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Quand les îles servaient de centres de quarantaine

21 mars 2020, 21:30

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Quand les îles servaient de centres de quarantaine

Alors que les centres de quarantaine fleurissent à travers l’île, Covid-19 oblige, l’Histoire nous rappelle que lors de précédentes épidémies, trois îlots et Pointe-aux-Canonniers servaient à isoler les malades.

Maurice n’en est pas à sa première épidémie. Comment faisaient les autorités britanniques au temps de l’immigration indienne ? Au cours des deux siècles passés, les maladies mortelles étaient la dysenterie, la variole, la fièvre jaune, la typhoïde, mais aussi le choléra, la malaria et même la peste.

 Ces épidémies étaient souvent liées à l’arrivée de bateaux et au non-respect des règles de quarantaine en vigueur à l’époque. Des passagers entraient en contact avec la population. C’est ce qui poussa les autorités britanniques à définir des zones de quarantaine. Il y avait le «bell-buoy», un point d’ancrage dans la rade de Port-Louis, mais aussi l’îlot Tonneliers, l’îlot Bénitiers, l’îlot Gabriel et l’île Plate. Une autre station de quarantaine se trouvait dans l’estuaire de la Grande-Rivière-Nord-Ouest et plus tard, une autre sera aménagée à Pointe-aux-Canonniers. Des vestiges de la station de quarantaine subsistent à l’île Plate, au milieu de la végétation. Les plaisanciers qui y débarquent des flots de touristes chaque jour ignorent souvent le passé de cet endroit.

 Au fil du temps, on jugea que l’îlot Bénitiers et l’îlot Tonneliers étaient trop près de la terre principale. Mais aussi qu’ils étaient trop étroits pour accommoder le flot de travailleurs engagés. En 1857, une ordonnance institue, comme principale station de quarantaine, Pointe-aux-Canonniers et l’île Plate, qui se trouve à 12 km de la côte nord de Maurice. Ces deux endroits devinrent des stations de quarantaine permanentes. À Pointe-aux-Canonniers étaient envoyés tous les malades, sauf ceux atteints de choléra. L’île Plate était dédiée aux malades du choléra, mais recevait aussi ceux atteints de variole et de rougeole. L’île Plate a été utilisée comme station de quarantaine lors de l’épidémie de variole de 1856 et des épidémies de choléra de 1819, 1854 et 1856.

Quelles étaient les conditions de confinement ? De récentes recherches archéologiques ont été menées par une équipe dirigée par Krish Seetah, un Mauricien qui enseigne à Stanford University. L’un des objectifs : mieux comprendre les conditions de vie rudimentaires dans cette station de quarantaine. Ces recherches ont montré une ligne de démarcation entre le camp des engagés à Palissade Bay, dans la partie ouest de l’île Plate, alors que les officiels britanniques étaient dans la partie est de l’îlot. Un hôpital se trouvait à mi-chemin entre ces deux parties distinctes.

Mais en 1856, comme les procédures ne furent pas suivies, 284 travailleurs engagés confinés à l’îlot Gabriel y trouvèrent la mort. Ils avaient été envoyés à l’îlot Gabriel, parce que le phare était en construction dans l’île Plate voisine. Ils n’ont pas été approvisionnés en eau et en provisions à cause d’un accident. Ils avaient été logés sous des tentes au mois de janvier, souffrant de la chaleur torride le jour et de la baisse de température la nuit. Cet épisode vit la suspension de l’immigration indienne. Une commission d’enquête se pencha sur les conditions en quarantaine.