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A Cassis, des moteurs électriques dans des 2CV pour «évoluer avec son temps»

12 juillet 2020, 19:51

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A Cassis, des moteurs électriques dans des 2CV pour «évoluer avec son temps»

Dans les ateliers du Mehari Club de Cassis, un mécano s’attèle à extraire le moteur thermique d’une ancienne 2CV pour en installer un autre électrique: au démarrage de la célèbre Citröen, l’habituel vrombissement laisse place à un simple «clic».

Suivant l’exemple d’une quarantaine de pays, la France a autorisé début avril le remplacement des moteurs essence ou diesel des voitures de plus de cinq ans par des moteurs électriques. Une décision saluée par les professionnels du secteur qui vantent l’intérêt écologique de cette conversion.

Au Mehari Club de Cassis, à une vingtaine de kilomètres de Marseille, la transformation complète, appelée «rétrofit», d’une ancienne 2CV, dure en tout une vingtaine d’heures. Le temps d’enlever le moteur thermique, le réservoir et le pot d’échappement pour les remplacer par un moteur électrique, d’imposantes batteries dans le coffre et une prise pour la recharge à l’arrière.

«C’est un véhicule qui s’y prête bien et en plus le poids des nouveaux équipements, même avec les grosses batteries, correspond à celui d’origine, soit environ 900 kg», détaille Maxime Cabanel, ingénieur dans cette entreprise qui fabrique des pièces détachées de Mehari et de 2CV, deux modèles emblématiques de la marque Citroën.

Chargées en 3h30, les 2CV 100% électrique, qui coûteront environ 14.000 euros, auront une autonomie de 120km et pourront circuler «partout», même sur les autoroutes avec une vitesse maximale de 90km/h, comme les originales.

Installé au volant d’une «Deudeuche» jaune et entièrement électrique, un prototype, Stéphane Wimez, le directeur général, gravit silencieusement les premiers kilomètres de la sinueuse route des Crêtes, qui monte au dessus de Cassis et de la Méditerranée.

«On profite des cigales»

«Là, on profite du paysage, on profite des cigales, on a un silence de fonctionnement, même si on entend encore certains bruits mécaniques originels de la 2CV», explique le dirigeant, qui a milité avec l’association Aire (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique) pour autoriser le «rétrofit» en France.

Le but, pour lui, est surtout de «donner une seconde vie aux modèles anciens qui sont condamnés à ne plus rouler en ville», en raison des règlementations environnementales strictes.

«Il faut évoluer avec son temps, le rapport aux voitures évolue considérablement avec les jeunes générations, elles en utilisent de moins en moins surtout à cause de l’impact écologique», concède Stéphane Wimez qui a commercialisé depuis 2017 des Méhari complètement neuves et électriques, appelées «Eden». «Il faut bien qu’on continue à exister», glisse-t-il.

Pour être homologués, les véhicules devront avoir été transformés par un professionnel habilité dans les conditions fixées par le législateur. Professionnel qui devra notamment respecter la «répartition d’origine des masses dans le véhicule, avec une tolérance de 10%», précise le chef d’entreprise.

«Aujourd’hui, on est sur une centaine de kits par an, mais en vitesse de croisière, on envisage de faire plusieurs milliers de kits», précise Stéphane Wimez, qui espère un «marché potentiel» de 10.000 voitures sur les 100.000 2CV du parc existant en France.

Les entreprises du secteur, qui demandent la mise en place d’une prime à la conversion pour ces véhicules, ont estimé que 66.000 véhicules pourraient être ainsi adaptés d’ici cinq ans en France. Elles en espèrent un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros et la création de 5.500 emplois.