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Questions à Jonathan Chimier: «La gestion des émotions en amont me semble être importante»

27 mai 2020, 10:53

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Questions à Jonathan Chimier: «La gestion des émotions en amont me semble être importante»

Se soutenir de manière concrète sans passer outre les directives de l’Etat. C’est l’attitude qu’a adoptée Jonathan Chimier, ancien athlète, recordman national du saut en longueur et responsable du service enfance à la mairie de Paris. Il vit la crise sanitaire de la Covid-19 avec philosophie en renforçant les liens familiaux tant au sein de son foyer qu’avec ses proches à Maurice.

 

Le confinement est quasi planétaire. Dans vos cauchemars les plus fous, avez-vous déjà songé de vivre une telle situation ?
Le monde a connu plusieurs événements tragiques dans le passé. Par exemple, la peste noire de l’an 1347 à 1352 en Europe a éliminé 25% à 50% de ses habitants, notamment 7 millions de victimes sur les 17 millions de Français de l’époque. La grippe espagnole s’est répandue de 1918 à 1919. Le choléra en 1832, qui a fait plus de 100 000 victimes en France et plus d’un million en Europe. La propagation de la Covic-19 est une suite d’événements qui annoncent aussi l’avenir. Le monde doit s’attendre à faire face à d’autres événements.

Vous êtes à Paris. Pouvez-vous nous faire un état des lieux ? Comment est-ce que les Parisiens vivent le confinement ? Comment s’adaptent-ils à ce nouveau mode de vie et aux restrictions ?
Depuis l’annonce du président français le 15 mars dernier, cela a provoqué durant la première semaine un vent de panique dans certaines villes. J’ai pu constater que certains rayons dans les supermarchés étaient quasiment vidés. Les Parisiens vivent le confinement chacun d’une manière différente. Pour certains, c’est une opportunité, pour d’autres un inconvénient qui engendre d’autres difficultés. La question est plutôt de se dire comment faire pour se soutenir dans ces moments-là de manière concrète sans pour autant passer outre les directives de l’Etat. Pensons aux familles qui ont perdu un ou plusieurs membres dans cette épidémie.

«Nous passons plus de temps en famille à faire du jardinage, du sport, de la lecture et surtout à prier pour la nation.»

Votre famille et vous, vous étiez-vous préparés à cela ?
Nous sommes conscients que des événements tragiques peuvent arriver. Une préparation de la gestion des émotions en amont me semble être importante. Car chacun ne gère pas la crise de la même manière. C’est aussi une façon pour moi en tant que père de famille de protéger mes proches à travers les relations.

Comment vivez-vous le confinement quotidiennement ? Comment est-ce que vous accompagnez vos enfants dans ces moments difficiles ?
Le quotidien n’est pas évident. Notamment la gestion des devoirs envoyés par les enseignants. J’en profite pour remercier ces personnes qui font un travail formidable auprès de nos enfants. Nous passons plus de temps en famille à faire du jardinage, du sport, de la lecture et surtout à prier pour la nation.

Parvenez-vous à faire quelques exercices physiques malgré le confinement ?
Nous avons la chance d’être dans une maison individuelle qui nous permet d’avoir de l’espace pour effectuer quelques séances dans le jardin. Comme je mentionnais plus haut, nous faisons du sport en famille, chacun à son rythme.

Comment tenez-vous le coup sur le plan moral ?
Je suis conscient que c’est une période difficile. Cependant, je m’applique et me réconforte en prenant le temps dans la méditation, à travers la Bible, en priant en famille. L’occasion pour moi de renforcer plus que jamais les relations et de consolider les liens entre nous pour entamer la suite de l’histoire.

Vous avez de la famille à Maurice. Suivez-vous la situation ici via les sites d’information locaux, les réseaux sociaux, WhatsApp ?
Effectivement. Nous avons déjà fait plusieurs rencontres par WhatsApp pour maintenir le contact. Je vous avouerai que les informations au niveau mauricien me parviennent par internet et j’essaie d’être plus attentif aux informations françaises afin d’anticiper l’organisation de la maison et de mon travail.

Etes-vous en contact régulier ? Etes-vous inquiet ? Vous soutenez-vous mutuellement ?
Bien sûr. Étant donné que les personnes avancées en âge sont plus exposées, j’appelle ma famille pour avoir des nouvelles, notamment de mon papa qui est âgé de 83 ans. Nous mettons tout en œuvre pour nous protéger afin de ne pas créer de l’inquiétude.

Les Jeux olympiques ont été reportés d’une année. Estimez-vous que ce soit une bonne et sage décision ?
Une décision de cette envergure me semble évidente afin de protéger les athlètes. La sécurité des participants dans tout événement est capitale. Cette décision aura forcément un impact auprès des athlètes ainsi que des fédérations qui ont préparé les Jeux plusieurs années à l’avance.

Vous qui avez été en finale du saut en longueur aux JO d’Athènes en 2004, parlez-nous des implications d’une telle décision pour les sportifs, les entraîneurs, les fédérations, les sponsors ?
Le contexte actuel est particulier. La décision de reporter les Jeux olympiques n’est pas une décision facile pour les dirigeants. Cela demandera une forte mobilisation en termes de communication envers les sportifs, les entraîneurs, les fédérations et les différents acteurs du sport pour expliquer le pourquoi de cette décision. Malgré le fait que l’information circule de manière continuelle au niveau des médias. Il est fort probable que l’explication leur est déjà parvenue à l’heure où je vous parle.

Le confinement, la fermeture de tous les espaces sportifs, l’annulation ou le renvoi des manifestations sportives, le report des Jeux olympiques : c’est du jamais vu͙…
Il ne faut pas oublier que les Jeux olympiques de 1944 ont été annulés à cause de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, la fermeture de tous les espaces sportifs est, pour ma part, une première.

Il faudra aux sportifs de haut niveau une volonté à toute épreuve et une force de caractère hors du commun pour pouvoir s’accrocher et se maintenir au meilleur de leur forme͙…
Tout à fait. Cette pandémie a impacté la préparation du monde sportif dans son ensemble. Pour ceux qui ont la capacité et surtout les moyens de se maintenir en forme chez eux, ce sera pertinent. Mais je suppose que ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. L’accompagnement des sportifs durant et après le confinement doit être pensé en amont.

Si la vie reprend son cours normal dans quelques semaines, pensez-vous que le sport de haut niveau parviendra à rattraper le coup, à se remettre dans le rythme ?
Le rattrapage ne sera pas forcément évident. Néanmoins, la reprise, selon moi, doit se faire avec prudence et précaution. Après plusieurs mois de confinement, le corps doit reprendre progressivement le rythme. Puis adapter le niveau pour une préparation optimale. Le haut niveau demande de la rigueur, de la patience et énormément de persévérance. Ces qualités seront, pour chacun, des armes afin de repartir sur de bonnes bases.