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Électeurs masqués et controverse: fin du vote dans le Wisconsin

8 avril 2020, 08:11

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Électeurs masqués et controverse: fin du vote dans le Wisconsin

 

Masqués, tentant de respecter les distances de sécurité et bravant leurs inquiétudes, des milliers d’électeurs se sont rendus aux urnes dans cet État du Midwest américain, qui a pourtant appelé sa population à rester confinée il y a déjà deux semaines.

Ce vote a suivi un intense bras de fer entre démocrates, qui voulaient repousser le vote au 9 juin, et républicains.

Électeurs masqués et controverse: fin du vote dans le Wisconsin

Appelant les Américains à être très prudents, l’administration Trump les avait prévenus dimanche qu’ils allaient vivre une semaine très difficile à cause du coronavirus, qui a déjà fait plus de 12.500 morts aux États-Unis, dont près d’une centaine dans le Wisconsin.

Le pays a d’ailleurs enregistré mardi le pire bilan journalier dans le monde depuis le début de la pandémie, avec près de 2000 décès.

Mais à Milwaukee, où seuls cinq bureaux de vote ont pu être ouverts pour près de 600 000 habitants, des électeurs ont dû attendre souvent plus d’une heure, les uns derrière les autres, pour voter.

Électeurs masqués et controverse: fin du vote dans le Wisconsin

À Kenosha, plus au sud, la directrice d’un bureau de vote avait revêtu une combinaison de protection totale, des lunettes et un masque pour accueillir ses concitoyens.

D’autres participants, plus simplement masqués, étaient protégés par des parois en plexiglas.

Quelque 2500 membres de la Garde nationale du Wisconsin avaient été déployés pour tenter de combler les absences de nombreux fonctionnaires, certains étant malades et d’autres craignant la contagion.

L’enjeu derrière ces scènes inédites? La primaire démocrate, mais surtout des élections locales cruciales pour l’équilibre des pouvoirs dans le Wisconsin, un État appelé à jouer un rôle clé dans la présidentielle du 3 novembre.

Électeurs masqués et controverse: fin du vote dans le Wisconsin
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«Jour sombre»

Ultra-favori de la primaire démocrate, l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, a affirmé que les républicains avaient tenu à organiser le scrutin «car ils savent qu’une faible mobilisation» joue en leur faveur.

«Il n’y aurait pas dû y avoir d’élection dans les bureaux de vote, tous les bulletins auraient dû être envoyés par courrier», a-t-il réagi sur CNN.

Les rares sondages lui donnaient une bonne avance dans cet État. Mais les résultats ne seront pas connus avant le 13 avril, date limite pour recevoir les bulletins par courrier.

Électeurs masqués et controverse: fin du vote dans le Wisconsin
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Son rival Bernie Sanders a jugé «scandaleux» que les républicains poussent à voter «pour leur bénéfice politique». Cette décision «risque bien de se révéler mortelle».

«C’est un jour sombre pour notre démocratie», a renchéri le président du parti démocrate, Tom Perez.

Les républicains accusent eux le gouverneur démocrate, Tony Evers, d’avoir outrepassé ses pouvoirs en tentant au dernier moment, lundi, de reporter le scrutin. Saisie par l’opposition, la Cour suprême du Wisconsin avait ensuite ordonné la tenue du vote mardi.

Et Donald Trump soupçonne les démocrates d’avoir voulu repousser l’élection par intérêt électoral, parce qu’ils craignaient qu’un juge conservateur de la Cour suprême du Wisconsin, Daniel Kelly, remporte sa réélection face à son adversaire progressiste grâce au soutien récemment accordé par le chef de l’État.

«Dès que je l’ai soutenu, ils sont devenus fous», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche. «Il y a deux semaines, il y a deux jours, ils ne voulaient pas reporter l’élection. Ça leur était égal parce qu’ils pensaient qu’ils allaient gagner».

À cause de la pandémie de coronavirus, aucune autre primaire démocrate n’a été organisée depuis le 17 mars. Déjà 15 États ainsi que le territoire de Porto Rico ont annoncé le report de leurs scrutins. Et le vote se fera uniquement par correspondance pour les autres votes prévus en avril (Alaska le 10, Wyoming le 17).

Cette quasi-suspension de la campagne renforce la pression sur Bernie Sanders, 78 ans, pour qu’il jette l’éponge. Son retard sur l’ex-bras droit de Barack Obama dans la course à l’investiture démocrate est très difficilement rattrapable.

La saga du Wisconsin a réveillé des doutes sur l’organisation - par courrier ou en personne - des élections présidentielles, législatives et locales cruciales du 3 novembre, si la pandémie devait durer.