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Ecole en ligne: ils n’ont ni télé ni ordi ni internet

12 avril 2020, 17:30

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Ecole en ligne: ils n’ont ni télé ni ordi ni internet

Ils sont des enfants défavorisés. Des recalés du système éducatif. Ils arrivaient à suivre le cursus scolaire à grand peine. Mais voilà qu’avec le Covid-19, ces jeunes seront tout simplement mis hors-jeu avec la mise en place des cours à la télé ou encore en ligne.

Ce n’est pas uniquement les enfants défavorisés qui manquent les cours, mais aussi des familles qui ont la télé et un ordinateur mais avec des enfants de différentes tranches d’âge. À l’instar de Danraj, père de quatre enfants âgés de 8, 10, 13 et 15 ans. «Les classes de mon fils se font sur une chaîne et celles de mes filles sur d’autres. On n’arrive vraiment pas à gérer.»

Edley Maurer, coordinateur de Safire, qui soutient les enfants des rues et défavorisés, se trouve sur le terrain presque tous les jours, pendant le confinement. Il explique que dans plusieurs des banlieues à Maurice, la situation est chaotique.

«Il y a de nombreux enfants et adolescents qui sont à côté de la plaque en ce qui concerne le confinement et l’éducation. Ils sont plusieurs à ne pas savoir quoi faire de leurs journées.» Notre interlocuteur ajoute que beaucoup d’entre eux n’arrivent pas à rester chez eux. Raisons ? Soit la maison est très petite ou encore par manque de loisirs, mais aussi à cause des problèmes sociaux…

«Ils sont mal informés quant au danger invisible qu’est le Covid-19 et se regroupent pour s’occuper, parler et faire passer le temps. Certains ne se protègent même pas, se baladent pendant toute la journée dans les rues, sans respecter le social distancing. Avant l’école, c’était leur échappatoire. Mais maintenant, il n’y a pas d’issue», souligne Edley Maurer.

Pour le travailleur social, l’inquiétude est à son comble. Il a peur de l’avenir de ces enfants. «Déjà dans l’éducation «mainstream», la plupart de ces jeunes ont du mal à s’adapter car ils ont des problèmes et ont besoin d’une attention particulière. Et maintenant, cette décision du ministère de l’Éducation ne vient pas arranger les choses. Il aurait fallu que le ministère consulte ceux qui travaillent sur le terrain pour trouver une solution pour ces enfants. Que va-t-il se passer pour eux lorsque tout redeviendra à la normale ? Ne vont-ils pas se sentir encore plus exclus de la société ?»

Edley Maurer, d’autres travailleurs sociaux et certains parents estiment qu’il serait mieux d’annuler l’année scolaire de 2020 ainsi que les examens. Et de tout reprendre depuis le début du syllabus, après le confinement.