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Opinion. Liste noire: le début de la fin ?

11 mai 2020, 13:49

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Opinion. Liste noire: le début de la fin ?

«Le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé, qui aurait pu s'imaginer que le temps se serait si vite écoulé, on fait le bilan.» Hey oui, cher peuple admirable, à l'instar de Neg' Marrons, l'heure est véritablement au bilan pour nous aussi. Aux dernières nouvelles, on nous avait promis un deuxième miracle économique, au final le pays risque la faillite.  Covid-19 dites-vous? Pas que, je parle moi de la liste noire des centres financiers de la Commission européenne. 

En effet Mauriciens, vos prochaines vacances il faudra peut-être les prévoir sous le ciel de nos nouveaux pays amis; la Syrie, l'Afghanistan et l'Irak et le Zimbabwe entre autres.

On ne va pas tourner autour du pot, ce que cette liste veut dire c'est que Maurice semble t-il n'arrive pas malgré les bla-bla de nos dirigeants en costume-cravate, à lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ne vous y méprenez pas, à voir les réactions outrées de nos dirigeants qui disent ne pas avoir été prévenu de cette décision, on pourrait croire que c'est l'Europe qui se retrouve sur la liste noire de la très importante Ile Maurice. Or, la  conséquence de nos 'pool party' avec les Sobrinho, dos Santos et autres 'gentlemen' du monde des affaires, couplé au Covid-19, est que le pays risque une crise économique digne d'un scénario-catastrophe d'une fiction Netflix, si on ne rectifie pas très vite le tire. Si depuis le dernier rapport, Maurice a apporté des amendements à son cadre légal pour être aujourd’hui en conformité avec 35 des 40 recommandations exigées par la FATF, nous devons faire encore plus d'efforts, et cela très vite. 

Avec l'arrêt des activités économiques à cause du Covid-19, nos réserves en devises étrangères s'en retrouvent mises à mal sans compter les plans d'aide qui se chiffrent en milliards et qui creuseront davantage le déficit budgétaire d'un pays dont les revenus accusent une importante baisse. 

L'impact direct que nous pouvons déjà constater est la dépréciation de la roupie. Résultat, préparez-vous à ce que votre note de supermarché déjà salé devienne plus que pimentée.

Avec cette toile de fond, si pour le premier semestre de 2019 par exemple, nous avons eu un total de Rs 10,6 milliards en investissements directs étrangers, les choses pourrait se compliquer pour la suite.  

En effet, se retrouver sur la liste noire de la Commission européenne comporte des risques. Prenons l'exemple des investisseurs qui transitent leurs fonds par Maurice, ils pourraient simplement aller voir ailleurs. Je fais ici également référence à tous les types d'investissements directs étrangers, incluant les institutions étrangères d'aides publics qui subventionnent les projets mauriciens. Ceux qui ont des dépôts en devises étrangères dans nos banques, peuvent aller voir ailleurs, ceux qui envisageaient d'investir à Maurice, peuvent aussi voir ailleurs par un simple click de leur MAC, de peur de se mettre la Commission européenne à dos. Donc effet domino, pas d'IDE, pas de devises étrangères, dépréciation de la roupie et votre chou-fleur coutera deux fois plus cher. 

Quid de l'impact sur le secteur bancaire? Pour commencer, les banques étrangères, surtout européenne qui opèrent à Maurice risquent de bien vite plier bagage. Donc, les banques locales pourraient se retrouver en situation délicate avec en plus de cela, la possibilité de retrait des dépôts des investisseurs étrangers.  Bien évidemment, les banques locales ne disposent probablement pas de liquidité suffisante pour rembourser les dépositaires étrangers et ne pourront peut-être pas non plus attendre de se faire rembourser les loans accorder pour repayer ceux qui veulent retirer leurs argents. 

L'autre option serait d'emprunter à des banques internationales, mais qui voudra prêter des milliards au secteur bancaire d'un pays blacklisté? 

Autre répercussion, il est probable que les pays européens d'ou nous importons certains produits ne voudront pas de notre argent «pas sure» au moment de passer à la caisse. L'exportation vers l'Europe se retrouve donc aussi en danger. 

Si nous parlons ici des 'worst-case scenarios' éventuel, il est important d'y accorder de l'importance. 

Ironiquement moi, c'est cette mélodie qui me vient en tête, «Il y a le ciel, le soleil et la mer», car c'est vraiment tout ce qu'il nous restera si on ne réagit pas très vite!