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Pointe-d’Esny: «Dilo blé inn vinn blan ek gra»

18 août 2020, 22:35

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Pointe-d’Esny: «Dilo blé inn vinn blan ek gra»

Malgré les affirmations des autorités que la situation dans le lagon s’est nettement améliorée, les gens de la mer sur place nuancent. L’eau est trouble, les boudins des volontaires saturés et ceux de la NCG moins efficaces.

Depuis quelques jours, les autorités locales dressent un bilan très positif de la situation entourant le Wakashio. Mais, hier, une visite autour du vraquier cassé en deux en compagnie de pêcheurs de la région a permis de brosser un tableau plus sombre. Plus sombre, surtout, parce que les récifs coralliens dans lesquels la partie arrière du vraquier s’est encastrée subissent toujours le poids de l’épave et continuent donc, d’être endommagés.

Pour Berty Frederick, pêcheur de la région, tant que l’épave sera sur les récifs, la situation va empirer. «Ena dimounn pé krwar delo pe paret blé tou inn korek. Tou pa finn korek ! Zot dir pena bel dega mé get sa delo la kouma inn vinn blan ek gra. Lontan ou ti pé trouv tou anba. Plaisansié ti pé amenn touris get pwason mé la nanié pa pou trouvé», explique-t-il en désignant l’eau à quelques mètres des deux épaves. L’eau cristalline du lagon n’est effectivement plus qu’un lointain souvenir.

Roland Grenade, un autre pêcheur, accompagne des volontaires pour ramasser des serpentins imbibés d’huile et les remplacer par de nouveaux. «Dilo blé inn vinn olé», conclut-il en contemplant le nouveau paysage qui s’offre à lui depuis le 6 août. Le but des volontaires et des pêcheurs est de continuer à placer des boudins fraîchement préparés car la crainte d’un deuxième déversement n’est pas à écarter, comme l’a fait ressortir l’ONG EcoSud dans un communiqué émis dimanche. Il reste encore quelque 30 mètres cubes à bord et le pire scénario envisagé c’est que toute cette huile se déverse au même moment.

«Les boudins que nous avons placés samedi sont déjà saturés. Comment peuvent elles (NdlR, les autorités) dire que la situation est meilleure ?» s’interroge pour sa part, Jordy Goolamy, un volontaire. Il confirme que les bouées flottantes antipollu- tion de couleur blanche placées par la National Coast Guard (NCG) sont moins efficaces que celles confectionnées par les volontaires. «Les images parlent d’elles mêmes. Je n’invente rien. Malheureusement, lorsque les bouées placées par les garde côtes bougent avec le vent et les vagues, l’huile passe au travers alors que les boudins en paille l’absorbent très efficacement.»