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Rugby: avec le salary cap, le Top 14 sous surveillance

14 juillet 2020, 17:23

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Rugby: avec le salary cap, le Top 14 sous surveillance

Equité de la compétition ou fuite des talents? Assainissement des comptes ou bricolages financiers? Le «salary cap» (plafond salarial), instauré en 2010 dans le Top 14, fait encore débat dans le rugby français alors que des discussions sont en cours pour l’abaisser.

Comment ça marche ? 

Le «salary cap» a été lancé en 2010 «pour éviter une inflation des salaires et un déséquilibre du championnat». Les présidents ont décidé de plafonner la masse salariale des clubs pour préserver l’équité du championnat: son montant est désormais fixé à 11,3 millions d’euros.

«Avec le salary cap, le Top 14 reste un championnat homogène et passionnant jusqu’au bout», promet la LNR.

Lors de sa première saison, le plafond salarial était fixé à 8,1 millions d’euros. S’il a grimpé ces dernières années, les dirigeants du rugby professionnel ont acté la semaine dernière une baisse progressive «de 12% en quatre ans». Une baisse «relative et graduée», qui commencera à la rentrée 2021 et permettra aux clubs de faire face à la crise liée à la pandémie.

Quel impact positif ?

Dans l’esprit, le «salary cap» évite donc une escalade incontrôlée des salaires. Pour un championnat qui vit au-dessus de ses moyens, avec des clubs qui dépensent plus qu’ils ne gagnent, il s’agit là d’un élément indispensable à la préservation de l’équité de la compétition.

La preuve? Depuis sa mise en place, seul le Stade toulousain a conservé son titre. C’était lors des deux premières saisons contrôlées: 2010-2011 et 2011-2012. Les deux titres de Castres (2013 et 2018) tendent à prouver qu’il ne faut pas avoir la plus grosse masse salariale pour soulever le Brennus.

La liste des prétendants au titre de champion, comme celle des candidats aux places européennes, s’est d’ailleurs allongée. Ces dix dernières années, Toulouse, le Racing 92, Castres, Clermont, Biarritz, Montpellier, Toulon, Perpignan, Stade français, Oyonnax, Bordeaux-Bègles et Lyon ont ainsi disputé la Coupe d’Europe.

Quels effets pervers ?

«Il y a des gens qui le détournent parce qu’ils ont des groupes qui permettent de le détourner. Le salary cap est une énorme mascarade où les plus vertueux trichent». La sortie date d’il y a un peu plus d’un an et signée Mourad Boudjellal, alors président du RC Toulon.

En France, le Racing 92, Toulon ou Montpellier ont ainsi été mis à l’amende par la commission de discipline de la LNR. Boudjellal s’était d’ailleurs fait un malin plaisir d’expliquer comment contourner le règlement par des méthodes à la limite de la légalité (paradis fiscaux, bitcoins, droits d’image des joueurs...).

Face à cet encadrement des salaires, certaines stars boudent le Top 14: le Fidjien Semi Radradra a ainsi quitté Bordeaux-Bègles cet été pour Bristol, doublant au passage son salaire, désormais estimé à plus d’un million d’euros.

La masse salariale en Angleterre est en effet plafonnée à 8,15 millions d’euros mais les clubs de Premiership peuvent extraire deux «marquee players» du calcul. Soit autant de stars à attirer.

«Le nouvel El Dorado pour les joueurs de l’hémisphère Sud, c’est le Japon. Géographiquement, c’est proche de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie... en plus, ils paient très bien: les clubs sont adossés à des grosses entreprises comme Panasonic, Toyota, Toshiba, Honda...», ajoute un agent français à propos d’un championnat qui vient d’attirer le meilleur joueur du monde Beauden Barrett mais aussi l’ancien capitaine des All Blacks Kieran Read ou l’ex-demi de mêlée de Clermont et de l’Ecosse Greig Laidlaw.