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A Reims, une réouverture des cimetières "un peu comme une réouverture de la vie"

29 avril 2020, 21:59

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A Reims, une réouverture des cimetières "un peu comme une réouverture de la vie"

"Je voulais enfin lui dire au revoir". Mardi matin à Reims (Marne), les grilles du cimetière du Nord fermées depuis le 23 mars sont à peine rouvertes que Simon Bernard est déjà venu rendre hommage à son ami décédé début avril.

"Il n'y a pas eu d'enterrement. C'est dur", dit-il, les larmes aux yeux, en évoquant la mémoire de l'ancien médecin du club de football du Stade de Reims, Bernard Gonzalez, atteint du Covid-19, et dont le suicide a suscité une vive émotion.

A quelques dizaines de mètres de là, Geneviève Barthélémy accompagnée de sa belle-fille et de sa petite-fille peut enfin se recueillir sereinement sur la tombe de son mari décédé au tout début du confinement.

"Il n'y a pas eu de cérémonie. Personne ou presque et tous avec des masques et des gants... Depuis le 20 mars, on n'a jamais pu venir", sanglote-t-elle.

"Aujourd'hui, c'est notre première visite dans des conditions normales", ajoute-elle en arrangeant quelques gerbes de fleurs pas encore fanées.

"Un acte politique fort"

"La réouverture des cimetières le 28 avril est un acte politique fort", souligne Elizabeth Vasseur, adjointe au maire LR Arnaud Robinet, en charge de l’administration générale et donc des six cimetières de Reims.

"L'avis de la sous-préfecture et de l'Agence régionale de santé a été sollicité. Mais la décision relève seule du maire", affirme-t-elle.

En décidant de rouvrir les cimetières au public le matin, "nous avons pensé à ceux qui y viennent régulièrement et aussi à tous ceux qui ont perdu un être cher ces dernières semaines et qui n'ont pas pu se recueillir", explique l'élue rémoise.

Selon l'état civil de la mairie de Reims, 128 inhumations ont été enregistrées du 26 mars au 26 avril, contre 109 pour toute l'année 2019.

L'adjointe prévient cependant: "si les gens ne respectent pas les consignes, les gestes barrières et le critère d'une heure de visite, on peut revenir en arrière".

Car Elizabeth Vasseur craint encore que les cimetières redeviennent comme début mars des lieux de promenade pour échapper aux contraintes du confinement.

"C'est un lieu de recueillement, pas de promenade. Nous surveillerons", met-elle en garde, sans toutefois en préciser les moyens, alors que les loges des gardiens des cimetières restent fermées jusqu'à nouvel ordre.

 "La réouverture de la vie"

Au cimetière du Nord, c'est en tout cas loin d'être la foule des jours de Toussaint pour ce premier jour de réouverture. De neuf heures à midi, une vingtaine de personnes, seules ou en couple, sont venues.

"Cela fait deux mois qu'on ne tient plus. Je n'ai pas pu venir et c'était la tristesse de ma vie. Aujourd'hui, je suis contente. Ici, je me sens bien", confie Filomena Rauséo, revenue enfin vers les tombes de son mari et de son fils.

Gabriel Nguyen, une ancienne adjointe au maire RPR Jean Falala venue se recueillir sur la tombe de sa fille décédée en 2014, voit, elle, du "paradoxe" dans cette matinée si particulière.

Car, dit-elle, "la réouverture des cimetières, c'est un peu la réouverture de la vie".