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Hôpital Nehru: la dure réalité du personnel soignant

1 avril 2020, 21:46

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Hôpital Nehru: la dure réalité du personnel soignant

Dur d’être un frontliner en ces temps de crise. Surtout lorsqu’on est un soignant. Incursion à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle, où le personnel, surtout les infirmiers, travaillent la peur au ventre et dans des conditions qui ne leur plaisent pas. Apres l’annonce du confinement total et au vu d’une potentielle flambée de Covid-19, le 24 mars, la direction de l’hôpital a décidé de convertir la salle médicale et celle de psychiatrie en des salles d’isolement.

Les patients qui y étaient avant cela ont été transférés ailleurs. Cependant, des membres du personnel déplorent qu’aucun aménagement spécifique n’ait été fait. «Normalement, le nombre de lits doit être réduit, ainsi que le nombre de patients.On se trouve dans une configuration où 43 patients seront admis à terme dans cinq chambres vitrées, contenant entre huit et cinq lits chacune. Même si les lits sont espacés, le risque de «cross contamination» est élevé car un patient qui tousse, même s’il porte un masque chirurgical, peut toujours infecter les surfaces avec ses postillons», explique l’un d’entre eux.

Du 24 au 28 mars, les patients en isolement étaient mélangés dans la même salle sans aucun aménagement pour les femmes. Elles se sont retrouvées à utiliser les mêmes toilettes et salles de bains que les hommes. «Une telle promiscuité dans un hôpital est inadmissible en temps normal.» Il aurait fallu que les patientes protestent pour qu’elles soient transférées dans une salle à côté.

Le 28 mars, deux infirmiers qui travaillaient dans ces salles de confinement ont été postés positifs au Covid-19. Les employés racontent comment cela a pu se passer. «Aux petites heures le 26 mars, un patient étranger en provenance du continent américain a été admis. Il souffrait uniquement de diarrhée. Des prélèvements sanguins et de mucosité ont été envoyés pour analyse. Vers 14 heures, les résultats sont tombés. Il était positif. Mouvement de panique générale. Aucun médecin pour annoncer la nouvelle au patient, encore moins pour réassurer le personnel travaillant dans la salle d’isolement.» Suite à cela, le patient a été transféré à Souillac, en suivant le protocole pour ce cas de figure. Les patients qui étaient en contact direct, dont la décharge était programmée le jour même, ont été informés par les infirmiers qu’ils devaient rester, sans leur dire la raison.

Processus de fumigation

Suivant le protocole établi, le personnel soignant a contacté la direction de l’hôpital pour la désinfection. de la salle «Normalement, un processus de fumigation doit se mettre en place tout de suite. Le bureau sanitaire de Rose-Belle informe les infirmiers qu’il faut laver les surfaces avec de l’eau de Javel en attendant la fumigation. Les infirmiers travaillant sur le shift du soir et du matin sont placés en quarantaine pour limiter les dégâts.»

Le 27 mars, un deuxième patient est testé positif. Toujours pas de fumigation. «Le même jour, les infirmiers placés en quarantaine dans un hôtel du littoral nord apprennent qu’il y a eu deux confrères positifs au Covid-19. Vous vous imaginez notre panique.»

Depuis dimanche 29 mars, aucun responsable n’est venu faire un constat des lieux car, selon ces membres du personnel, tout le monde a peur d’entrer dans la salle. «Même le ministre Jagutpal qui était médecin en chef de la salle psychiatrique a visité tous les hôpitaux le 28, mais il n’est pas venu à Rose-Belle», déplorent ses anciens collègues. Il y est allé cependant par la suite, lundi.

Par ailleurs, aucun technicien de surface ne travaille actuellement. L’entretien est assuré par des Hospital Care Attendants qui font des shifts surhumains, soit huit jours d’affilée (16 shifts de jour et de nuit). Même si le Dr Vasantrao Gujadhur, directeur des services de santé, a stipulé que les draps et autres ustensiles doivent être utilisés séparément, voire qu’il fallait brûler les draps si possible, au niveau des salles d’isolement, ces consignes ne sont pas respectées. «Au début, la nourriture était placée dans des boîtes à emporter mais désormais c’est au personnel de la distribuer comme d’habitude, bien que certains patients n’aient ni couverts, ni droit de visite encore moins un vêtement de rechange propre.» Nous avons essayé de contacter le ministère de la Santé pour savoir s’il est au courant des conditions de travail du personnel soignant. En vain.