Publicité

L’amour au temps du coronavirus, cela peut aller très vite

29 mai 2020, 16:38

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

L’amour au temps du coronavirus, cela peut aller très vite

 

«Vous pouvez retirer votre masque et embrasser la mariée». Deux septuagénaires américains, qui avaient décidé de passer leur confinement ensemble après un seul tête-à-tête, ont convolé jeudi en justes noces.

«En temps normal, on en serait encore à l’heure des rendez-vous galants», relève Linda Delk, 72 ans, la main serrée dans celle d’Ardell Hoveskeland, 78 ans.

Mais le nouveau coronavirus les a forcés à passer à la vitesse supérieure, alors que leur histoire n’en était qu’à ses balbutiements.

Tous les deux éprouvés par la perte d’un conjoint en 2019, ils se sont croisés pour la première fois fin février à la Peace Lutheran Church d’Alexandria, près de Washington, pour la Chandeleur.

«Il m’a saluée, il m’a plu et on a aidé à ranger ensemble à la fin», raconte Linda. «Une semaine plus tard, on s’est retrouvés pour une soirée loto, on était à la même table, on a pu discuter», ajoute Ardell.

Le couple convient de se revoir pour un déjeuner. «Ça a été notre seule sortie romantique», souligne l’ancien ingénieur en transport urbain. Deux jours plus tard, les autorités appelaient en effet la population à se calfeutrer chez elle.

Eu égard à leur âge, les deux tourtereaux ne s’imaginaient pas défier les règles. «Mais on a tous les deux réalisé qu’on avait besoin d’un partenaire», confie Ardell.

Aussitôt dit, aussitôt fait, sa tendre amie emménage chez lui. «Ça semblait être la chose la plus naturelle au monde», s’amuse cette retraitée de l’université Gallaudet pour sourds et muets.

L’aventure était risquée, «mais on ne s’est jamais sentis pris au piège», dit-il. «On a fait beaucoup de choses que l’on aime tous les deux»: marcher, regarder des vieux films, discuter...

- Une folie -

Un jour, en écoutant un service religieux, le couple se sent saisi de la même émotion. Elle évoque leur relation.

«Est-ce que tu viens de me demander en mariage?» rétorque-t-il, sans trop savoir qui a vraiment fait le premier pas.

«On est immédiatement allés dans une bijouterie commander des bagues, on les a eues le dernier jour avant que la boutique ne ferme complètement», raconte-t-il.

Jeudi, tout endimanchés, ils ont échangé ces anneaux devant leurs proches connectés via le service de téléconférence Zoom. Une amie australienne s’était même levée en pleine nuit pour suivre la cérémonie en direct.

«Dans la tradition chrétienne, vous êtes en train de faire une folie», a plaisanté la pasteure Sarah Scherschligt, en essuyant une larme venue s’écraser sur son masque. Il y a une raison à son émotion. «En septembre, j’ai enterré la femme d’Ardell», confiera-t-elle ensuite à l’AFP.

En février, elle lui avait conseillé de discuter avec Linda. «Nous les pasteurs, nous jouons toujours un peu aux marieurs, nous aimons voir nos fidèles heureux», reconnaît-elle. Mais jamais elle n’aurait imaginé les unir aussi vite.

«Ils se sont connus rapidement mais aussi de manière plus restreinte», souligne-t-elle. Elle remarque par exemple que Linda n’a jamais rencontré la fille d’Ardell. «Il leur reste beaucoup de découvertes à faire, mais je ne les aurais pas mariés si je ne pensais pas qu’ils formaient un beau couple».