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Laurent Bezault: «En Afrique, certains pays vont plus vite que les autres»

24 février 2020, 12:04

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Laurent Bezault: «En Afrique, certains pays vont plus vite que les autres»

Laurent Bezault était récemment de passage à Maurice en sa qualité de  délégué technique de l’Union cycliste internationale (UCI). Le Français a eu des sessions de travail avec les dirigeants de la Fédération mauricienne de Cyclisme (FMC) et les membres du comité organisateur des Championnats d’Afrique de cyclisme sur route qui auront lieu sur le sol mauricien du 23 au 29 mars. Laurent Bezault occupe aussi le poste de conseiller Afrique pour l’UCI depuis 7 ans.

Connaissez-vous le cyclisme mauricien ?
En fait, je découvre le cyclisme mauricien mais le Directeur technique national (DTN) de la fédération mauricienne, Michel Thèze, est un ami de longue date. C’est à travers mes conversations avec lui que j’ai découvert le cyclisme mauricien. Avec Michel, nous faisions partie du même comité régional, lui était Conseiller technique régional (CTR) et moi coureur. Puis, il est devenu entraîneur national et moi, j’ai été sélectionné en Equipe de France. Nous avons notamment fait les Jeux olympiques de Séoul ensemble en 1988. Je note que la fédération mauricienne met de belles choses en place. J’ai croisé votre équipe nationale sur quelques épreuves en Afrique, notamment la Tropicale Amissa Bongo au Gabon.

Vous avez donc une petite idée quant au niveau de notre cyclisme…
Je sais qu’il y a un travail de fond qui est en train d’être effectué. La position géographique de l’île Maurice n’avantage pas les coureurs qui doivent faire de longs voyages pour participer à des épreuves sur le continent. Une solution serait de regrouper quelques épreuves qui se tiennent à un intervalle rapproché et avoir un point de chute entre ces épreuves. Ainsi, les déplacements seraient moins longs. 

Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre fonction de conseiller Afrique pour l'UCI ?
Je m’occupe en fait des relations internationales. Je fais le lien entre l’UCI, dont le siège se trouve à Aigle, en Suisse, et le continent africain. Je suis en contact avec les fédérations nationales d’Afrique et les athlètes et j’essaye de trouver les moyens afin de les faire progresser. Je suis basé à Ouagadougou au Burkina Faso mais je me déplace sur beaucoup d’épreuves sur le continent.

L’UCI a la volonté de développer davantage le cyclisme africain. Parlez-nous en…
Il y a un programme de solidarité pour l’Afrique qui a été lancé. Ceci découle d’une volonté personnelle de David Lappartient, le président de l’UCI. Ainsi, l’on identifie les pays qui ont besoin d’aide. Cette aide prend plusieurs formes. Il y a d’abord la formation des entraîneurs et commissaires puis, il y a le don de matériel, c’est-à-dire des vélos et des accessoires et ensuite, nous avons des projets spéciaux. Là, c’est le développement du cyclisme au niveau national qui est concerné. On fait de la promotion auprès des jeunes, on met en place des écoles de cyclisme, on développe le cyclisme féminin. Il y a un suivi de ces actions. Je suis une sorte de relais entre le cyclisme africain et l’UCI. Je suis sollicité pour apporter mon aide sur certaines courses comme la Tropicale Amissa Bongo et là, je travaille sur les épreuves en cours de création comme le Tour de Mauritanie. Je guide également les fédérations nouvellement mises en place.

Mais la progression du cyclisme africain est-elle satisfaisante de votre point de vue ?
Je dirais qu’en Afrique, certains pays vont plus vite que les autres. Il y a l’Afrique du Sud, l’Erythrée, le Rwanda et l’Ethiopie qui sont dans le peloton de tête et puis à l’étage en-dessous, on retrouve l’Algérie, le Maroc et Maurice, notamment. Mais il y a d’autres pays où c’est plus difficile. Il faut laisser le temps au temps, laisser murir le cyclisme. Il n’y a pas de raison qu’un Africain ne gagne pas le Tour de France un jour. Le désavantage des Africains par rapport aux Européens, c’est qu’ils n’ont pas un calendrier d’épreuves aussi fourni. Mais on voit que le satellite du Centre Mondial, avec, à sa tête Jean-Pierre Van Zyl, fait du bon travail. Des jeunes qui sont détectés peuvent y suivre un stage avant d’avoir la chance d’aller à Aigle. C’est comme cela qu’on a vu émerger des garçons comme Daniel Teklehaimanot, Joseph Areruya ou Natnael Berhane qui sont ensuite passés professionnels. Le sport est un vecteur de réussite, il apprend à être rigoureux, sérieux, discipliné. C’est aussi aux gouvernements de mettre les moyens qu’il faut mais, dans certains cas, il n’y a pas beaucoup de ressources, ou alors il y a d’autres priorités.

Les coureurs érythréens de demain seront peut-être les coureurs colombiens d’aujourd’hui. La Colombie a mis 15 ou 20 ans à remporter le Tour de France avec Egan Bernal. L’Erythrée est un pays où il y a une vraie volonté politique de répondre aux attentes des coureurs.