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Déconfinez, respirez: premier week-end post-confinement en France sous conditions

16 mai 2020, 15:52

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Déconfinez, respirez: premier week-end post-confinement en France sous conditions

Enfin un peu d’air! Au vert, à la mer ou à la montagne, les Français ont commencé dès samedi matin à profiter de l’extérieur pour le premier week-end post-confinement, mais sous conditions et sous l’oeil d’autorités appelant à la prudence face au coronavirus.

Fermés pendant près de deux mois, des sites emblématiques - Mont Saint-Michel, sanctuaire de Lourdes - sont de nouveau accessibles, mais à des visiteurs de proximité, les escapades n’étant autorisées que dans la limite de 100 km, et dans le respect des gestes barrière.

Car si l’épidémie reflue, les scientifiques s’accordent à considérer qu’aucun bilan ne pourra être tiré avant au moins deux semaines sur la trajectoire de la propagation du virus et une éventuelle «deuxième vague».

Mais samedi, ce n’est pas à cette vague-là qu’ont voulu penser ceux qui habitent dans des régions côtières, de la Méditerranée à l’Atlantique.

A Nice, il n’était pas 8 heures quand les premiers baigneurs ont investi, malgré un soleil voilé, une plage qui leur était refusée depuis deux mois.

«On est comme des drogués, on était impatients parce qu’on se baigne ici toute l’année», souffle Gilles, un sexagénaire à la retraite, avant de s’élancer dans une eau à 16°C.

«C’était le supplice de Tantale d’avoir une plage comme ça et de ne pas pouvoir y aller», ajoute Maya, la soixantaine également, en se frictionnant après un premier bain rapide mais qui l’a fait se sentir «revivre».

En Nouvelle-Aquitaine, bordée par 720 km de littoral, des dizaines de communes ont déconfiné leurs plages dès samedi matin en Gironde, en Charente-Maritime, comme à l’île de Ré, ainsi que dans les Landes et sur la côte basque.

Sur ces côtes, les adeptes de surf vont pouvoir ressortir leur planche, à condition de «respecter les consignes, toutes les consignes», prévient la Fédération française de surf dont le siège est à Hossegor (Landes).

Pas question en effet de bronzer ou de pique-niquer: les plages sont réservées à un usage «dynamique», ont prévenu les autorités, qui y ont prohibé sports et jeux collectifs.

Surmortalité en baisse

De la grande bleue au Mont Blanc: dès 8 h, les premiers mordus de haute montagne se sont pressés au téléphérique de l’aiguille du Midi à Chamonix pour se transporter à 3.842 m d’altitude. Gantés, casqués et... masqués, dans les bennes en tous cas, pour respecter les mesures sanitaires.

Certains sont partis en ski de randonnée ou de free ride pour descendre la Vallée Blanche, d’autres ont préféré la randonnée glaciaire accompagnés de guides.

Dernière possibilité, goûter simplement au soleil des hauteurs quand la vallée est dans la brume. «Ça fait du bien de voir d’autres paysages», résume Jacques Ouziel, Chamoniard monté admirer la vue malgré ses béquilles.

La Compagnie du Mont Blanc s’attendait à monter entre 300 et 400 personnes samedi contre 1.500 à 2.000 en temps normal. «On relance la machine après deux mois de confinement», s’est réjoui Mathieu Dechavanne, son PDG.

Et même s’ils n’habitent pas à la mer ni à la montagne, les urbains vont pouvoir renouer avec la verdure dans leur région. En Île-de-France, la région a rouvert 39 forêts publiques.

Le bilan quotidien de l’épidémie a baissé vendredi avec 104 nouveaux décès en 24 heures, contre un pic à plus de 600 début avril, portant le total à plus de 27.500 morts depuis le 1er mars. Surtout, le nombre de patients en réanimation diminue régulièrement (-96 patients vendredi).

Autre signe de décrue: l’Insee a annoncé que la surmortalité en France s’établissait à 22% entre le 1er mars et le 4 mai par rapport à la même période de 2019, un indicateur en baisse (27% au 20 avril).

«Du flouze, du pèze»

Ce premier week-end de déconfinement est aussi une veille de rentrée pour les collégiens de 6e et 5e résidant en zones «vertes», après celle des maternelles et des primaires.

Cependant, l’annonce vendredi du décès à Marseille d’un enfant de 9 ans n’est pas pour rassurer les parents inquiets: il s’agit du premier dans l’hexagone à succomber à cette forme proche de la maladie de Kawasaki, décrite chez de jeunes patients ayant été en contact avec le coronavirus.

A ce jour, 144 cas ont été répertoriés, selon la Direction générale de la santé.

Pour l’avenir, tous les espoirs se tournent vers un éventuel vaccin. Mais il n’est pas espéré avant 18 mois, a jugé samedi la ministre de la Recherche Frédérique Vidal, contredisant le président américain Donald Trump, selon qui ce serait possible d’ici à la fin de l’année.

La veille, en visite surprise à la Pitié-Salpêtrière, un des grands hôpitaux parisiens, le président Emmanuel Macron s’est fait interpeller par les personnels soignants. Une infirmière lui a réclamé «du flouze, du pèze, de la fraîche: on veut de l’argent!».

Applaudis chaque soir par le public et glorifiés par les politiques, les soignants attendent toujours la prime promise fin mars par le chef de l’Etat.

Le décret paru vendredi attribue une «prime Covid» de 500 euros à tous les personnels hospitaliers et 1.500 pour ceux au front dans les 40 départements les plus touchés et les établissements concernés par l’épidémie.

Autre «priorité nationale» selon le Premier ministre Edouard Philippe, le sauvetage du secteur du tourisme. Il représente deux millions d’emplois et 7% d’un PIB déjà torpillé par la pire récession depuis la Seconde guerre mondiale.

Dans un paysage économique bien morne, Amazon a finalement conclu vendredi soir un accord avec les syndicats pour rouvrir en toute sécurité et progressivement ses six entrepôts en France. Ils étaient fermés depuis le 16 avril en pleine épidémie de coronavirus à la suite de deux décisions de justice.