucle lundi une saison 2020 des Nobel très féminine, avec déjà quatre lauréates couronnées en sciences et en littérature.

Le dernier-né des Nobel, officiellement «prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel», décerné pour la première fois en 1969, doit être attribué vers 11H45 (09h45 GMT) à Stockholm.

Après avoir récompensé en 2019 la Franco-américaine Esther Duflo et les Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde, plusieurs noms circulent dans les médias et les milieux universitaires.

L’Américaine Claudia Goldin, qui a travaillé sur les inégalités et le rôle des femmes dans l’économie, pourrait devenir la -seulement- troisième lauréate du prestigieux prix, au même titre que sa compatriote Anne Krueger, ancienne numéro 2 (et brièvement dirigeante) du Fonds monétaire international, spécialiste des rentes et militante du libre-échange.

Si une femme l’emportait lundi, 2020 égalerait le record de 2009 de cinq lauréates en un millésime. Le nombre de lauréates a nettement augmenté depuis le début du XXIe siècle, mais elles ne représentent encore qu’une médaille Nobel sur 20 environ depuis 1901.

Domination américaine

L’économie a été jusqu’ici le Nobel où le profil du futur lauréat était le plus facile à deviner: un homme âgé de plus de 55 ans, de nationalité américaine. Ces 20 dernières années, les trois quarts d’entre eux correspondaient à cette description. L’âge moyen des lauréats dépasse les 65 ans, le plus élevé parmi les six prix décernés.

De nouveau cité parmi les favoris: l’Américain Paul Milgrom, 72 ans, associé à son compatriote Robert Wilson, 83 ans, pour leur théorie sur l’optimisation des ventes aux enchères, notamment utilisée dans l’attribution des fréquences télécom, comme la 5G.

L’Américano-israélien Joshua Angrist, professeur au MIT aux Etats-Unis, tient également la corde pour son oeuvre largement expérimentale, qui a notamment éclairé le lien entre durée d’études et revenus ou encore taille des classes et réussite scolaire. D’autres pionniers des «expériences naturelles», comme le Canadien David Card, pourraient lui être associés.

L’Israélien Elhanan Helpman et l’Américain Gene Grossman, spécialistes du commerce international, sont aussi cités.

En pleine pandémie de Covid-19, les chances des économistes de la santé pourraient aussi augmenter, à l’image du prix 2020 de médecine, remis pour la première fois depuis douze ans à des virologues, en l’occurrence des découvreurs de l’hépatite C.

«Cela semble plus pertinent que jamais», relève le professeur suédois d’économie Micael Dahlén. L’Américain Paul Slovic, spécialiste de la psychologie du risque, «pourrait être un bon profil, pour son travail sur comment nous valorisons les vies humaines», pronostique-t-il.

D’autres pionniers ayant insufflé de la psychologie dans la recherche économique, comme les Américains Matthew Rabin ou Colin Camerer ou encore le Suisso-autrichien Ernst Fehr, sont jugés nobélisables.

Côté français, les noms de Thomas Piketty ou d’Olivier Blanchard ont été cités pour devenir le cinquième lauréat tricolore.

Discipline controversée

Même s’il est la récompense la plus prestigieuse pour un chercheur en économie, le prix n’a pas acquis le même statut que les disciplines choisies par Alfred Nobel dans son testament fondateur (médecine, physique, chimie, paix et littérature), ses détracteurs le raillant comme un «faux Nobel» sur-représentant les économistes orthodoxes et libéraux.

Le prix viendra clore une saison Nobel marquée vendredi par le prix de la paix du Programme alimentaire mondial, organe onusien de lutte contre la faim.

Jeudi, la poète américaine Louise Glück avait décroché la littérature. Outre l’Américaine Andrea Ghez, colauréate en physique mardi, deux femmes sont entrées dans l’histoire des Nobel pour leur découverte des «ciseaux génétiques»: la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna sont devenues le premier duo 100% féminin à remporter un Nobel scientifique.

Les lauréats, qui se partagent près d’un million d’euros pour chaque discipline, recevront cette année leur prix dans leur pays de résidence, pour cause de coronavirus.