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Alerte rouge pour les lémuriens, le grand hamster ou la baleine franche

10 juillet 2020, 12:53

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Alerte rouge pour les lémuriens, le grand hamster ou la baleine franche

Des lémuriens de Madagascar, le grand hamster d’Alsace ou encore la baleine franche de l’Atlantique nord ont fait un nouveau pas vers l’extinction, victimes des activités de l’Homme, a mis en garde jeudi l’UICN en publiant sa nouvelle liste rouge.

Selon les experts biodiversité de l’ONU (IPBES), environ un million d’espèces animales et végétales sur les quelque 8 millions estimées sur Terre sont menacées d’extinction, dont «beaucoup dans les prochaines décennies».

Mais ces chiffres sont des extrapolations basées sur les évaluations d’une fraction des espèces, en particulier sur la fameuse liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, référence en la matière qui s’enrichit chaque année de l’étude de nouvelles espèces.

Désormais, sur 120.372 espèces passées au crible, 32.441 sont menacées d’extinction (13.898 vulnérables, 11.732 en danger et 6.811 en danger critique), soit plus de 25%.

Le monde doit agir rapidement pour arrêter le déclin des populations d’espèces et prévenir les extinctions causées par l’Homme», a plaidé Jane Smart, directrice du groupe de conservation de la biodiversité de l’UICN.

La liste rouge 2020 complète en particulier l’évaluation des primates africains, attirant surtout l’attention sur les lémuriens, endémiques de Madagascar.

Ainsi, 103 des 107 espèces de lémuriens sont menacées, «principalement en raison de la déforestation et de la chasse» et 33 d’entre eux sont en danger critique, dernière catégorie avant l’extinction.

Sans les importants efforts humains et financiers déployés pour sa conservation (aires protégées, reforestation, éco-tourisme...) certaines, comme le lépilémur du Sahafary «seraient sans doute déjà éteintes», note Russ Mittermeier, spécialiste des primates pour l’organisation.

Mais ces campagnes n’ont pas permis d’empêcher 13 espèces de lémuriens de passer dans la catégorie «en danger critique», comme le sifaka et le microcèbe mignon, plus petit primate du monde, tous deux victimes de la destruction de leur habitat par l’agriculture sur brûlis et l’exploitation forestière.

Dans le reste de l’Afrique, plus de la moitié des espèces de primates (54 sur 103) sont également menacées, comme le colobe à longs poils désormais en danger critique.

Champignon «le plus cher du monde»

Cela montre «que l’Homo Sapiens doit changer radicalement sa relation avec les autres primates, et avec la nature dans son ensemble», souligne Grethel Aguilar, directrice générale par intérim de l’UICN, dont le congrès qui devait se tenir en juin a été reporté à janvier 2021 à cause du Covid-19.

La nouvelle liste rouge s’inquiète également du sort du hamster d’Europe, qui passe lui aussi en danger critique. Et «si rien ne change, l’espèce pourrait disparaître au cours des 30 prochaines années», s’alarme l’UICN.

Le rongeur autrefois abondant à travers l’Europe, jusqu’en Russie, a aujourd’hui disparu des trois quarts de son habitat originel en Alsace (où il est connu sous le nom de grand hamster d’Alsace) et en Europe de l’Est.

Une régression liée à un taux de reproduction en chute libre: une femelle a aujourd’hui en moyenne 5 ou 6 petits par an, contre 20 pendant la majeure partie du XXe siècle. Pour des raisons multiples liées semble-t-il à l’extension de la monoculture, au développement industriel, au réchauffement climatique ou à la pollution lumineuse.

Le liste rouge voit également l’entrée comme «vulnérable» du champignon chenille, «le plus cher du monde».

Ce parasite, qui pousse hors du corps d’une larve de papillon qu’il a colonisée et tuée, est très prisé de la médecine traditionnelle chinoise. Mais pour répondre à la demande, les récoltes sur le plateau tibétain où il pousse ont grimpé en flèche et depuis 15 ans, la population de ce champignon parfois surnommé «viagra de l’Himalaya» a diminué d’au moins 30%, selon le communiqué.

La liste rouge souligne enfin le danger qui pèse sur les baleines franches de l’Atlantique nord, dont il restait moins de 250 adultes fin 2018 (-15% depuis 2011). Victimes de collisions avec les navires et des filets de pêche, mais aussi du réchauffement des océans, elles sont à un pas de l’extinction.

Alors que de nombreux scientifiques estiment que la 6e extinction de masse a commencé, «la liste rouge est un baromètre de la vie sur Terre», a commenté Andrew Terry, de la Zoological Society of London.

Alors «nous devons tenir compte de ses avertissements et prendre les mesures audacieuses nécessaires pour assurer un avenir dans lequel la vie sauvage et l’humanité prospèrent».