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Parcours: Ivan Collendavelloo, les doigts dans la prise

26 juin 2020, 22:00

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Parcours: Ivan Collendavelloo, les doigts dans la prise

Encore un fusible qui saute, dans le sillage de la surchauffe de la centrale thermique de St-Louis. Pour avoir mis ses doigts dans la prise, Ivan Collendavelloo, Premier ministre adjoint et ministre de l’Énergie et des services publics, a été révoqué. Retour sur un parcours marqué par plusieurs tempêtes électriques.

Longévité politique pleine d’étincelles

Les qualificatifs ne manquent pas. «Grande gueule», «manque de compromis», celui qui n’a pas froid aux yeux. Pas de tiédeur en 38 ans de politique pour Ivan Collendavelloo.

Chez les Mauves – le parti où il a milité pendant 32 ans –, la légende veut que lors des réunions des instances du parti, suivant une déclaration de Paul Bérenger, seules deux fortes têtes étaient capables de lancer : «Sa enn k… sa, mo pa dakor.» L’une d'elles s’appelle Ivan Collendavelloo.

Il est alors perçu comme plus proche de Jayen Cuttaree, aujourd’hui décédé, et de Jean Claude de l’Estrac que de Paul Bérenger. C’est Jean Claude de l’Estrac qui déploie beaucoup d’efforts pour expliquer que le prénom «Ivan» se prononce à l’anglaise et non à la française.

Les désaccords d’Ivan Collendavelloo avec le leader des Mauves culminent avec sa démission de toutes les instances du Mouvement militant mauricien (MMM) en avril 2014. Enough is enough. Le projet d’alliance entre le parti du cœur qu’il rejoint après le 60-0 de 1982 et le Parti travailliste est, pour lui, inacceptable.

Il tourne la page d’une série d’élections sous la bannière du MMM. Ivan Collendavelloo préside le National Remuneration Board de 1982 à 1983 et est membre du «sénat» de l’université de Maurice de 1980 à 1983. Il est élu pour la première fois de 1983 à 1989. Puis, réélu de 1991 à 1995, accède au passage au titre de secrétaire général du MMM, avant d’être élu à nouveau en 2000.

Deux mois après avoir démissionné du MMM, il fonde le Muvman Liberater (ML). Autour de lui : Anil Gayan, Ravi Rutnah, Toolsyraj Benydin. Eddy Boissézon quittera le parti pour devenir vice-président de la République.

Candidat face à son ancien leader, Paul Bérenger, dans son fief au nº19 (Staley–Rose-Hill), Ivan Collendavelloo est élu en tête de liste en 2014. Partenaire minoritaire d’une alliance, le voilà vice-Premier ministre, ministre de l’Énergie et des services publics.

Quand le Parti mauricien social-démocrate quitte l’alliance, il devient Premier ministre adjoint, ministre de l’Énergie et des services publics de décembre 2016 à novembre 2019. Alors qu’il répète qu’il faut augmenter le tarif d’eau, le ministre sera finalement désavoué.

Réélu l’an dernier, Ivan Collendavelloo retrouve son maroquin ministériel. Élection contestée par voie de pétition électorale, par le Reform Party.

De l’homme de principe à l’homme… d’affaires

Ivan Collendavelloo se forge, à la fin des années 80, la réputation d’un homme de principe. En mars 1989, alors député, il démissionne de l’Assemblée nationale. Pourquoi ? C’est après que le Premier ministre d’alors, en réponse à une question parlementaire d’Arvin Boolell, révèle qu’Ivan Collendavelloo a apposé sa signature sur la demande de passeport de Sol Kerzner, le patron de la chaîne hôtelière sud-africaine Sun International. L’Afrique du Sud était encore sous le régime d’apartheid, contre lequel militait le MMM. Ivan Collendavelloo est battu lors de l’élection partielle qu’il a provoquée, par le néophyte Cyril Curé, candidat du MSM.

De 2014 à nos jours, le nom d’Ivan Collendavelloo sera cité dans une série d’affaires. En 2018, il dira «être fier» d’avoir proposé le nom d’Ameenah Gurib-Fakim comme présidente de la République. Nous sommes en pleine tempête concernant les liens entre Ameenah Gurib-Fakim, le Planet Earth Institute et l’homme d’affaires très controversé Àlvaro Sobrinho.

À propos de cet Angolais aux transactions troubles, Ivan Collendavelloo avait marqué les esprits en déclarant, en avril 2017, qu’il a suffi qu’il «regarde Sobrinho dans les yeux pour savoir que son argent est propre».

Le «père» de l’ICAC

D’abord avocat au parquet, Ivan Collendavelloo exerce cette profession depuis 1978, après des études de droit à Aix-en-Provence. Senior Counsel à la tête des Collendavelloo Chambers, il s’est taillé une solide réputation dans le droit commercial et criminel. Il est l’avocat de Bernard Maigrot, principal suspect du meurtre de la styliste Vanessa Lagesse.

Dans un autre ordre d’idées, Ivan Collendavelloo a présidé le «Select Committee on fraud and corruption», dont le rapport a été soumis en décembre 2001. Ce rapport contient les prémices de l’Independent Commission against Corruption (ICAC). Il signe aussi le rapport du «Select Committee on the Introduction of a Measure of Proportional Representation in Our Electoral System» déposé en 2004. L’an dernier, Ivan Collendavelloo a fait parler de lui quand un huissier a voulu lui remettre, à son bureau, une copie d’une pétition électorale. 

D’où lui vient le surnom de chihuahua ?

En septembre 2016, il y a de l’eau dans le gaz entre deux ministres : Ivan Collendavelloo et Roshi Bhadain. Celui-ci, alors ministre des Services financiers, écrit sur Facebook : «In any sport, it is tough to play a ball with a sleeping chihuahua and work hard for the team at the same time.»