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Raisonnement paresseux

7 juin 2020, 09:26

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Raisonnement paresseux

Nous avons tous entendu ou bien déjà dit une fois : «peu importe ce que je vais faire, ce qui doit arriver arrivera». On tient ce genre de propos dans n’importe quelle situation, et on justifie, du moins pense-t-on, tout type de comportement. Lorsqu’on dit cela, on suppose que ce qui compte, c’est ce que je décide de faire au moment présent, et peu importe les conséquences, car, en définitive, ce qui doit arriver finira par se produire. Les penseurs de l’Antiquité appelaient ce genre de raisonnement «la raison paresseuse», et Leibniz, au 17e siècle le nommait le «sophisme du paresseux».  Rappelons qu’un sophisme est un raisonnement faux, ou plus exactement un raisonnement qui a une apparence vraie, mais qui se révèle faux dans ses conséquences. Il est bien entendu que lorsqu’on fait ce type de raisonnement, on ne se rend pas toujours compte de son côté tronqué. C’est pour cela qu’il paraît tout à fait normal et semble obéir aux lois de la logique. Mais qu’est-ce qui cloche, alors, là-dedans.

Prenons le même type de raisonnement, et voyons un contenu différent. Si quelqu’un qui ne sait pas nager, et qui, pour une raison quelconque, décide de se jeter à l’eau (il a très chaud), on trouvera ça absurde ou inconscient. Et si, en plus, la personne disait que «ce qui doit arriver arrivera, et si je dois me noyer, je me noierai», on le déclarerait comme fou. Et bien il s’agit du même raisonnement. Mais l’arrière-fond de cette pensée est, en fait, très lourd. Car on a derrière (ou même devant) l’idée que l’avenir est déjà écrit, et que quoi que j’y fasse, ce qui doit arriver arrivera. Que l’on y mette, d’ailleurs, le destin ou l’omniscience divine, cela semble une idée simple et allant de soi. En fait, il faut voir que le défaut du sophisme réside dans le fait qu’il est faut de dire que l’évènement arrive «quoi qu’on fasse», mais qu’il arrivera «parce qu’on fait» ce qui y mène. En effet, on voit ici que nos actes vont causer des conséquences, provoquaient des choses, et si on n’avait pas agi dans ce sens, il n’y aurait pas eu ces conséquences, mais d’autres. En définitive, quoi que nous fassions, ce qui doit arriver arrivera… par ce que nous avons fait.