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Jeux olympiques 2020: l’idée d’un report fait son chemin

21 mars 2020, 20:34

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Jeux olympiques 2020: l’idée d’un report fait son chemin

La flamme olympique est arrivée hier au Japon, où l’accueil festif prévu a été réduit à sa plus simple expression en raison de la pandémie du Covid-19, qui jette le doute sur la tenue même des Jeux de Tokyo. Les JO, qui doivent débuter le 24 juillet, peuvent-ils être reportés, voire annulés ?

La pandémie de coronavirus qui paralyse le monde entier et a entraîné le report de nombreux autres événéments sportifs internationaux, dont l’Euro de foot, soulève de nombreuses interrogations. Et même si le Comité international olympique (CIO) se refuse à évoquer un report ou une annulation, la pression monte sur l’instance basée à Lausanne à mesure que le bilan du virus s’alourdit et que des sportifs appellent à ajourner les JO.

«Je ne vois pas pourquoi les Jeux ne pourraient pas être reculés de quelques mois», a glissé dans Le Soir, Pierre-Olivier Beckers, membre belge influent du CIO. La Canadienne Hayley Wickenheiser, quadruple championne olympique de hockey sur glace entre 2002 et2014 et membre du CIO depuis 2014, résume sur Twitter: «Cette crise est plus grande que les Jeux olympiques. Nous ne savons pas ce qui se passera dans les 24 prochaines heures, encore moins dans trois mois. Les JO devraient-ils être annulés? Personne ne le sait à ce stade et c’est mon point de vue. Mais dire avec certitude qu’ils iront de l’avant est une injustice pour les athlètes qui s’entraînent et pour la population mondiale en général.»

Évoquant l’éventualité d’un report, Sebastian Coe, ancien chef d’orchestre des JO de Londres en 2012 et président de la Fédération internationale d’athlétisme, sport-roi des Jeux, qui est partie prenante de la réflexion, a indiqué à la BBC : «C’est possible, tout est possible actuellement...»

Haruyuki Takashi, membre du comité d’organisation japonais, a évoqué au Wall Street Journal : «Un report réaliste d’un à deux ans.» Taro Aso, le ministre japonais des Finances affirme, lui : «C’est un problème qui se produit tous les quarante ans. Les Jeux olympiques sont maudits et c’est un fait.» Pour lui, après 1940 (événement annulé en raison de la guerre), et 1980 (JO frappé par un boycott international): «C’est le destin inévitable de Tokyo 2020.»

De son côté, le Comité international olympique s’accroche, pour l’instant, toujours à son calendrier. Sa commission exécutive a, mardi dernier, après une visioconférence avec les fédérations internationales, assuré«qu'à un peu plus de quatre mois de l’ouverture des Jeux, il n’est pas nécessaire de prendre des décisions radicales et toute spéculation à ce stade serait contre-productive (...) Le CIO continuera d’agir comme une organisation responsable et, dans ce contexte, il demande à tous ses partenaires, dans le cadre de leurs attributions respectives, de tout faire pour contribuer à endiguer le virus.»

Armand de Rendinger, consultant international et expert olympique, observe: «Au début, le point majeur pour le CIO était qu’il était impossible de reporter. Annuler? Certainement pas, la tendance était: cela va se calmer, on va pouvoir organiser les JO sans risques majeurs, même si cela va être compliqué. Aujourd’hui, le risque majeur existe et les possibilités de report sont étudiées. Et s’il n’existe pas de possibilités de report, ils vont sans doute décider de les annuler. Il y a une dérive lente, vers au plus tard le 15 avril, pour décider du report ou de l’annulation. Le débat est économique, assurantiel, sanitaire et politique. Ce qui obère l’image du CIO en ce moment, c’est que tout le monde dit : il n’est question que de pognon. Mais il y a des questions sanitaires, d’image du pays. Le Japon est un pays sérieux, qui sait s’organiser et qui ne va pas s’embarquer comme ça à l’aventure avec la menace d’une catastrophe en août avec des personnes contaminées.»

Et de décrypter: «Déplacer les Jeux dans un autre pays, ce n’est pas possible. Les reporter, de trois mois, cela m’étonnerait. D’un an, c’est possible si le CIO arrive à imposer à tous les acteurs de remplacer toutes les compétitions prévues depuis longtemps par des JO. C’est compliqué, mais cela peut se faire. (...) En 2028, on réfléchit à des Jeux digitaux. Tout sera regardé sur les smartphones, comme si on y était. On n’en est pas à cette réalité.»