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Coronavirus: près de 900 décès dans les Ehpad, selon un premier bilan partiel

3 avril 2020, 11:21

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Coronavirus: près de 900 décès dans les Ehpad, selon un premier bilan partiel

Au moins 884 personnes âgées sont décédées dans les maisons de retraites depuis le début de l’épidémie de coronavirus, un premier bilan officiel, quoique partiel, annoncé jeudi alors que 4.500 patients sont morts à l’hôpital.

La collecte des chiffres est toujours en cours, a prévenu le directeur général de la santé Jérôme Salomon, en faisant état de «grandes inégalités dans le recueil entre régions», lors de l’annonce de ce premier bilan attendu depuis plusieurs jours.

L’agence régionale de santé du Grand Est, une des régions les plus touchées, a par exemple indiqué avoir enregistré 570 décès en Ehpad (établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes).

Depuis le 1er mars, l’épidémie a tué 4.503 personnes dans les hôpitaux, dont 471 décès enregistrés au cours des 24 dernières heures.

Près de 6.400 personnes nécessitent des soins lourds en réanimation, soit 382 de plus en un jour, une tendance qui connaît une esquisse de ralentissement depuis lundi.
 
Le Pr Salomon a toutefois appelé à la «prudence» dans l’interprétation de ces données. «Dans les deux ou trois jours qui viennent, on espère une moindre pression sur les services de réanimation», a-t-il déclaré, estimant qu’une «première évaluation en fin de semaine» permettra de commencer à mesurer l’impact du confinement entré en vigueur depuis le 17 mars.

Face au danger de la saturation des hôpitaux, notamment dans le Grand Est et en Ile-de-France, les évacuations se poursuivent à un rythme soutenu vers les hôpitaux de régions moins touchées.

Au total, selon la direction générale de la santé, 439 patients dans un état critique ont ainsi été évacués depuis le 18 mars et d’autres opérations vont suivre dans les jours qui viennent.

«L’essentiel est que le système tienne» et il «va tenir mais il faut rester concentrés, mobilisés et vigilants», a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe jeudi soir.

Pour faire face à la vague, il a annoncé l’ouverture «d’un plateau ultra moderne» à l’hôpital Henri-Mondor «courant avril», permettant d’accueillir «86 patients supplémentaires».

Autre secteur saturé, les pompes funèbres. La préfecture de police de Paris a annoncé qu’un bâtiment du marché de gros de Rungis allait être transformé en funérarium «de grande capacité» pour accueillir les cercueils de victimes.

«Casser les chaînes»

Les autorités commencent aussi à réfléchir aux stratégies de sortie du confinement. Le déconfinement «ce n’est pas pour demain matin», a de nouveau averti Edouard Philippe, en soulignant que «la logique du confinement doit prévaloir, au moins jusqu’au 15 avril» et «probablement plus longtemps» si les conditions sanitaires l’exigent.

«Ce déconfinement ne pourra intervenir que de façon progressive», a-t-il répété, en précisant que «nous sommes en train de réfléchir à plusieurs scenarii» avec «des experts de la santé, des logisticiens» sous la houlette du délégué interministériel aux Jeux Olympiques, Jean Castex.

Cette stratégie va fortement dépendre de la disponibilité de tests, alors que le gouvernement est déjà critiqué sur sa gestion, notamment des masques.

La compétition pour se procurer médicaments et équipements de protection est aussi mondiale que l’épidémie: la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (ex-LR) a assuré avoir vu un chargement de masques lui échapper en Chine au profit d’Américains qui avaient «surenchéri» pour l’obtenir.

«Il faut maintenant obtenir les livraisons, c’est un exercice qui n’est pas toujours facile», a affirmé M. Philippe, en évoquant «la demande considérable qui vient vers la Chine des États-Unis, de l’ensemble de l’Europe, du monde entier».

Le président Emmanuel Macron, de son côté, s’est entretenu avec les membres du Conseil scientifique sur le Covid-19, qui ont déjà estimé que le confinement pourrait durer jusqu’à six semaines au moins.

En complément du dispositif papier déjà en place pour justifier les sorties en temps de confinement, une attestation de déplacement numérique sera disponible à partir de lundi.

«Pause»

Nouvel épisode inédit du confinement, les vacances de Pâques commencent vendredi pour la Zone C (Ile-de-France et Occitanie). Mais «il ne doit pas y avoir de départs en vacances dans les jours qui viennent. Tous ceux qui seront en contravention se verront sanctionner», a affirmé le chef du gouvernement.

Pour autant il faut «un temps de pause» recommande le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, pour qui il s’agit de «respecter le temps de repos que représentent les vacances». Au delà, «le bac 2020 ne se déroulera pas dans les conditions normales», a averti le Premier ministre qui semble privilégier «la piste du contrôle continu».

Sur le plan politique, Emmanuel Macron a reçu les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Richard Ferrand, alors qu’Edouard Philippe s’est entretenu par visioconférence avec les présidents de partis, responsables de groupes parlementaires et d’associations d’élus. Au menu notamment, un nouveau report du second tour des élections municipales: si en mai les conditions sanitaires ne semblent pas remplies «alors il faudra décaler les élections peut être en octobre, peut être après», a averti M. Philippe.

Côté économique et social, la mise à l’arrêt d’une bonne partie du pays a une traduction très concrète: 400.000 entreprises ont demandé à avoir recours au dispositif du chômage partiel, pour 4 millions de salariés, soit un salarié du privé sur cinq.