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Coronavirus: l’Europe s’offre une bouffée d’air, la récession se confirme

15 mai 2020, 15:45

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Coronavirus: l’Europe s’offre une bouffée d’air, la récession se confirme

Des cafés qui rouvrent de Vienne à Sydney et des Français qui s’apprêtent à vivre leur premier week-end déconfiné: la vie tente de reprendre son cours sur une planète paralysée par la pandémie, qui a fait plus de 300.000 morts et poursuit sa course notamment aux Etats-Unis et en Russie.

Plus de cinq mois après l’apparition du coronavirus en Chine, le monde s’habitue à l’idée de vivre durablement avec ce fléau, qui selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pourrait «ne jamais disparaître».

Et les efforts s’intensifient pour tenter de relancer des économies entrées dans une récession sans précédent. Locomotive européenne, l’Allemagne a confirmé vendredi une chute de 2,2% de son activité au premier trimestre, avec un recul attendu de 6,3% pour l’ensemble de l’année.

Selon l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le commerce mondial devrait enregistrer «des baisses à deux chiffres» en volume dans presque toutes les régions du monde.

Dans ce contexte, les ministres des Finances de la zone euro devaient se réunir vendredi pour discuter de la riposte à la crise, les 27 peinant toujours à s’entendre sur une solution commune.

Pionnière en matière de déconfinement, l’Autriche a franchi une étape symbolique importante vendredi avec la réouverture de ses restaurants et de ses emblématiques cafés viennois.

Fanny et Sophie, deux étudiantes âgées de 19 ans, attendaient avec impatience de pouvoir reprendre leurs habitudes au Café Goldegg, près du musée du Belvedere.

«Cela a été dur pour nous que ce soit fermé tout ce temps, ça nous a manqué et on va revenir aussi souvent que possible», expliquent-elles, attablées autour d’un robuste petit-déjeuner.

Fatal dentifrice

En Australie ou à Berlin, la réouverture des restaurants était également attendue avec impatience.

Premier pays d’Europe à déclarer la «fin» de l’épidémie sur son sol, la petite Slovénie a annoncé une réouverture de ses frontières.

Partout dans le monde, distanciation sociale et gestes barrières restent de rigueur.

Entrée en déconfinement le 11 mai, la France, un des pays les plus endeuillés au monde avec plus de 27.000 morts, se prépare à connaître son premier week-end au vert. De nombreuses plages ont été autorisée à rouvrir et le Premier ministre Edouard Philippe a invité la population à commencer à songer à ses congés d’été.

Mais les restrictions restent nombreuses: les déplacements sont limités à un rayon de 100 km, ce qui interdit notamment l’accès du littoral aux Parisiens.

Ce pays a par ailleurs annoncé vendredi la première mort d’un enfant atteint d’une forme proche de la maladie de Kawasaki, considérée comme probablement liée au Covid-19.

L’Allemagne pour sa part s’apprête à relancer ce week-end son championnat de foot, mais dans des stades vides et suivant un cahier des charges sanitaire draconien.

L’entraîneur d’Augsbourg, Heiko Herrlich, l’a appris à ses dépens: il sera privé de match samedi pour être sorti acheter du dentifrice en violation des règles de quarantaine de son équipe. «J’ai fait une erreur en quittant l’hôtel», a reconnu le technicien de 48 ans.

Venise sans pigeons

Aux Etats-Unis, pays le plus touché avec plus de 85.000 morts, le président Donald Trump a invité les citoyens à «retourner au travail». Le chômage affecte près de 15% de la population active est au chômage, un record.

Les plages autour de Los Angeles ont rouvert. Mais New York, la capitale économique du pays, reste à l’arrêt. Avec plus de 20.000 morts, il lui faudra attendre jusqu’en juin au moins pour savoir quand ses commerces et restaurants pourront rouvrir.

Une mise à l’arrêt ressentie douloureusement par de nombreux habitants. «Toutes les raisons pour lesquelles on est (à New York) - restaurants, concerts, etc.. - ont disparu», explique Hans Robert, 49 ans, cadre informatique.

En Italie, où certaines plages rouvrent également après des semaines de confinement, l’absence d’activité touristique se fait particulièrement sentir à Venise, où même les pigeons ont déserté la place Saint-Marc, faute de visiteurs pour les nourrir. «Sans touristes, Venise est une ville morte», constate Mauro Sambo, un gondolier de 66 ans.

En Afrique, les conséquences pourraient être encore bien plus dévastatrices, selon une étude de l’OMS publiée vendredi. Jusqu’à présent relativement épargné avec moins de 2.500 décès recensés officiellement, le continent pourrait enregistrer jusqu’à 190.000 morts.

«Génocide» au Brésil

Au Bangladesh, la découverte d’un premier cas dans un des immenses camps de réfugiés rohingyas fait craindre un «scénario cauchemar», selon les termes d’un collaborateur de l’ONG Refugees International, Daniel Sullivan.

Au Brésil, où la pandémie se répand notamment parmi les populations les plus pauvres, l’ex-président Lula a dit redouter «un génocide», pointant l’opposition farouche de son successeur, Jair Bolsonaro, aux mesures de confinement.

En Russie, où quelque 10.000 nouvelles contaminations sont détectées chaque jour, la mairie de Moscou a annoncé un plan de dépistage d’une ampleur «unique au monde».

Lueur d’espoir : un vaccin pourrait être disponible dans un an, selon un scénario «optimiste» de l’Agence européenne du Médicament (EMA).

Plus de 100 projets ont été lancés dans le monde et une dizaine d’essais cliniques sont en cours pour tenter de trouver un remède contre la maladie.

Le président français Emmanuel Macron a réclamé qu’un vaccin ne soit pas soumis «aux lois du marché». L’UE a insisté pour qu’il soit «un bien d’utilité publique», avec un accès «équitable et universel».

A Washington, Donald Trump s’est de nouveau emporté contre la Chine, qu’il accuse d’avoir caché l’ampleur de l’épidémie sur son sol. Il a menacé de «rompre toute relation» avec Pékin et assuré qu’il refusait désormais de parler à son homologue Xi Jinping.