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Maurice sur la liste noire des centres financiers de la Commission européenne

7 mai 2020, 16:50

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Maurice sur la liste noire des centres financiers de la Commission européenne

C’est confirmé : Maurice figure sur la liste noire des centres financiers de la Commission européenne, rendue publique ce jeudi 7 mai. Cela, parce qu’elle estime que le pays n’a pas fait la démonstration de sa capacité réelle à lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette nouvelle avait été ébruitée par l’agence de presse internationale Reuters sur son site web le 5 mai.

Déjà à l’annonce de cette possibilité, Marc Hein, Senior Counsel et fondateur du cabinet d’avocat d’affaires Juristconsult, est d’avis que démarche est injuste. «Surtout en cette période difficile que traverse le monde entier. Il nous faut utiliser notre diplomatie et nos relations avec l’Union européenne pour expliquer que Maurice n’est pas ce centre de blanchiment que certains peuvent penser.» Et d’ajouter toutefois que cela était prévisible, vu que Maurice a été placé sur la liste grise du Groupement d’action financière.

Mahen Seeruttun, ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, a pour sa part souligné qu’il compte faire le suivi de toute cette affaire. Mais a, dans une première réaction, indiqué qu’il est déplorable que la Commission européenne n’ait pas eu des consultations avec les pays concernés avant de prendre une telle décision. «Elle s’est simplement alignée sur la position de la Financial Action Task Force. La décision prend effet en octobre. Si d’ici là, le pays aura  pallié ces déficiences, la commission européenne révisera sa position.»

Jusqu’ici, c’est dans les domaines de la lutte contre la présence des activités associées au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme que Maurice n’est pas encore parvenu à stabiliser sa position aux yeux des responsables de la Financial Action Task Force ( FATF), également connu dans les pays francophones comme le Groupe d’action financière. Une situation qui a valu au pays le qualificatif «non-compliant».

La FATF est un organisme d’une importance capitale pour les 39 pays qui en sont membres. Son rôle principal : veiller à ce que les centres financiers ne deviennent pas un réseau où les détenteurs de l’argent sale et les personnes finançant les activités liées au terrorisme opèrent sans crainte. La puissance de cette organisation intergouvernementale est telle que le Securities and Exchange Board of India (SEBI), organisme régulateur indien du marché des valeurs mobilières et des matières premières, n’a pas hésité à refuser à attribuer le droit d’être classifié dans la catégorie 1 des Foreign Portfolio Investors qui sont originaires de l’île Maurice. Cela découle de la réputation peu reluisante dont jouit Maurice auprès de la FATF.

Il a fallu une garantie formelle du gouvernement indien se prévalant des relations excellentes qu’il a avec le gouvernement de Maurice pour que le SEBI change sa position. Ce qui ne signifie nullement que le SEBI a cédé du terrain en matière d’exigences émanant de la FATF. Autrement dit, l’octroi de cette faveur se situe dans le cadre des accords entre gouvernements de Maurice et de l’Inde.

Ce changement, ou plutôt l’intégration de cette nouvelle disposition dans les règles du SEBI, est le résultat d’intenses échanges au plus haut niveau entre l’Inde et Maurice. Le Premier ministre mauricien s'est jeté de tout son poids dans cette affaire afin que les sociétés d’investissement étrangères implantées à Maurice puissent bénéficier de ce traitement de première classe aux yeux des responsables du SEBI.

Ci-dessous le rapport de la Commission européenne:

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