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Post-confinement: un mois, 145 cas de maltraitance envers les animaux

6 juillet 2020, 10:00

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Post-confinement: un mois, 145 cas de maltraitance envers les animaux

Ils l’ont appelée Sheila. Elle fait partie des dernières victimes de maltraitance qu’ont rencontrées les officiers du ministère de l’Agro-industrie. C’est à Pamplemousses, enchaînée à une laisse en métal très courte, sous un «abri» pour chien qui laisse à désirer, avec la peau sur les os et une profonde entaille au cou, que ces officiers l’ont trouvée, fin juin.

D’après l’enquête du ministère, cela fait des lustres que cette chienne ne connaît pas la joie d’avoir une vie aimante. Insensibles à ses cris de douleur, ses «maîtres» ne lui portaient aucune attention, selon la version des voisins. «Ce sont les voisins qui nous ont avertis de ce cas de maltraitance. Lorsque nous l’avons trouvée, elle était très faible, affamée et dépourvue d’eau potable», explique un des officiers de la division vétérinaire du ministère.

Pour ces officiers, il s’agit d’un cas de plus qui s’ajoute à la longue liste qu’ils enregistrent depuis la fin du confinement. En effet, comme l’avaient fait ressortir plusieurs associations de protection animale durant la période de Covid-19, le confinement n’a fait qu’accentuer les cas de maltraitance envers les animaux et d’abandon. «Depuis la reprise partielle du 15 mai à ce jour, nous avons enregistré 145 cas de maltraitance en tout et d’autres enquêtes restent à venir.» 

La chienne Sheila a été retrouvée, fin juin, attachée, affaméae et gravement blessée.

Sans compter que pendant le confinement, l’Animal Welfare Unit n’a pas pu travailler et qu’il y avait déjà plus de 200 cas de maltraitance signalés.
Si Sheila a pu trouver refuge dans une association privée pour animaux, qui s’occupera de toutes les dé- penses liées à sa réhabilitation, tous les chiens et chats qui sont répertoriés chaque jour n’auront pas forcément cette chance. «Nous manquons malheureusement de place et de moyens pour aider tous les animaux. Dans des cas extrêmes de maltraitance comme Sheila, il est impossible de laisser l’animal chez son propriétaire. Nous travaillons donc avec des associations mais elles non plus n’ont pas toujours l’espace requis pour le nombre d’animaux que nous sauvons», explique un officier. 

Pourquoi ne pas les envoyer à la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) ? Selon des sources concordantes, les officiers de la division vétérinaire du ministère de l’Agro-industrie, eux-mêmes, ne veulent plus envoyer des animaux à la MSAW. Et cela, même s’ils font partie du même ministère. Selon eux, ce n’est pas un endroit «favorable» pour envoyer nos amis à quatre pattes ayant déjà vécu des traumatismes…

Du côté de la MSAW, on affirme que tous les animaux sont bien traités et qu’il n’y a aucun cas de maltraitance entre leurs murs. Toutefois, l’organisme est toujours vivement critiqué pour ses opérations de «catch and euthanize» qui ont repris de plus belle depuis un mois. Pas plus tard que cette semaine, l’organisation non gouvernementale Quatre Ti La Patte a envoyé une demande au ministère de l’Agro-industrie pour demander ce que ces opérations, visant les chiens et chats errants, cessent. Selon le président de l’association, Linley Moothien, en se basant sur l’Animal Welfare Act, la MSAW n’a pas à euthanasier des animaux si elle détient une alternative ; comme confier les animaux à des sanctuaires comme Quatre Ti La Patte.

Tout est fait selon les lois et pour le bien-être de tous, insiste, cependant, la MSAW. «Nous comprenons que les gens ne soient pas d’accord avec cette pratique, mais nous ne pouvons pas faire autrement. Nous avons plus de 500 plaintes par mois concernant les chiens errants qui posent problème. On essaie de mettre ceux en bonne santé en adoption. Mais ils ne sont pas toujours tous adoptables, surtout les chiens adultes. Et il faut préciser que toutes nos pratiques respectent l’Animal Welfare Act», fait ressortir Yoveena Bunsy, Humane Education and Communication Officer à la MSAW.