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Covid-19: Maurice s’adapte en matière de traitements

13 septembre 2020, 22:30

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Covid-19: Maurice s’adapte en matière de traitements

Au niveau mondial, les chercheurs mettent les bouchées doubles pour trouver un vaccin contre le coronavirus. En attendant, d’autres «techniques» et traitements sont testés, utilisés pour soigner les patients. Question dès lors : suit-on le pas à Maurice ? Surtout que les craintes d’une 2e vague ne sont pas loin, avec la réouverture graduelle des frontières

Le Covid-19 n’en finit pas de donner du fil à retordre au monde entier. Et, depuis son apparition, chercheurs et médecins déploient les grands moyens pour essayer de trouver quelque remède pour contenir, neutraliser ce virus mortel.

Si plusieurs traitements ont été testés au fur et à mesure, certains ont fini par être décriés, dont l’utilisation de la chloroquine, entre autres. En parallèle, alors que les experts se sont familiarisés davantage avec le virus, d’autres pistes pour soigner les patients ont émergé. Parmi celles-ci, le dexaméthasone ou encore l’antiviral remdesivir qui était lui aussi contesté à un moment et qui réduiraient, au final, la durée d’hospitalisation des malades. Ils sont associés au diltiazem et présentent des résultats prometteurs contre le coronavirus.

De plus, au niveau des équipements, plusieurs innovations ont été apportées. En avril de cette année, des chercheurs nantais ont annoncé que le MakAir, un respirateur artificiel, était prêt pour des essais cliniques.

En fonction des symptômes

Qu’en est-il de Maurice, où l’on comptait, à vendredi 11 septembre, 14 cas actifs importés ? Sommes-nous au fait de ces nouveaux traitements, alors que le gouvernement s’apprête à rouvrir les frontières graduellement ?

«Il n’y a pas un traitement spécifique pour ce virus pour l’instant. Donc, en fonction de tel ou tel symptôme, on dispense tel ou tel traitement», explique de prime abord le Dr Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice.

Mais avec les produits disponibles sur le marché actuellement, la prise en charge a été améliorée, précise-t-il. Il cite notamment le dexaméthasone, médicament que l’on n’utilisait pas avant, ainsi que des anticoagulants. «Tous ces produits sont disponibles à Maurice.»

Le Pr Catherine Gaud, qui animait une conférence de presse vendredi, aux côtés du Dr Zouberr Joomaye, a pour sa part déclaré que l’on utilise toujours l’hydroxychloroquine, si les patients le souhaitent. Selon elle, le remdesivir n’a jamais été employé en traitement à Maurice…

Anticoagulants

Selon le directeur de la Clinique du nord, le Dr Mike Sooknundun, des anticoagulants sont utilisés dès le début et en grandes doses pour éviter la formation de caillots qui bouchent les artères, ce qui peut entraîner la mort.

Il mentionne également l’utilisation d’oxygène «en grands volumes» via des ‘lunettes’, c’est-à-dire des embouts placés dans les narines. «Cette méthode a très bien marché jusqu’à présent et a permis d’éviter à bon nombre de patients de passer par l’intubation. Si on suit bien ce protocole, les chances d’atterrir aux soins intensifs seront minimisées», estime-t-il.

De son côté, Ramesh Purrunsingh, porte-parole et animateur du Comité amélioration de la santé (CAS), soutient que beaucoup de laboratoires fabriquent des médicaments sur le plan commercial. Or, prévient-il, il faut que ceux-ci soient approuvés par l’OMS.

Quid des équipements ? Selon le responsable de l’OMS à Maurice, l’État a fait l’acquisition de plusieurs respirateurs artificiels. «Mais avant la réouverture des frontières, nous allons réévaluer les équipements, justement. Nous allons nous assurer qu’ils soient en place et au bon endroit.»

«On ne court plus après les respirateurs»

Le corps médical se fait bien entendu un devoir de suivre tous les développements depuis l’apparition de la maladie, renchérit le Dr Mike Sooknundun. «On ne court plus après les fameux comprimés de chloroquine et des respirateurs artificiels.» En revanche, on continue à miser sur des gestes barrières, l’isolement et la surveillance médicale. Et les soins incluent la cortisone injectable pour combattre l’inflammation causée par le virus, entre autres.

Parallèlement, plusieurs pays se positionnent quant à l’élaboration, les essais cliniques et les commandes de vaccins contre le Covid-19. La France, par exemple, figure parmi les pays les plus engagés dans les essais cliniques en Europe. Certaines nations ont également associé leurs efforts et expertises à cet escient. Récemment, la Commission européenne a multiplié les accords avec les firmes pharmaceutiques, notamment avec AstraZeneka pour 400 millions de doses, Sanofi-GSK ainsi que Johnson & Johnson pour 300 millions de doses chacun et Cure Vac pour 225 millions de doses respectivement. L’introduction d’un vaccin fiable - est prévue en 2021.

Demande auprès de COVAX

Entre-temps, que fait Maurice ? Notre pays en sera-t-il pourvu ? Selon le Dr Laurent Musango, les autorités en ont déjà fait la demande auprès du mécanisme COVAX, et ce pour un accès mondial aux vaccins. «Maurice a déjà manifesté son intérêt. Elle figure sur la liste des pays qui souhaitent recevoir 20 % de la proportion de sa population en termes de vaccins», explique-t-il.

Selon le ministère de la Santé, cela équivaudrait à quelque 200 000 doses. Selon le Dr Zouberr Joomaye, l’Etat décidera par la suite de la marche à suivre pour administrer les vaccins. «Un vaccin doit d’abord être efficace et pas dangereux. Au niveau de la stratégie, ce sont les frontliners qui passeront avant, comme le veut le protocole sanitaire.»

Pour sa part, le Pr Catherine Gaud a déclaré «qu’[on] espère un vaccin». «D’ailleurs, [on] a vu ce qui s’est passé avec AstraZeneca, avec un effet secondaire extrêmement grave pour une personne. Le développement du vaccin s’est arrêté. L’efficacité de ce vaccin-là, on n’en est pas sûr. Est-ce que celui-ci va permettre une protection pendant un nombre de mois suffisants ?»

Contrôle de la maladie accru

À ce sujet, le Dr Mike Sooknundun appelle à la patience. «Cela prendra du temps avant qu’on puisse mettre au point un vaccin fiable. Les essais cliniques ne sont pas encourageants pour l’heure.»

Russhid Golamaully, président de la Senior and Other Nursing Staff Association, abonde dans le même sens. «Nous n’avons pas encore défini si un vaccin marche véritablement et surtout s’il est fiable. Nous avons beaucoup d’espoir. Cela dit, Maurice ne peut pas passer de commandes auprès d’une quinzaine de laboratoires. Il faut qu’une équipe du ministère suive les derniers développements à ce niveau.»

En attendant, le Covid-19 continue à donner des sueurs froides. À vendredi matin, 28 191 178 cas positifs avaient été recensés, pour 909 927 décès. En août 2020, l’Agence France Presse (AFP) notait tout de même un ralentissement de l’épidémie enregistré dans toutes les régions, à l’exception de l’Asie du Sud-Est et de la Méditerranée orientale.

Est-ce vraiment le cas ? À ce propos, le directeur de l’OMS à Maurice, soutient qu’avec une prise en charge améliorée, la probabilité de réduire les décès est très élevée. Des propos que rejoint le Dr Mike Sooknundun, qui souligne qu’avec les nouvelles avancées, on arrive à contrôler la maladie à Maurice comme ailleurs.