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Don Panik: un «poet koltar» dans l’enfer de la drogue

1 mars 2020, 20:30

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Don Panik: un «poet koltar» dans l’enfer de la drogue

Cela fait des années déjà qu’il ne fait plus la une de la presse locale pour son talent. S’il apparaît dans les journaux, c’est en raison de ses frasques. «Il n’a pas toujours été comme ça. Il a inspiré toute une génération de jeunes et de moins jeunes», lance Joan Bègue, dépitée. Cette dernière était une de ses collaboratrices, à l’époque où Don Panik faisait encore «touch the dancefloor» à ses fans. Mais qu’est-ce qui a fait basculer ce «poet koltar» comme on le surnomme ?

Ce n’est un secret pour personne, cela fait des années que Don Panik a mis de côté sa plume et ses mélodies pour des seringues remplies de brown sugar. Dans un entretien accordé à nos confrères du Mauricien en mai 2018, après sa sortie de prison pour son premier cas de vol en 2016, c’est en toute franchise qu’il avait confié que «ladrog inn met so abi de fasilité ek linn vinn get [mwa]. Linn kares mwa, linn anbras mwa, linn sédwir mwa. Elle ne m’a pas laissé voir qu’il y avait un prix à payer»…

Cependant, une de ses amies, qu’il a longuement côtoyée lorsqu’elle vivait encore à Résidence Kennedy, explique que Steward Nicolas n’a pas sombré dans l’enfer de la drogue seulement parce qu’il le voulait. «Il a grandi en voyant ça. Il y avait ce fléau dans son environnement.» Et lorsque les problèmes sont apparus, que certaines personnes l’ont laissé dans la solitude alors qu’il avait besoin de soutien et que son talent, son grand cœur et son amitié ne comptaient plus à leurs yeux, il a emprunté le chemin de la perdition pour se sentir mieux. Car la drogue, il pouvait se permettre de la payer.

Mais comme il le disait si bien son tube avec Double K, il y a six ans : «Lamitié, sa, pa kapav asté.» Et puis «il n’a pas eu d’encadrement, de personnes pour le soutenir, musicalement surtout. Il souffrait également d’un manque de reconnaissance», raconte notre interlocutrice.

«Li ti touzour ti ena bann mo»

Kailesh Persand, qui a été l’un de ses producteurs, abonde dans le même sens. Il raconte que lorsqu’il venait de rencontrer Don Panik, il a été stupéfait par son talent d’écrivain. «Dernié prodiksion mo ti fer pou li c’était Pwason salé. Li ti enn dimounn ti ena rev. Li ti inb, li ti kontan lavi et li ti touzour ti ena bann mo. Apré linn sanzé ek mo ti népli tann li.»

Toutefois, son entourage est unanime : il a essayé de s’en sortir à plusieurs reprises. Allant même jusqu’à suivre une cure au Centre d’Accueil de Terre-Rouge en 2017. Il s’était converti à l’islam il y a deux ans à peu près, pour entamer une nouvelle vie. Mais la solitude l’a rattrapé, les vices et les démons ont refait surface. «La dernière fois que je lui ai parlé, c’était il y a deux ans, c’était quelqu’un qui voulait vraiment changer», confie Joan Bègue.

À Résidence Kennedy, les gens évitent de dire ce qu’ils savent sur lui. Sa famille n’étant pas présente lorsque nous y sommes allés ce jeudi, nous avons essayé de communiquer avec ses voisins mais en vain.

La seule chose qu’on répète, c’est qu’il est en prison. Avec une certaine gêne, d’autres diront qu’ils ne savent pas de qui il s’agit alors qu’ils habitent à quelques pas de son domicile…

«Moi je l’ai vu dernièrement. Avant qu’il ne soit arrêté ce lundi. Même si je savais qu’il se droguait, qu’il n’allait pas bien et qu’il souffrait, il m’a parlé avec le sourire aux lèvres. Il me disait de belles choses. Il est resté un bon ami…» se souvient son amie, qui vivait à Résidence Kennedy.

Inondées de tristesse, ses connaissances espèrent qu’il n’est pas trop tard pour l’auteur de «Dipin griyé». Ils souhaitent de tout cœur qu’il pourra s’en sortir et que cette punition qui l’attend pour le cambriolage soit la dernière.