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Bruneau Laurette: «La police est sous les ordres du PM, on ne saura pas la vérité sur le navire»

18 août 2020, 15:05

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Bruneau Laurette: «La police est sous les ordres du PM, on ne saura pas la vérité sur le navire»

Le travailleur social et spécialiste en sécurité rapprochée Bruneau Laurette accentue la pression. Après une plaine contre les ministres Kavydass Ramano et Sudheer Maudhoo, il les poursuit désormais au civil, en cour de Mahébourg. Ce va-t’en guerre réclame même leur démission, tout comme celle du Premier ministre. Il tape sur le «mauvais système» du pays, avec ses failles, responsable du naufrage du «Wakashio».

Après une plainte contre les ministres Kavi Ramano et Sudheer Maudhoo, vous les poursuivez au civil. Pourquoi ?

Effectivement, j’étais aux Casernes centrales la semaine dernière pour porter plainte contre eux au Central Criminal Investigation Department. J’en ai fait de même contre le capitaine du MV Wakashio (NdlR, l’Indien Sunil Kumar Nandeshwar). Rien ne s’est passé. Les enquêteurs n’ont pas convoqué les deux ministres. Quand j’ai répense à la déclaration de Pravind Jugnauth faite à la presse le 9 août, disant qu’il fait confiance à ses ministres, je suis arrivé à une conclusion. Comme la police tombe sous la responsabilité du Premier ministre (PM), je n’ai aucune certitude qu’on apprendra la vérité.

Mon unique but est que les Mauriciens connaissent la vérité. Il y a trop de zones d’ombre dans cette affaire. Il semblerait qu’il y ait bien du coverup. Il y a eu d’abord le remorqueur VB Quartier, qui est reparti le 5 août à La Réunion sans passer par le port. Pourquoi ? On ne le sait pas. Ensuite, on nous dit que le Standford Hawk, également remorqueur, venait de Dubaï. D’après les images satellitaires, le bateau était d’abord au port de Namibie avant de faire route dans notre région. Il y a aussi ce bateau taxi, le Jaika 176, qui est allé à la rencontre du Standford Hawk à l’entrée de Port Louis. La liste de questions sans réponse est longue. D’où ma démarche en justice pour connaître la vérité.

Ce genre de procès coûte énormément d’argent. Qui est derrière votre initiative ?

J’ai pris cette décision par moi-même. Personne ne m’a poussé à le faire. Mais, depuis quelques jours, la diaspora mauricienne, des compatriotes vivant à l’étranger, a fait une levée de fonds. Eux aussi veulent la vérité pour leur pays.

Vous rendez-vous compte que vous attaquez directement le gouvernement ?

J’en suis conscient. Je le fais comme une première, pour que d’autres personnes puissent le faire après moi. C’est un message à tous nos politiciens qui viennent au pou- voir. Ils doivent comprendre qu’ils sont redevables envers le peuple. Ma démarche est apolitique. Cependant, je réclame la démission du Premier ministre, tout comme celle de Sudheer Maudhoo, de Kavy Ramano, du directeur du Shipping, Alain Donat et du commandant de la National Coast Guard. Je note que le peuple veut la démission du gouvernement dans son ensemble.

Vous savez qu’il y a un grand risque de représailles contre vous ?

Je n’ai pas peur de mourir. Si je dois mourir pour une bonne cause, je l’accepte. Si je dois mourir pour mon pays, je le ferai. Il ne faut pas oublier que je travaille dans des endroits dangereux. Je suis habitué aux situations difficiles. La mort fait partie de la vie. Je l’accepte.

Mais il y a autre chose. Vos clients sont à l’étranger. Si le gouvernement trouve un moyen de confisquer votre passeport, c’est une façon de vous attaquer non ?

M’empêcher de voyager ? Ce n’est pas un problème. Zot pé rod lamerdma! S’ils le font, ils m’auront constamment comme surveillant, puisque je serai au pays, contrairement à ce que je fais d’habitude. Je continuerai à combattre les injustices. Je travaille dans des zones hostiles, j’ai su m’adapter jusqu’ici à n’importe quelle situation.

Qu’est-ce que le ministre Nando Bodha vous a offert ?

Je tiens d’abord à préciser que je n’ai pas porté plainte contre le ministre des Affaires étrangères. J’ai fait une Precautionary Measure après avoir eu vent que quelque chose se tramait contre moi. Nando Bodha doit faire attention à ce qu’il dit en public. Pour quelle raison un ministre n’a pas voulu me recevoir dans son bureau ? Si c’était pour parler des sans domicile fixe ou des squatteurs, ce n’est pas à lui que j’aurai parlé. Il sait très bien ce qu’il m’a proposé. Je pourrais revenir en cour à ce sujet. Ils voulaient que j’arrête de parler. D’ailleurs, si le ministre croit que c’est moi qui ai rendu publique la photo de ma déposition à la police, il se trompe. Il doit enquêter du côté des Casernes centrales ou du gouvernement. Je n’avais même pas eu de copie de ce document. Encore une fois, si ce document est sorti du poste de police, cela veut dire que le système du pays ne marche pas. C’est ce mauvais système avec ses failles et ses zones d’ombre qui est responsable du naufrage du Wakashio.

Depuis quelque temps, il y a une campagne de dénigrement contre vous. On vous accuse même de ne défendre qu’une section de la population (NdlR, Bruneau Laurette était aussi aux côtés des squatteurs délogés)…

Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent. Ils peuvent continuer à me dénigrer, mais je ne veux pas leur accorder d’importance pour ne pas gonfler cette campagne de dénigrement. Quand il y a le feu, tant qu’il est alimenté par l’oxygène, il continue à brûler. Bien souvent à Maurice, certaines personnes acculées ou sans argument solide utilisent la politique et le communalisme pour s’en sortir. Je ne rentre pas dans leur jeu. Je ne fais pas la politique ni une action communale. Je le fais pour la vérité uniquement.