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Caricature

7 septembre 2020, 09:24

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Caricature

On se délecte, parfois, en regardant certaines caricatures sous forme de dessins, car elles arrivent à nous toucher. La caricature résume une situation, grossit un trait en jouant avec lui, brosse un tableau rapide de ce qui ne va pas, relève un abus, pointe du doigt une injustice, montre une incohérence ou une absurdité, et tout cela parfois provoque, amène aussi à une prise de conscience, suscite une réflexion, fait naître une indignation. Bref, la caricature tape dans le mille. C’est le propre d’une caricature. Et bien entendu, les personnes qui sont caricaturées n’apprécient pas toujours la manière dont on les croque. On peut trouver une caricature légère, insultante, raciste, ratée, inoffensive : c’est notre droit, et c’est aussi notre droit de s’en indigner publiquement, s’il le faut. Mais cela doit-il amener, si par exemple je trouve qu’une caricature de moi ne me plaît pas, de l’interdire ? Et touchant une organisation, une institution, une religion, faut-il aussi interdire ? On trouve de très nombreux croyants qui défendent les caricatures, et, plus largement encore, la possibilité qu’une constitution et des lois permettent l’expression libre de multiples formes d’écrits, de dessins, de prise de parole. 

Évidemment, il ne s’agit pas de défendre une sorte de liberté d’expression absolue et aveugle. Néanmoins, une loi qui donne le droit à la liberté d’expression est quand même générale et brasse le plus large possible. On sait aussi que la loi, par son caractère formel, ignore parfois les inégalités sociales, les inégalités de genre, les inégalités de traitement et de reconnaissance ethnique ou religieuse. Elle ne s’inquiète pas du contexte. De l’autre côté, on relève toujours cette tendance hyper-crispée chez certains chrétiens, juifs, hindous ou musulmans qui clament haut et fort que si l’on touche à un point religieux, on touche à la religion dans son ensemble. Et c’est là que la chose est délicate et sensible. Faut-il tenir compte de ces sensibilités ? Interdire la publication ou la projection d’un film car un groupe de personnes trouve cela irrespectueux, voire sacrilège. La santé d’une démocratie est aussi fonction de la manière dont elle tente de régler ce genre de problème, où les coups fusent à son encontre, et où les réponses qu’elle doit donner doivent tenir compte de l’intérêt général et aussi des minorités se disant choquées. La démocratie est l’art de garder l’équilibre… et de rester en équilibre.