Publicité

Salle de sport à l’Abri de Nuit de Roche-Bois: renforcer la réhabilitation des résidents

28 juin 2020, 17:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Salle de sport à l’Abri de Nuit de Roche-Bois: renforcer la réhabilitation des résidents

Il y avait fête à l’Abri de Nuit de Caritas à Roche-Bois dans l’après-midi de ce dimanche 28 juin. On y célébrait l’inauguration d’une salle de sport et le 26e anniversaire de l’établissement.

Cette salle de sport, que des résidents aménageaient sous la supervision du personnel d’encadrement en début de semaine dernière, est en fait un ancien fourre-tout que le confinement a aidé à ranger et à transformer «car il fallait trouver des activités pour les résidents», expliquent Solange Potou et Patrick Armand, respectivement responsable du programme de réinsertion des résidents et président du comité de gestion et d’accompagnement.

Cette salle entièrement refaite accueille désormais une table de billard, une table de ping-pong, un tapis de course, un vélo, des haltères, un tendeur et des cordes à sauter. Ainsi, 10 à 12 résidents pourront y faire du sport en simultané.

L’inauguration s’est faite en petit comité, soit en présence de la présidente de Caritas, Brigitte Koenig et d’accompagnement, de Patricia Adèle Félicité, secrétaire générale de Caritas et des membres de ce mouvement. «La date anniversaire est en réalité le 13 juin mais avec le confinement, tout a été chamboulé», explique Solange Potou.

L’objectif derrière l’aménagement de cette salle de sport est non seulement de faire les 25 résidents, âgés de 28 à 61 ans, pratiquer une activité physique pour développer un corps sain et par là-même un esprit sain, mais aussi servir de thérapie. «Bien que souffrant d’une addiction à l’alcool, à la drogue ou au jeu, les résidents portent en eux de la frustration, voire de la colère. Pratiquer une activité physique sera aussi pour eux un défoulement, une forme de thérapie. Et cette salle sera également un lieu de rencontre et de loisirs», souligne Solange Potou. Patrick Armand abonde dans le même sens en disant que la pratique d’une activité physique ou d’un jeu collectif «apprend la discipline et le fair-play». Cette salle de sport sera ouverte aux résidents tous les après-midis.

Si comme l’indique son nom, l’Abri ne leur ouvre généralement ses portes que pour la nuit, lors du confinement, décision a été prise de les garder dans l’établissement 24 heures sur 24. «Le personnel d’encadrement faisait le va-et-vient pour assurer la permanence auprès d’eux, pour aller acheter leurs cigarettes, leurs médicaments etc.», explique Solange Potou. Elle ajoute qu’au début, il a fallu multiplier les réunions d’explications pour leur faire comprendre qu’ils ne devaient absolument pas quitter l’établissement. «Au bout de 15 jours, ils ont compris la logique derrière le confinement. Un résident a d’ailleurs dit que même s’ils étaient comme des oiseaux en cage, ils devaient s’estimer heureux on leur donnait tout ce dont ils avaient besoin», raconte la responsable du programme de réinsertion.

Depuis la levée du confinement, le personnel d’encadrement applique le protocole sanitaire avec les résidents. En sus de prendre leur température à l’entrée, il leur est demandé de ranger leurs affaires dans un casier, d’aller laver les vêtements qu’ils portaient et d’aller se doucher avant qu’ils ne puissent circuler librement dans l’établissement.

A l’Abri de Nuit, tout est fait en termes d’accompagnement psychosocial et thérapeutique pour que les résidents soient réhabilités et puissent soit regagner leur famille, soit louer une maison. «Il faut que l’Abri soit pour eux un passage et non une gare», dit Patrick Armand. Solange Potou explique que malgré tous les efforts du personnel d’encadrement, seuls 3 % des résidents réintègrent leur famille.

En fait, la plus grande difficulté pour les résidents réhabilités, c’est de trouver une maison à louer. «Les propriétaires refusent de louer une maison à un homme seul. Depuis trois ans que je suis à l’Abri de Nuit, seuls sept résidents ont pu trouver à louer une maison», déclare Solange Potou.

Le plus pesant pour les résidents, affirme le président du comité de gestion et d’accompagnement, c’est le regard des autres sur eux. «Dès qu’ils disent qu’ils ont vécu à l’Abri de Nuit lorsqu’on leur demande une preuve d’adresse, ils subissent le rejet. Ou on les ignore totalement. Or, lorsqu’on les traite avec dignité, qu’on les appelle par leur nom, cela vaut plus qu’un repas à leurs yeux», poursuit Patrick Armand, qui estime que «tout amour semé tôt ou tard fleurira. Cet amour qu’on leur donne à l’Abri de Nuit, ils s’en serviront un jour. Nous ne serons peut-être pas là pour le voir mais nous sommes persuadés que cela donnera des résultats positifs