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José Chung Foo: soldat de la vie

14 mars 2020, 21:15

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José Chung Foo: soldat de la vie

Incendie de Lab 51, inondation à Bramsthan, accident de la route, les sapeurs-pompiers sont partout là où la vie humaine est en jeu. José Chung Foo qui a pris sa retraite l’année dernière nous raconte son vécu.

«Lorsque j’ai vu l’incendie de Lab 51 ou encore l’inondation à Bramsthan j’aurais voulu y être. J’aurais voulu pouvoir être là et aider les autres pompiers», raconte José Chung Foo avec dans la voix un grain de nostalgie. Après 44 ans de bons et loyaux services, José Chung Foo a pris sa retraite en tant qu’Acting Divisional Fire Officer l’année dernière. Il a consacré sa carrière pas seulement à sauver d’autres vies, mais aussi à essayer de conscientiser le plus grand nombre face aux dangers qui les guettent.

Aujourd’hui, dans sa demeure à Pointe-aux-Piments, à 64 ans, José Chung Foo est loin des flammes et des inondations, mais son esprit demeure auprès des sapeurs pompiers. «Mais si jamais il y a une situation pareille dans mon quartier, je sais que j’irai. Je ne pourrais pas rester chez moi sans rien faire», enchaînet-il avec conviction. Preuve que quand on est un soldat du feu, on l’est pour la vie.

Et pourtant, ce n’est pas sous les meilleurs des auspices que José Chung Foo a débuté sa carrière chez les pompiers. Trois mois après son recrutement, soit en octobre 1975, alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, José Chung Foo se retrouve avec son père, Roland Chung Foo, lui aussi pompier, dans un feu de champ de canne dans le Nord. «Ce feu était terrible, après qu’il a été circonscrit, j’ai vainement cherché mon père. J’ai même appelé les hôpitaux, mais il avait péri dans cet incendie», raconte José Chung Foo. Malgré ce drame, le jeune pompier qu’il était n’a pas baissé les bras.

 
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José Chung Foo s’est forgé un moral d’acier. Il connaissait les risques qu’il encourait chaque jour, mais savait aussi que c’était la vie et qu’il ne pourrait rien contre la faucheuse, si cette dernière l’avait choisi. «C’était quand il y avait un cyclone que je m’inquiétais. Je devais laisser seuls mes enfants et mon épouse. Je ne savais pas comment ils allaient», confie-t-il.

En tant que pompier, José Chung Foo a même frôlé la mort. «Je me souviens d’un feu de champ de canne où je pensais vraiment que j’allais y passer. C’était effrayant, mais un pompier doit toujours garder son calme. J’étais entouré de flammes, heureusement que j’avais une boîte d’allumettes en ma possession. J’ai dû lutter le feu par le feu. J’ai encore la chair de poule en y pensant.» Parfois quand la tension est trop forte, les psychologues viennent à la rescousse des pompiers. «Des fois nous avons des situations qui nous traumatisent.»

Si en tant qu’inspecteur dans la Fire Prevention Section (1990-2011), il n’a pas personnellement participé à des sauvetages, José Chung Foo a été témoin de situation spectaculaire. «Je n’oublierais jamais un accident survenu sur la route Terre-Rouge–Verdun où un camion transportant des rochers s’est retrouvé littéralement sur un 4x4. Le 4x4 et la conductrice étaient quasiment enterrés. Nous avons pu la sortir de là sans une égratignure. Pour moi c’est une miraculée.» On comprend mieux pourquoi les sapeurs-pompiers sont appelés des anges.

Ce que José Chung Foo a toujours craint, ce ne sont ni les flammes qui ravagent tout en quelques secondes, ni l’eau qui charrie tout sur son passage. Sa plus grande peur «c’est un accident lorsque nous accourons à toute vitesse sur les routes. Si jamais nous faisons un accident, ce sont plusieurs personnes qui risquent de mourir.»

À voir José Chung Foo, on comprend que pour faire ce métier, il faut non seulement être capable d’agir dans l’urgence, mais également pouvoir s’oublier pour penser à l’autre et cela au péril de sa propre vie. «Ce métier est une vocation.»