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Baisse volontaire des salaires: ils consentent à une réduction de… 50%

20 avril 2020, 21:14

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Baisse volontaire des salaires: ils consentent à une réduction de… 50%

Avec les difficultés économiques déjà là et qui s’annoncent encore plus aigües, des entreprises du secteur privé montrent la voie. Leurs hauts cadres ont consenti à une baisse «considérable» de leur salaire, nous dit Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius. L’objectif est, bien sûr, de faire face à la réduction des activités due au Covid-19 et au confinement. Mais c’est aussi pour éviter de licencier des employés, énonce un directeur de compagnie. Chez Beachcomber, les hauts cadres ont déjà consenti à une réduction qui va jusqu’à 50 % de leur salaire pour les trois prochains mois.

Mais qu’en est-il des grandes compagnies d’État et parapubliques?

Pour l’économiste Eric Ng, dépendant de la situation financière de chaque compagnie d’Etat, leurs top managers devraient, pourquoi pas ?, consentir à des sacrifices. Idem pour les corps parapublics, si ce n’est que pour aider à sauver ces entreprises. Et les emplois des petits salariés.

Eric Ng pense qu’une telle baisse aidera à contenir le déficit budgétaire qui va exploser. Il rappelle qu’après la crise financière de 2008, il y a eu une baisse de 20 % across the board des salaires à Singapour pendant un an. Une telle démarche contribuerait à assainir la situation, contrairement à des solutions proposées comme le Helicopter Money qui, dit-il, ajouterait, en fait, à nos maux.

Et les ministres et députés?

Raj Ramlugun, ex-syndicaliste, est pour une coupe radicale de leurs salaires, beaucoup, dit-il, ayant chômé pendant le confinement. Mais pas ceux qui étaient actifs dans la lutte anti-Covid. «Les ex-ministres et ex-présidents devraient aussi montrer leur solidarité en consentant à une réduction de leur pension, si ce n’est que pour soulager les fonds de pension qui seront de plus en plus en difficulté avec le chômage qui va augmenter. Il ne faut pas juste se complaire dans de beaux discours sur les inégalités. Il faut agir», dit-il.

L’ex-syndicaliste ajoute que les membres des conseils d’administrations des institutions publiques ne devraient pas être exclus de cet élan de solidarité. Ils sont royalement payés pour chaque séance des boards, qui n’ont pas siégé récemment, dit-il.

Faisal Jeeroobarkhan, de Think Mauritius, affirme, tout comme Eric Ng et Raj Ramlugun, que l’exemple vient d’en haut. Pour lui, la catastrophe engendrée par le Covid-19 doit être l’occasion de remettre en question beaucoup de mauvaises pratiques et de situations d’inégalité. «Il y a un trop gros écart entre les gros salaires et ceux au bas de l’échelle, même dans le secteur public. Que ceux qui ont les moyens se montrent solidaires !»

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a déjà annoncé une baisse des voyages officiels. N’est-ce pas à mettre à son crédit ? Faisal Jeeroobarkhan est sceptique sur la réelle motivation derrière cette déclaration. «On ne sait pas si les officiels ont accepté de réduire leurs voyages par peur d’être contaminés, à cause de la fermeture des frontières ou juste comme un effet d’annonce. Et puis, on ne sait pas combien ces voyages ‘sacrifiés’ contribueront à améliorer notre situation financière.» Il poursuit : «Il est temps aussi de contrôler ces généreux per diem lors des voyages. Et on attend toujours que le gouvernement, qui se veut moderne, accepte de payer les per diem mais par carte de crédit, et non en liquide, comme l’a proposé l’express.» Il lance un appel à l’opposition pour qu’elle s’exprime à ce sujet. Raj Ramlugun abonde dans le même sens.

Les ministres et députés, ainsi que le président de la République ont déjà accepté de contribuer volontairement 10 % de leurs salaires au Covid-19 Solidarity Fund. Nos interlocuteurs pensent tous que ce quantum est insuffisant…