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Covid-19: les méfaits du matraquage psychologique

2 octobre 2020, 11:47

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Covid-19: les méfaits du matraquage psychologique

Face au matraquage amplifié sur la menace du virus et aux théories du complot entourant l’élaboration d’un vaccin, est-on en train de tétaniser la population, alors que d’autres causes entraînent la mortalité ? Ou est-ce un appel à rester vigilant ?

En termes de communication, la hantise du Covid-19 est-elle trop projetée au premier plan ? Car le discours étatique évoquant la situation «catastrophique» en cas de résurgence locale du virus le 26 septembre ainsi que la «panique» associée à l’économie mondiale, le décompte macabre des morts et le vocabulaire guerrier contre un «ennemi invisible», analysés par Dominique Wolton, directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans l’express en juillet, constituent tout aussi matière à interrogation.

Pourquoi ce matraquage psychologique incitant à croire que le Covid-19 aura raison de tous, surtout maintenant, suivant la réouverture des frontières hier ? «Je ne dirais pas que c’est pour faire peur aux gens mais plutôt pour alerter sur la vigilance des gestes sanitaires. Les gens croient qu’on a déjà vaincu le Covid-19 mais si ce virus nous échappe et s’infiltre au sein de la population, on créera une nouvelle vague», affirme Laurent Musango. Mais est-ce à l’excès puisque les cas positifs importés actuellement détectés démontrent que les patients sont asymptomatiques ?

Notre interlocuteur affirme que le virus demeure une pandémie mondiale pour le moment. Cependant, l’OMS «recommande aussi de soigner d’autres maladies». Pour lui, il ne faut pas que les gens se focalisent que sur le virus et oublient le renforcement du système et les soins des autres maladies existantes. «Il faut que les choses fonctionnent normalement.»

Justement sur cette question, Rajesh Jeetah précise que déjà hors Covid-19, les hôpitaux avaient du mal à gérer la situation régulière. Le manque de personnel médical et de ressources ne date pas d’hier. Puis, c’est vers l’hôpital ENT que seront canalisés les nouveaux cas positifs détectés en quarantaine. Cela risque-t-il de peser encore plus sur le système de santé ?

«Le Covid-19 a fait déjà un million de décès et plusieurs millions de cas positifs dans le monde. Faisons un calcul. Il n’y aura pas 100 % de pertes de vie. Cependant, il y en aura une proportion car l’État ne s’est pas préparé. Si ce virus se répand, tout le système sera bloqué. A-t-on tous les matériaux ? Maîtrise-t-on toute la technologie des respirateurs ? Car sans expertise et mal utilisé, on peut tuer quelqu’un», fait valoir l’ancien ministre de la Santé.

Pour le Dr Catherine Gaud, on ne peut prédire l’avenir comme le virus n’a pas muté selon les dernières recherches. «Nos patients sont asymptomatiques : on s’en réjouit. Cela ne veut pas dire que tous le seront. Ce virus tue encore beaucoup de gens. Dans certains pays, il a touché les plus jeunes qui ont hélas propag é la maladie aux plus âgés. Il faut toujours rester vigilant. Mais il ne faut pas non plus dire que c’est une catastrophe pour tout le monde. Si certains ont une déficience immunitaire, ils peuvent être davantage affectés», explique-t-elle.

Quant au Dr Zouberr Joomaye, il soutient que le rôle des autorités est de maintenir la prise de conscience sur la maladie. «Un équilibre est à trouver entre le maintien de la conscientisation chez les Mauriciens et ne pas créer de psychose. On donne des informations et impose la quarantaine pour que le virus ne franchisse pas la barrière entre les patients et la communauté mauricienne», confie-t-il.

L’objectif de cette communication ne serait pas mal intentionné, répond Russhid Golamaully. L’idée étant de cibler et protéger les masses. «La peur peut être une stratégie, mais il ne faut pas que cela déborde sur la phobie. Les Mauriciens doivent pouvoir vivre et respirer tandis que l’État, élu par le peuple, continue à assurer la sécurité sanitaire», estime-t-il.

Il n’y a pas que le Covid-19 qui tue…

Puisque d’autres maladies avec des enjeux urgents causent également la mortalité à Maurice, ne faut-il pas s’y attarder et investir à long terme plutôt que d’axer sur les mesures palliatives ? Ainsi, les Mauriciens auraient de quoi se nourrir et seraient plus armés contre les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, le cancer et autres maladies qui les déciment au quotidien. On connaît bien l’adage : il vaut mieux prévenir que guérir. Il faut donc y investir pleinement, souligne Russhid Golamaully. Le représentant de l’OMS à Maurice Laurent Musango pense, pour sa part, que de tels investissements contribuent également au produit intérieur brut du pays. «J’encourage cela, surtout le renforcement du système pour que les gens soient en bonne santé», avance-t-il.

D’ailleurs, poursuit le président de la Senior and other Nursing Staff Association, cela sera bien plus bénéfique à long terme à la population mauricienne. «Ainsi, elle pourra éviter des maladies cardiaques, principales causes de mortalité à Maurice, le diabète, l’hypertension, etc. L’État dépense massivement pour des opérations cardiaques, d’autant que les soins sont gratuits dans le secteur public», constate-t-il. D’où l’urgence que les autorités s’y attellent. D’après les statistiques nationales, en 2018, 2 080 sur 3 694 décès associés au système circulatoire étaient causés par les maladies cardiovasculaires.

Rajesh Jeetah est tout aussi formel sur la question. «On avait commencé par la prévention avec la caravane de la santé. Il faut laisser travailler les professionnels, former les gens et surtout ne pas nommer n’importe qui au sein des organismes, surtout pas à la Santé», rétorque-t-il. Zouberr Joomaye ajoute que 10 % de notre budget est investi dans la santé et que ce domaine ainsi que celui de l’éducation restent prioritaires pour l’État. De par l’évolution de la médecine, on doit «toujours améliorer le système». Malheureusement, constate le Dr Patrick How, le Covid-19 est toujours un virus mortel et nécessite que les Mauriciens respectent les consignes sanitaires à la lettre. Hélas, ce n’est pas forcément le cas. Selon lui, la prévention de toute autre maladie reste un principe de santé, et ce, même si le Covid-19 reste prioritaire.

22 cas Importés

	<p>Le pays comptait à hier après-midi 22 cas importés de Covid-19. Le nombre de passagers en quarantaine s&rsquo;élève à 464. Concernant les deux passagers testés positifs au Covid-19 en provenance de Maurice, dont a fait état la presse malgache le mercredi 30 septembre, le ministère de la Santé souligne que l&rsquo;Epidemic Intelligence Unit du SEGA ONE Health Network a tenu à faire ressortir qu&rsquo;il n&rsquo;y a eu aucun cas positif de Covid-19 importé de Maurice et que les informations publiées dans certaines presses étaient incorrectes.</p>

	<p><strong>Ce qui change au niveau des vols</strong></p>

	<p>Après&nbsp;sept mois, le pays s&rsquo;est progressivement rouvert au monde &ndash; du moins une partie &ndash;, hier. Ce, même si aucun vol commercial n&rsquo;était prévu hier, et ce, jusqu&rsquo;à demain, le 3 octobre. Pour l&rsquo;instant, il s&rsquo;agit d&rsquo;une ouverture contrôlée ; les passagers en provenance de l&rsquo;étranger devant se soumettre à des tests PCR et aussi à une quarantaine de 14 jours dans des établissements hôteliers. Mais des changements sont déjà à prévoir au niveau de l&rsquo;opération des vols, dont le fait qu&rsquo;aucun vol de rapatriement ne sera effectué.</p>

	<ul>
		<li>Seuls les vols de MK et d&rsquo;Emirates autorisés en octobre</li>
	</ul>

	<p>Les premiers vols commerciaux décolleront de l&rsquo;aéroport Roissy Charles de Gaulle (Paris) et de celui de Dubaï, aux Émirats arabes unis. Puis des vols en provenance de l&rsquo;île de la Réunion redémarreront aussi. Selon le calendrier d&rsquo;Air Mauritius (MK), un vol hebdomadaire de l&rsquo;île sœur est prévu, tous les lundis, dès le 5 octobre. Les vols de Paris opéreront deux fois par semaine, avec un vol en partance le 4 octobre pour atterrir le 5 octobre à Maurice pour commencer. Emirates Airlines opérera, quant à elle, un vol hebdomadaire le samedi de Dubaï, une destination de transit de choix. Un nouveau calendrier sera révisé dépendant de la demande sur ces vols pour novembre.</p>

	<ul>
		<li>Air Seychelles reprend ses vols vers Maurice en novembre</li>
	</ul>

	<p>Air Seychelles a annoncé la reprise des vols vers Maurice, Johannesbourg et Tel Aviv dès le 1er novembre. La compagnie seychelloise desservira Maurice avec un vol hebdomadaire le mercredi. Puis passera à deux vols par semaine dès le 1er décembre. Les passagers en partance vers les Seychelles doivent présenter un test PCR négatif fait 72 heures avant l&rsquo;embarquement. Ils devront séjourner dans un des établissements de quarantaine agréés par les autorités durant sept jours avant de pouvoir se rendre dans un hôtel de leur choix.</p>

	<p><strong>Frontières rouvertes : devrait-on rendre la vaccination obligatoire ?</strong></p>

	<p>&laquo;<em>La&nbsp;vaccination n&rsquo;est pas obligatoire. Mais je dirais que c&rsquo;est un devoir citoyen. Car plus on aura de gens qui seront vaccinés, plus on créera l&rsquo;immunité collective&raquo;</em>, déclare le Dr Laurent Musango, représentant de l&rsquo;Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice. Et, par extension, ceci diminuerait la circulation du virus, estime-t-il.</p>

	<p>Le 26 septembre, lors de son allocution à la tribune des Nations unies, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a mentionné qu&rsquo;une deuxième vague de la maladie à Maurice serait <em>&laquo;catastrophique pour notre économie&raquo;</em>. Par conséquent, il a déclaré que le seul remède contre ce virus est un vaccin efficace et sûr.</p>

	<p>Or, cette question de vaccination ne cesse de susciter des débats internationaux. En sus des motivations entourant son élaboration, de possibles exemptions ou l&rsquo;obligation d&rsquo;un tel recours, on assiste maintenant à des mouvements anti-vaccins. Parallèlement, les restrictions durcissent dans certains pays partis en reconfinement total ou partiel, tandis que les contestations face aux mesures d&rsquo;État s&rsquo;amplifient ailleurs.</p>

	<p>D&rsquo;ailleurs, Bill Gates, créateur de Microsoft, a récemment été accusé d&rsquo;avoir financé la pandémie&hellip; pour ensuite venir œuvrer à trouver un vaccin. Ce dernier, décrit comme second plus important financeur de l&rsquo;OMS par les médias étrangers, est au centre des discours conspirationnistes. Un énième élément envenimant le recours et la crédibilité d&rsquo;un vaccin anti-Covid-19.</p>

	<p>Le Dr Laurent Musango distingue des perceptions négatives entourant le vaccin. Cependant, dit-il, l&rsquo;OMS &laquo;<em>ne peut mettre en circulation un vaccin non-accrédité et pouvant nuire à la population</em>&raquo;. Pour sa part, Rajesh Jeetah, ancien ministre de la Santé, cite l&rsquo;avancée d&rsquo;Oxford sur d&rsquo;autres entreprises travaillant sur les vaccins. Néanmoins, prévient-il, l&rsquo;élaboration demeure un long processus, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;il faut s&rsquo;assurer que le corps développe une résistance.</p>

	<p>Bien qu&rsquo;il existe &laquo;<em>énormément de rumeurs&raquo; </em>entourant les vaccins, dont celle de Bill Gates, on peut se poser des questions, souligne le Dr Catherine Gaud, immunologiste et conseillère du gouvernement mauricien. <em>&laquo;Une maladie, avec un tel impact dans le monde, est en proie aux fausses croyances et manipulations pour faire croire ceci ou cela et tirer un quelconque avantage. Pour moi, le Covid-19 est un virus qu&rsquo;on apprivoise de plus en plus. Le but recherché est de protéger les gens au maximum. Concernant le vaccin, certains sont pour et en ont compris l&rsquo;intérêt tandis que d&rsquo;autres restent farouchement contre&raquo;</em>, déclare-t-elle.</p>

	<p>Va-t-on trouver un vaccin efficace avec une innocuité totale ou acceptable ? La question reste entière, ajoute l&rsquo;immunologiste. D&rsquo;autant que certaines sociétés pharmaceutiques pourtant bien parties dans la course au vaccin ont dû suspendre leurs essais cliniques, notamment AstraZeneca après des effets sévères sur un patient.</p>

	<p>La sûreté du vaccin demeure une préoccupation majeure et prioritaire, estime le Dr Patrick How, président de l&rsquo;Association des médecins privés. D&rsquo;ailleurs, renchérit le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du comité national de communication sur la pandémie, plusieurs impératifs devront être considérés à l&rsquo;avènement d&rsquo;un vaccin anti-Covid-19. D&rsquo;abord, il faut déterminer si celui-ci est validé par l&rsquo;OMS. Ensuite, <em>&laquo;les instructions consensuelles de l&rsquo;OMS détermineront les catégories de personnes auxquelles le vaccin doit être administré, où le faire et si cela doit s&rsquo;appliquer à tous ou qu&rsquo;aux citoyens à risque</em>&raquo;, ajoute-t-il.</p>

	<p>Certes, autant de questionnements à examiner avant toute politique vaccinale. Pour la définir, les études réalisées, les recommandations de l&rsquo;OMS et la pratique médicale standard et internationalement acceptée seront considérées, rappelle-t-il. Or, en attendant, les interrogations foisonnent. Que se passe-t-il si on refuse d&rsquo;être vacciné contre le Covid-19 ? Va-t-on être accusé de mise en danger du pays ? La majorité de nos interlocuteurs affirment que le libre choix au citoyen doit primer. <em>&laquo;Comme pour les vaccins antigrippe, des Mauriciens s&rsquo;y refusent. Je ne crois pas qu&rsquo;un gouvernement puisse contraindre les citoyens à le faire</em>&raquo;, souligne Rajesh Jeetah.</p>

	<p>À ce propos, Patrick How soutient que ce recours est un droit individuel.<em> &laquo;Même les vaccins de l&rsquo;enfance sont parfois occultés par les parents. Mais comme médecin, le vaccin contre le Covid-19 serait recommandable s&rsquo;il est efficace et sûr. Cela prend dix ans pour un vaccin. Vu l&rsquo;urgence, il en faut un rapidement&raquo;</em>, précise-t-il. Ses propos sont rejoints par ceux de Russhid Golamaully, président de la Senior and other Nursing Staff Association. Tout en soutenant le besoin de consentement des Mauriciens, la vaccination contribuera à la sécurité individuelle et collective.</p>

	<p>Sur le plan international justement, plusieurs États, dont l&rsquo;Australie, amorcent les discussions sur l&rsquo;éventualité d&rsquo;une vaccination obligatoire. Et à Maurice, ira-t-on vers cette tendance ? &laquo;<em>Cela dépendra. Si le vaccin est à 100 % efficace, on pourra réfléchir à des provisions légales dessus. Tant qu&rsquo;on n&rsquo;a pas de vaccin et qu&rsquo;on ignore la durée de l&rsquo;immunité ni qui on doit vacciner, on ne peut y répondre</em>&raquo;, explique le Dr Zouberr Joomaye.</p>

	<p><strong>Contestations des mesures de l&rsquo;État </strong></p>

	<p>Hormis la problématique de la vaccination, d&rsquo;autres discussions autour du Covid-19 émergent. En effet, dans le monde, de nombreux habitants s&rsquo;élèvent contre les mesures mises en place par leurs États respectifs. Au Québec, par exemple, plus de 1 200 personnes contestent l&rsquo;amende variant entre $1 000 et $ 6 000 pour avoir omis de respecter une des règles de la santé publique imposées depuis le début de la pandémie, rapporte le site de Radio Canada.</p>

	<p>En Belgique, des mouvements contestataires ont germé, dont celui de Viruswaanzin. Contacté à ce sujet, Michael Verstraeten, avocat, nous a déclaré avoir institué<em> &laquo;une action devant la Cour européenne des droits de l&rsquo;homme depuis deux semaines</em>&raquo;. Pourquoi ? Dans des entrevues relayées par les médias belges, notre interlocuteur déclare qu&rsquo;on &laquo;<em>ne meurt pas à cause du Covid-19 mais à cause des mesures. Il y a des morts parce que des gens ont peur de cette maladie et n&rsquo;osent plus aller se soigner. Au début, on a bloqué des soins qui n&rsquo;étaient pas des Covid. Dans les maisons de repos, des gens sont décédés parce qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas reçu les soins nécessaires. Ils sont décédés plus vite parce qu&rsquo;ils étaient seuls&raquo;</em>. Des situations qui interpellent et rappellent le cas de Sonia Dip, 20 ans, décédée le 1er avril dans des conditions hospitalières décriées par ses proches suivant sa contraction du virus. Pour revenir au débat international, Me Michael Verstraeten et l&rsquo;association Viruswaanzin se demandent où mettre la balance entre les morts provoquées par le Covid-19 et celles résultant des mesures prises par les autorités. &laquo;<em>Si vous conversez avec la population, présentez les choses correctement et êtes crédibles, il n&rsquo;y aura pas de problème. Lorsqu&rsquo;on vient vous dire que des baleines meurent suite au stress, est-ce crédible ? Évidemment, des contestations en découlent. Regardez: où est le Chief Medical Officer ? C&rsquo;est pourtant lui qui doit parler de la santé publique. Les autorités ont des difficultés à faire passer les messages. Aussi, bien sûr, on va se poser des questions</em>&raquo;, constate Rajesh Jeetah.</p>

	<p>Russhid Golamaully ajoute que cette riposte des individus émane de la privation et de la menace sur leur liberté. <em>&laquo;Avec cette limitation, l&rsquo;individu se focalise sur son intérêt, pas celle de la collectivité. C&rsquo;est un facteur qui pousse les Européens surtout, dont la posture est plus libérale, à la contestation</em>&raquo;, indique-t-il. Maurice n&rsquo;est pas en reste avec ses marches et mobilisations citoyennes récentes. La gestion internationale de la pandémie et celle de l&rsquo;île sont aussi discutables. Par exemple, la Suède, seul pays d&rsquo;Europe à ne pas avoir fermé son économie à travers le confinement, avait favorisé une circulation du virus au sein de la communauté pour atteindre l&rsquo;immunité collective. Un modèle à répliquer ou à fuir puisque l&rsquo;effet escompté n&rsquo;a finalement pas été atteint ? Pour Laurent Musango, en dehors de cette nation, d&rsquo;autres ont emboîté le pas mais ont dû se raviser. Rajesh Jeetah souligne également que la virulence de la pandémie a conduit à des altérations des mesures. Quant à Russhid Golamaully, il estime que ce modèle semble tout de même avancé.</p>

	<p>&laquo;<em>Quand le virus se propage, ils l&rsquo;attaquent alors que l&rsquo;économie marche toujours. Pensons à long terme. On ne pourra pas vivre confinés pendant deux ou cinq ans d&rsquo;affilée. Au final, on doit opérer et mettre des systèmes pour contre-attaquer. Que des stratégies soient définies par des policy makers. Il faut laisser les gens vivre et travailler. Si l&rsquo;économie est en panne, nous serons tous en panne à notre tour.&raquo;</em></p>

	<p><strong>Dominique Wolton, directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France &laquo;L&rsquo;abondance d&rsquo;information développe le&hellip; complotisme&raquo;</strong></p>

	<figure class="image" style="float:right"><img alt="" height="220" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/lexpressmu_-_2020-10-02t120010.381.jpg" width="220" />
		<figcaption></figcaption>
	</figure>

	<p><strong>Pourquoi plusieurs pays font des contestations des mesures gouvernementales liées au Covid-19 ?</strong></p>

	<p>D&rsquo;abord, avec le Covid-19, il y avait des demi-vérités, et au final, il n&rsquo;y avait plus de confiance des citoyens. Deuxièmement, la comparaison internationale est un facteur supplémentaire de doute puisque, à chaque fois, les pays ne prennent pas les mêmes politiques. Troisièmement, l&rsquo;atmosphère générale d&rsquo;angoisse qui domine dans le monde rendrait de toute façon tout sceptique. C&rsquo;est vraiment une situation inédite et compliquée car la pandémie est mondiale devant des opinions publiques toutes informées avec une capacité d&rsquo;action limitée des gouvernements. Et même s&rsquo;il n&rsquo;y a pas beaucoup de mensonges des gouvernements, il y a le sentiment qu&rsquo;il y en a. C&rsquo;est la tragédie des fake news. Cette abondance d&rsquo;informations développe non pas la vérité mais plutôt le contraire, c&rsquo;est-à-dire le complotisme.</p>

	<p><strong>Le Covid-19 n&rsquo;est pas l&rsquo;unique cause de mortalité. Pourquoi un discours alarmiste auprès des peuples ? Pourquoi cette panique est mondiale ?</strong></p>

	<p>Il y a des maladies beaucoup plus graves que le Covid-19. La mondialisation développe, de par sa vitesse d&rsquo;interactivité, une espèce d&rsquo;angoisse. Les peuples n&rsquo;aiment pas cette mondialisation. Tout va trop vite. C&rsquo;est comme s&rsquo;ils attendaient une punition de Dieu même si on est athée. Quelque part, c&rsquo;est un peu qu&rsquo;on l&rsquo;a bien méritée puisqu&rsquo;on a été trop fou pour l&rsquo;environnement, le business, etc. Puis, les peuples oublient les chiffres des autres pandémies. On s&rsquo;ima- gine que l&rsquo;histoire recommence toujours. La troisième raison est que le virus a touché les vieux. Or, ce sont ceux qui sont riches. Bien sûr, il y a des vieux pauvres mais dans les épidémies, ce sont souvent les pauvres qui meurent. Là, ça a commencé par toucher les riches au début du virus. Un pauvre, ça vaut toujours moins cher qu&rsquo;un riche.</p>

	<p><strong>Devrait-on se focaliser davantage sur des mesures de santé à long terme pour prévenir les autres maladies induisant la mortalité ? </strong></p>

	<p>Pour moi, Maurice est un modèle mondial. Vous oeuvrez dans une guerre civile en permanence entre les religions et vous êtes en cohabitation pacifique. Puis, vous avez une capacité de redistribution incroyable. Au-delà de cela, la santé coûte très cher pour tous les pays sujets à une redistribution mais il n&rsquo;y a pas de politique d&rsquo;anticipation. Il n&rsquo;y a pas assez de médecins, de contrôle des laboratoires pharmaceutiques, etc. Autrement dit, c&rsquo;est un idéal politique et démocratique qui ne sait pas donner les moyens.</p>

	<p>On a détruit les petits hôpitaux. On ne forme pas assez de médecins. C&rsquo;est hallucinant. On a l&rsquo;impression que l&rsquo;État fait le contraire de ce qu&rsquo;il devrait faire pour avoir une vraie politique publique de santé. On a oublié l&rsquo;homme au profit des techniques. Et ça ne va pas. La santé est d&rsquo;abord une question humaniste avant d&rsquo;être technique et scientifique. D&rsquo;une certaine manière, cette pandémie montre une fois de plus la fragilité de l&rsquo;homme mais aussi son intelligence puisque l&rsquo;on s&rsquo;adapte. Tout le monde porte des masques mondialement.</p>

	<p>Cependant, je ne suis pas sûr qu&rsquo;il y ait beaucoup d&rsquo;investigations ambitieuses pour le futur. C&rsquo;est un peu comme la culture. On dit que c&rsquo;est très important mais on ne s&rsquo;en occupe pas. Pour la santé, on dit que c&rsquo;est important et même si on s&rsquo;en occupe, on ne s&rsquo;en occupe pas bien. Cela fait 40 à 50 ans qu&rsquo;en médecine, on a préféré la technique à l&rsquo;homme. Dans la santé comme dans l&rsquo;éducation, la politique ou l&rsquo;économie, le plus important c&rsquo;est l&rsquo;individu.</p>
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