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Coin Philo: Le degré d’une démocratie

19 avril 2020, 10:58

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Coin Philo: Le degré d’une démocratie

A quoi reconnait-on le degré d’une démocratie dans un pays ? On peut, bien sûr, répondre en disant qu’il y a autant de démocraties qu’il y a d’États se disant démocratiques. Mais cela ne suffit pas. On peut évoquer, pour « mesurer » la démocratie, la fameuse séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). On peut parler, aussi, des élections libres et tout à fait régulières, l’existence d’un véritable multipartisme, et la garantie par l’État des fameuses libertés individuelles, comme la liberté de pensée (pratique des cultes religieux, entre autres). Ainsi que la plus fameuse de ces libertés : la liberté d’expression. C’est elle qui est le plus attaquée par certaines idéologies ou par tous les gouvernants qui ne supportent pas que l’on puisse émettre des critiques vis-à-vis du pouvoir en place. Elle est la hantise de tous les dirigeants, même ceux qui sont au pouvoir dans les démocraties les plus libérales. Mais cette peur qu’ont les gouvernants ne peut empêcher, à part exception, grâce à une constitution et à des lois, un citoyen d’exprimer ses idées, même parfois les plus farfelues.

Dans la liberté d’expression, il faut aussi inclure toutes formes de dessins, de caricatures ou de vidéos, entre autres, qui visent à se moquer du pouvoir en place. C’est certainement avec l’existence de ce genre d’expression que l’on peut mesurer le degré de démocratie assez élevé, ainsi qu’une certaine maturité politique des dirigeants d’un pays. Cette maturité, il semble que notre pays n’y soit pas encore parvenu, même si beaucoup de signes montrent qu’il est en bonne voie. Cependant, il faut aussi considérer la réalité sociale de notre île pour se rendre compte que ce qui peut être vu comme une atteinte à un groupe culturel par certains propos reste quasiment tabou. On ne parle pas d’insultes, mais de critiques, quelles qu’elles soient. Car c’est aussi dans l’acceptation de la critique comme peut mesurer le degré de démocratie d’un pays. Déjà au 17e siècle, le philosophe Spinoza était un des premiers à défendre le droit de philosopher (ce qui revient, plus généralement, à la liberté de pensée et d’expression). Droit que l’État doit garantir à tout prix, car il en va de sa survie.