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Evénements: ces mariages ou concerts qui n’auront pas lieu…

3 mai 2020, 21:34

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Evénements: ces mariages ou concerts qui n’auront pas lieu…

24 juillet 2020. Telle est la date prévue de leur mariage. Mais Francesca et Jean-Luc Sookahet seront fixés sur l’issue de cet heureux événement d’ici quelques jours. «On prendra une décision finale avec le prêtre la semaine prochaine. On se préparait depuis un peu plus d’un an. Nous n’avons pas prévu de nouvelle date pour le moment. Bien sûr, s’il nous faut reporter, nous serons un peu tristes et déçus», confie la jeune femme. D’autant plus que plusieurs invités allaient venir de l’étranger pour assister au mariage. «C’est vrai que cela chamboule pas mal de choses», ajoute-t-elle.

Comme eux, d’autres couples sont dans la même situation. Elizenne et Romain, originaires du Sud de La Réunion, devaient s’unir sous nos cieux le 9 mai 2020. Ils devaient d’ailleurs prendre l’avion pour Maurice le vendredi 1er mai. «Nous avons décidé de reporter le mariage au 7 mai 2021. La cérémonie civile se fera sur la plage du Sofitel Impérial, puis la cérémonie religieuse à l’église St-Marc, à Flic-en-Flac. Nous avons déjà pu bloquer la date pour l’an prochain. La réception aura lieu à l’hôtel. Kurslyne Sénèque, notre organisatrice de mariage, nous a soutenus dans cette décision de report du mariage. Sur le moment, nous étions déçus, surtout moi. Mais nous souhaitons rester positifs malgré tout», avance Elizenne.

Le couple se préparait depuis plus d’un an. Si les prestataires ont pu être décommandés par l’organisatrice, cela a été plus compliqué pour les invités. «Nous avons des convives de France et d’Irlande qui devaient venir célébrer ce magnifique moment avec nous. Ils avaient tous pris des congés, réservé des hôtels/ bungalows, pris des billets d’avion, etc. Ils ont dû annuler ou reporter», déplore la future mariée. La majorité des invités a pu trouver un accord avec les opérateurs, tandis que d’autres attendent le déconfinement pour être fixés.

D’ailleurs, comme l’observe Kurslyne Sénèque, responsable de Get In Touch Wedding and Event Planner, les mariages ne pourront être célébrés comme prévu suite à la pandémie. «Tout le monde reporte jusqu’en 2021 pour ne pas prendre de risques. De plus, les cérémonies devront comprendre une dizaine de personnes. Mais je doute fort que les gens feront un mariage avec si peu d’invités.» Elle soutient que les clients ont été compréhensifs et rassurent sur le fait qu’ils n’abandonnent pas l’idée de se marier. Ils reportent uniquement, en attendant que la situation s’améliore.

En effet, le père Octavian Masao de la Congrégation du Saint-Esprit, responsable de la paroisse de Saint- Jean, à Quatre-Bornes, mentionne plusieurs reports de mariages. Ceux prévus en avril et mai ont été reportés à l’an prochain. Tandis qu’un autre, programmé en août, a été reporté à décembre 2020. Que va-t-il se passer pour la célébration des unions au déconfinement ? Le prêtre affirme attendre un protocole de l’Évêque à ce sujet et les mesures de l’État.

«On ne peut pas rouvrir toutes les églises immédiatement après le confinement. Cela causera des problèmes. Au niveau des paroisses, si les mariages seront autorisés, on ne pourra pas accepter beaucoup de convives. La distanciation sociale sera maintenue comme le gouvernement nous le dit.»

Quid des autres rassemblements religieux ? Pour les messes, par exemple, le père Octavian Masao dit qu’on envisage la désinfection des mains et le port de masques. En ce qui concerne les funérailles, le rituel à l’église n’a pas lieu actuellement. Toutefois, l’enterrement est maintenu, mais sous restrictions. «Seuls deux enterrements ont lieu le matin. Le cimetière ne sera pas ouvert pour ceux voulant déposer les fleurs sur les tombes. Ce sera fermé jusqu’à la fin de mai, excepté pour les enterrements. On va continuer avec le même groupe de travailleurs au cimetière. Au déconfinement, on rajoutera quelques effectifs et continuera progressivement.»

La catéchèse pas pour bientôt

De plus, l’assistance sera composée de cinq proches à la fois, précise le responsable de la paroisse de Saint-Jean. Pour les premières communions et confirmations, entre autres événements, les consignes sont en attente. Néanmoins, il est fort probable qu’un décalage soit effectif, ajoute notre interlocuteur. Car, en dépit de la reprise scolaire, la catéchèse, qui implique des regroupements d’enfants, ne pourra se faire de sitôt.

Pour sa part, l’Imam Arshad Joomun, membre du Conseil des religions, explique qu’actuellement, prières et célébrations se poursuivent à la maison. Les mosquées restent accessibles à l’Imam et au Muazzin, les deux personnes chargées de la prière. Aucun fidèle n’y est autorisé à cause du confinement. «Il faut maintenir les consignes sanitaires. Même si les mosquées s’ouvrent au déconfinement, définitivement, on devra garder la distance sociale», déclare-t-il.

Du côté de l’événementiel culturel, le Covid-19 oblige, d’importants changements s’imposent. «Le Premier ministre a indiqué que les rassemblements ne pourront avoir lieu. Je comprends les enjeux sur la santé. Nous avons affaire à un virus dangereux. Tout ce que nous avions prévu comme événements devra être reporté à 2021», explique Bruno Raya. Le chanteur organisait le Festival Reggae Zoue en juin et le fameux Reggae Donn Sa le 1er août.

La machinerie était déjà en marche. «J’allais mettre les billets en vente. Puis, est apparu le Covid-19, suivi du confinement. Par contre, la mise en place était déjà enclenchée. J’ai payé les artistes, à l’exemple du fils de Bob Marley, Ky Mani Marley, pour le Reggae Donn Sa», fait ressortir Bruno Raya. Le voilà maintenant contraint de faire marche arrière. Et le remboursement des frais déboursés ? «Je dois contacter les agents des artistes pour les informer. On ne sait pas ce qu’il adviendra des remboursements. Ou alors on reportera l’événement à une date ultérieure, à l’an prochain…» 

Dans la même lignée, plusieurs projets artistiques ont été mis en route par Jimmy Veerapin, directeur de Culture Events. «Le 9 mai, on prévoyait un concert avec Chronixx, une vedette jamaïcaine. Mais là, on est obligé de le reporter à 2021. Par contre, j’avais prévu d’autres concerts après le confinement», soutient-il. Une célébration pour la fête de la musique le 21 juin, l’Underground Rock Festival avec des artistes de La Réunion et de Madagascar du 7 au 8 août ou encore le One Live Music Festival du 2 au 3 octobre 2020 avec des grosses têtes-d’affiches internationales étaient au programme. Idem pour d’autres sessions mensuelles de rock dans des pubs.

Pour l’instant, Jimmy Veerapin attend les modalités du déconfinement pour la suite des événements. Néanmoins, il affirme que 2020 laisse une note (de musique) amère pour le secteur culturel. «Au lieu de faire des concerts, on devrait s’asseoir et voir ensemble comment planifier l’avenir culturel pour les prochains 50 ans. Il faut créer une vraie industrie musicale. Par exemple, dans le sport, il existe des fédérations pour le volley-ball, le football et d’autres disciplines. Il est temps que nous l’appliquions pour la culture, avec une reconnaissance, un statut et une spécialisation pour la musique, le théâtre, la peinture, entre autres», suggère-t-il.

Selon une étude que cite Jimmy Veerapin, huit pays sur dix soulignent que l’industrie musicale est le deuxième pilier de l’économie. Une reconsidération à laquelle Maurice devrait davantage adhérer, selon lui.