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PAD CO: deux projets, un modus operandi

3 juillet 2020, 20:59

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PAD CO: deux projets, un modus operandi

Il s’agit de deux projets annoncés à huit ans d’intervalle et qui, à première vue, n’ont rien en commun. Pourtant, l’enquête menée par le Central Criminal Investigation Department (CCID) suivant une plainte déposée par le Central Electricity Board (CEB) en décembre 2018 oriente les limiers vers une autre piste. La plainte avait été déposée à l’encontre du consortium Suzlon Padgreem Co. Ltd, une filiale de PAD CO, dans le cadre du projet du parc éolien de Plaine-Sophie. Le consortium est accusé d’être impliqué dans une affaire de falsification de signature sur deux documents de garantie bancaire de la Barclays Bank et de la Standard Bank.

Au fur et à mesure que l’enquête avance et suivant l’interrogatoire de sept employés de la Standard Bank, les enquêteurs se sont intéressés à une autre enquête portant sur les mêmes accusations. Mais cette fois-ci, c’est le projet de construction de la nouvelle tour de contrôle à l’aéroport SSR qui est concerné. Le projet a été sujet à l’ouverture d’une enquête criminelle vers la fin de 2019 suite à des irrégularités évoquées et une plainte déposée au poste de police de Plaine-Magnien.

Ce qui interpelle, c’est que le même modus operandi semble prévaloir dans les deux cas. Et la firme impliquée n’est nulle autre que PAD CO, qui avait participé à l’appel d’offres de 2017 dans un consortium avec la compagnie turque ENDEM. Comme dans le cas du projet à Plaine-Sophie, le consortium est soupçonné d’avoir produit des faux documents bancaires et une garantie de performance falsifiée pour s’assurer d’avoir le contrat de construction, qui vaut quelque Rs 600 millions. Aucune suite n’a été donnée à l’enquête initiée en décembre 2019, mais les nouveaux éléments obtenus par les enquêteurs sont jugés «damning» à l’encontre de la compagnie d’Alain Hao Thyn Voon.

Contrairement au projet de parc éolien, les travaux en cours à la nouvelle tour de contrôle sont loin d’être perturbés. Une information confirmée par un officier au sein d’Airports of Mauritius Limited. Tant qu’une injonction réclamant l’arrêt des travaux ne sera pas émise, l’enquête criminelle ne devrait pas perturber le projet.

 Piètre collaboration 

En ce qui concerne l’avancée de l’enquête concernant le projet à Plaine-Sophie, une source proche du dossier explique que certaines parties concernées (NdlR, le CEB) ne collaborent pas, ce qui retarde le processus. Les enquêteurs ont aussi dû faire face à des obstacles venant de la Barclays Bank, qui entretemps a aussi changé d’appellation et est connue à présent comme Absa Bank. Un nouveau courrier devrait être adressé à la direction.

Pour rappel, en 2018, la direction du CEB a consigné une déposition contre le consortium Suzlon-Padgreen, suite au retard enregistré dans l’exécution du projet, qui aurait dû être complété en 2017. Et malgré un délai, le CEB n’a pas eu d’autre choix que d’appliquer la sanction financière et d’en aviser le consortium par courriel le 12 octobre 2018.

Selon une clause de l’Energy Supply and Purchase Agreement, le CEB est en droit d’appliquer un «delay damage» de Rs 75 000 par jour. Une pénalité qui s’est élevée à Rs 1,4 million. Selon les procédures, le CEB avait entamé des démarches pour puiser cette somme de Rs 1,4 million de la garantie bancaire du consortium, déposée à la Standard Bank. Mais, à son grand étonnement, le management du CEB apprend de la banque que la signature provenant du document de la garantie bancaire a été falsifiée.