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Priorité changeante : COVID-19 est devenu COFVID-20

23 avril 2020, 22:56

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Priorité changeante : COVID-19 est devenu COFVID-20

La magie de l’être humain : il a transformé une urgence sanitaire en crise économique. Il a remplacé les tracasseries liées à la santé par celles liées au capital. L’heure n’est plus au financement de la maladie, mais à soigner les finances malades. Les infectés et les morts, des tragédies, sont devenus des statistiques ; et les statistiques de la croissance économique et des affaires sont devenues des tragédies. Dans une telle situation, on a peur qu’au centre des préoccupations, il n’est plus question de chercher comment soigner l’être humain et mettre la main sur un vaccin, mais plutôt, pour certains, à mettre la main sur le grappin.

À la télé le soir, exit Jagutpal, enter Padayachy. COVID-19 est devenu COFVID-20 (lire : ‘coffre vide faim’). Exit Dr Gujadhur, enter gouverneur de la Banque centrale et représentants du capital. Et ailleurs, dans des réunions de crise, exit OMS, enter FMI ; ou encore, au-revoir syndicats, bienvenue patronat !

«Exit OMS, enter FMI ; ou encore, au-revoir syndicats, bienvenue patronat !»

Confiance du peuple

On a vite oublié que la bataille pour limiter la propagation du COVID-19 a été gagnée grâce à la participation du peuple dans les mesures prises par les autorités, à son adhésion aux consignes, même si quelques exceptions ont défié les règles que pourtant toute la société avait consenti à respecter. Évidemment, si le peuple a suivi les mots d’ordre, c’est qu’il y voyait sa propre protection et celle de ses proches. Mais nous lui devons cette reconnaissance d’avoir cru en ceux d’en-haut, qui leur parlaient, qui leur disaient ce qu’était la priorité de l’heure, ceux qui lui demandaient une conduite en ligne avec l’objectif national commun de repousser le virus.

Le pays n’a pu offrir des masques à toute sa population, ni n’a-t-il pu faire plus de tests pour savoir si, dans la population, il n’y avait pas encore des porteurs du virus : il lui manquait peut-être 50 millions de roupies, ou moins, pour le faire. Mais voilà que l’on va devoir trouver Rs 50 milliards pour aider les pauvres du secteur privé à se relever et les soigner de leur COFVID- 20. Et lorsque la manne sera là, comme les respirateurs, elle aidera à oxygéner l’économie. Le peuple, de son côté, inclus les nombreux travailleurs informels, ti-marsan-bazar-dan- kwin-lari, et autres cordonniers et menuisiers, en prendra note.

Conscience collective

Le peuple dans son ensemble a témoigné, de par son comportement, ce qu’il peut construire comme conscience collective pour sauver le pays, même s’il a été gêné dans sa tâche pendant la crise par les sankonpran. Ceux-là, qui n’avaient pas compris, ne se trouvaient pas seulement chez le peuple, mais chez tous ceux qui ont initié quelque démarche afin de casser un élan de compréhension et de solidarité nationale de participer à la protection du pays.

Tentations

La lutte contre le COVID-19 est loin d’être gagnée et il serait hasardeux de croire que l’on n’a plus besoin de la confiance du peuple et de sa participation dans la période de déconfinement qui va démarrer et surtout dans plan de relance de l’économie qui sera proposée. L’octroi de milliards de roupies au secteur privé, que ce soit dans le choix des bénéficiaires, les quantum et modalités, prêts ou donations, sera source de frustrations s’il n’est pas fait de manière équitable. Le gouvernement va devoir surtout veiller à la facile tentation de certains à vouloir make profit out of a loss!