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Macron sur le terrain, le gouvernement travaille sur le déconfinement

22 avril 2020, 22:08

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Macron sur le terrain, le gouvernement travaille sur le déconfinement

Alors que les ministres rendaient leurs premiers projets pour le déconfinement, Emmanuel Macron était en Bretagne mercredi pour appuyer la filière alimentaire, en «deuxième ligne» mais déterminante face à l’épidémie de coronavirus.

Le chef de l’Etat a visité le Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) de Roué, dans le Finistère, spécialisé dans le maraîchage.

«Je viens pour remercier les salariés qui permettent de nourrir le pays», a-t-il lancé «Merci à la ferme France. Elle a tenu. On peut en être fier». Etape ensuite au magasin Super U de Saint-Pol-de-Léon pour une «présentation du partenariat engagé avec les producteurs locaux».

Depuis le début de la crise, l’exécutif insiste sur le fait que la France est préservée de la pénurie grâce à la richesse de sa production agricole et agroalimentaire. «J’espère que nos concitoyens vont être réconciliés avec ce beau métier qui est celui de nourrir la nation,» a insisté le chef de l’Etat.

Mais de nombreuses voix critiquent les conséquences de l’agriculture industrielle intensive, la nécessité d’importer certains produits alimentaires ou les effets sur la crise climatique et envionnementale.

Dans la matinée, le Conseil des ministres avait été l’occasion d’un premier tour de table sur les mesures à prendre en vue du déconfinement annoncé pour le 11 mai.

Les différents ministres concernés ont remis à Matignon une première mouture de leurs plans sectoriels, qui seront intégrés d’ici la fin du mois dans un projet global aux allures de casse-tête.

Aucune indication précise à ce stade, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye se refusant à commenter des informations de presse sur une réouverture possible des restaurants, cafés et bars le 15 juin ou le maintien dans un premier temps de la limitation des déplacements interrégionaux.

Rien n’est acté «pour la bonne et simple raison que nous sommes aujourd’hui de manière très active aux côtés de Jean Castex (chargé de coordonner le déconfinement) et au sein de chacun des ministères en train de travailler à cette stratégie de déconfinement», a-t-elle assuré.

Alors que le gouvernement est interpellé après plusieurs soirs d’incidents en banlieue parisienne, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a assuré veiller «à ce que le confinement soit respecté partout en France», récusant l’idée qu’il serait moins strictement appliqué dans les quartiers sensibles.

Confiance en baisse

La confiance des Français dans le gouvernement face à la crise du coronavirus repart à la baisse (-10 points, à moins d’un Français sur deux) après une embellie consécutive à l’annonce du déconfinement progressif, selon un sondage Harris Interactive.

Sous le feu des projecteurs, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer avait déjà détaillé mardi ses pistes en vue d’une reprise progressive de l’école à partir du 11 mai. Ce retour, attendu avec impatience par nombre de parents depuis le début du confinement mi-mars, sera étalé sur trois semaines par niveaux de classe, avec des groupes de 15 élèves au maximum.

Mais les inquiétudes demeurent: «On est dans l’attente de précisions», selon Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN), sur BFMTV.

Nombre d’élus locaux, dont les principales associations auront jeudi une visioconférence avec Emmanuel Macron, affichent également leurs réticences. L’association des maires de France souhaite une concertation avec le ministère de l’Education.

En Nouvelle-Calédonie, une partie des élèves a repris les cours, avec effectifs réduits, règles d’hygiène et consignes de distanciation. Au lycée Lapérouse de Nouméa, certains profs portaient des masques (non obligatoires), «mais il faut qu’ils articulent bien sinon on ne comprend pas», s’amuse Swell, élève en terminale S.

Plus globalement, le contexte sanitaire reste toujours aussi incertain. Le bilan reste élevé avec 20.796 morts du Covid-19 en France, dont 531 en 24 heures. Et, selon des estimations de l’Institut Pasteur, seuls 6% des Français auront été infectés par le coronavirus le 11 mai. Bien trop peu selon les spécialistes pour éviter une deuxième vague épidémique si toutes les mesures étaient intégralement levées après cette date.

Rallonge pour les hôpitaux

Sur le sujet toujours très sensible des masques, l’Académie de médecine a souhaité que le port d’un masque anti-projections soit rendu dès maintenant «obligatoire dans l’espace public».

L’Etat a débloqué de son côté une première rallonge «d’urgence» de 377 millions d’euros pour l’hôpital afin de régler «les dépenses spécifiques» à l’épidémie.

Des essais ont par ailleurs été lancés en France pour voir si la nicotine pourrait avoir un effet protecteur, diverses études dans le monde ayant noté un faible nombre de fumeurs parmi les malades hospitalisés. Pour autant, «pas d’automédication» à coup de patchs nicotiniques par exemple, a insisté le ministre de la Santé Olivier Véran, en rappelant devant le Sénat que «le tabac tue».

La crise sanitaire a également des conséquences socio-économiques inédites. Le chômage partiel a franchi la barre des 10 millions de salariés concernés, soit plus d’un sur deux dans le privé, un chiffre «considérable», selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

Le déficit de la Sécurité sociale va exploser, à plus de 41 milliards d’euros.

L’Etat met sur la table un plan d’aide massif de 110 milliards d’euros. Mais de nombreuses voix, dont celle du Haut Conseil pour le climat, appellent à ne pas reproduire la même erreur qu’en 2008, quand le plan de relance avait favorisé des activités polluantes.

Le secteur automobile, en tout cas, redémarre doucement après plus d’un mois de pause: Renault a annoncé la reprise de sa production en France, au lendemain d’une réouverture d’usine chez Toyota.