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Blanchiment des coraux: Nadeem Nazurally, «La restauration active est essentielle»

25 février 2020, 20:45

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Blanchiment des coraux: Nadeem Nazurally, «La restauration active est essentielle»

Selon le Digest of environment statistics 2018, le taux de blanchiment de coraux est différent dans divers endroits. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Premièrement, les chiffres démontrent qu’une restauration active des coraux est essentielle. Dans certains endroits, les coraux sont plus affectés qu’ailleurs car il y a des coraux plus robustes que d’autres. C’est-à-dire, ils sont plus capables de supporter la hausse de température. D’ailleurs, ce sont les coraux les plus résistants à une température élevée qui sont choisis pour être transplantés.
 
Selon les données du Digest of environment statistics 2018, il y a eu une hausse de température de l’eau de 2012 à 2015. À Flic-en-Flac, la plus haute température enregistrée était de 29 °C alors qu’en 2015, elle est passée à 32 °C. À Blue Bay, la température est passée de 30 °C à 31 °C et à Albion de 28,5 °C à 29,5 °C. Cette hausse de température a causé des dommages.

Qu’en est-il des cyclones qui ont eu lieu ?
On peut dire que les tempêtes ont rafraîchi les lagons. Ce qui a dû faire du bien aux coraux.

Quelle répercussion le blanchiment de coraux a-t-il sur les autres espèces marines ?
Les coraux ont une importance énorme, non seulement pour les poissons mais pour plusieurs organismes. Ils ont plusieurs fonctions telles que produire du sable et aussi briser les grosses vagues qui provoquent l’érosion de la plage, entre autres. C’est toute une de chaîne d’organismes qui y sont liés. Il y a aussi la pêche et le tourisme qui sont touchés. 

Outre le blanchiment de coraux, quelles sont les autres conséquences du réchauffement climatique ?
Le réchauffement climatique entraîne d’autres dégâts suite à un débalancement de l’écosystème marin. Par exemple, le cycle reproductif des poissons est affecté. On retrouve certaines espèces là où elles ne devraient normalement pas être. Ce réchauffement cause aussi la prolifération d’espèces envahissantes comme le crown of thorns starfish qui est un prédateur de coraux.
 
Les étoiles de mer dites couronnes d’épines sont donc toujours un problème ?
Selon un sondage effectué deux fois dans l’Est et dans l’Ouest, il y a eu prolifération de cette espèce suite au réchauffement du climat. C’est aussi parce que le triton géant, leur prédateur, sert dans la plupart de nos salons comme décorations. On commence à trouver les crown of thorns starfish même à La Cambuse,où les coraux sont presque toujours intacts. Ce qui est mauvais signe. 

Parlez-nous du projet que vous dirigez actuellement ?
Le projet a commencé en 2018. Nous avons eu alors un financement de Rs 5 millions de la Tertiary Education Commission. Le projet comprend non seulement la restauration des coraux mais aussi prend en considération l’érosion des plages. La pépinière de coraux à Pointe-aux-Feuilles et à Flic-en-Flac contient de 15 000 à 20 000 boutures, parmi lesquelles 5 000 sont prêtes à être transplantées. La première transplantation a eu lieu dimanche à Pointe-aux-Feuilles et une seconde se déroulera à Flic-en-Flac la semaine prochaine. Cependant, d’autres endroits ont été analysés pour une transplantation réussie car la topographie et les caractéristiques de nos lagons sont toutes différentes. 

Est-ce qu’un suivi est prévu ? 
C’est prévu. Nous avons même un plan de sensibilisation au niveau des pêcheurs afin qu’ils y participent. Travaillant en mer, ils doivent connaître les précautions à prendre pour ne pas nuire aux coraux. Ils doivent respecter les eaux peu profondes. Malgré le monitoring, ceux qui font de la plongée doivent aussi faire attention aux coraux.

Qui dirige le projet ?
Je dirige personnellement l’équipe de l’université de Maurice, avec la collaboration de Sun Resorts et de l’université de Western Australia avec un professeur ayant des dizaines d’années d’expérience dans la culture de corail. 

Utilisez-vous la nouvelle technologie pour la réhabilitation des coraux ? 
Oui. D’ailleurs, grâce au financement que nous avons reçu, nous avons pu acquérir des drones sous-marins, des courantomètres et des caméras qui peuvent enregistrer des vidéos sous l’eau. Ces équipements peuvent desceendre jusqu’à 100 mètres de profondeur – ce qui nous aide à avoir de meilleurs résultats pour nos recherches afin que le projet soit fructueux.

 

Taux de blanchiment de coraux à travers le pays selon le Digest of environment statistics 2018 publié en janvier 2020

Anse-la-Raie : 50 %
Grand-Gaube : 25 %
Bel-Ombre : 25 %
Belle-Mare : 75 %
Blue-Bay : 15 %
Flic-en-Flac : 75 %
Grande-Rivière-Sud-Est : 40 %
Ile aux Bénitiers: 55 %