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Suspect libérés après plus de deux ans: l’ADSU pas équipée pour identifier la drogue à première vue

23 février 2020, 12:00

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Suspect libérés après plus de deux ans: l’ADSU pas équipée pour identifier la drogue à première vue

Le rapport du Forensic Science Laboratory (FSL) a conclu qu’il ne s’agissait pas de drogue, dans une affaire qui remonte à 2017. Ses conclusions ont été rendues en décembre, mais faute de pouvoir payer la caution de départ, ce n’est qu’en février que les deux suspects ont pu retrouver la liberté.

La motion portant sur la radiation d’accusation de drug dealing with aggravating circumstances (attempt to procure the importation of dangerous drugs-methamphetamine- with an averment of trafficking), devait être débattue le mardi 18 février devant la Bail and Remand Court. Mais elle a été reportée, en l'absence du représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques. Cette demande de la défense vient après qu’un enquêteur a confirmé en cour que la substance saisie valant de plus de Rs 24 millions n’était pas de la méthamphétamine, d’après le rapport du FSL. Toutefois, la principale suspecte, Mary Jane Jhureea, devra revenir en cour le 13 avril.

Mary Jane Jhureea a été arrêtée pour avoir tenté de prendre possession de 1 650 grammes de méthamphétamine, d’une valeur marchande de Rs 24 750 000. C’est lors d’un exercice de controlled delivery que la Portlouisienne avait été interceptée en compagnie de son compagnon, Jacques Aldo Stephano Joseph, et une autre personne dans les locaux de DHL, à la rue Sir Virgil Naz, Port-Louis. Ils s’y étaient rendus pour récupérer un colis. Celui-ci contenait de la «méthamphétamine». Le colis, adressé à un dénommé Zihad Badloo, domicilié à Montagne-Longue, avait été acheminé à Maurice en provenance de Johannesburg, Afrique du Sud, le 22 novembre 2017.

Jacques Aldo Stephano Joseph avait obtenu la liberté conditionnelle contre une caution de Rs 1 million. Sauf que la caution avait été revue à la baisse à la demande du couple, pour un montant de Rs 400 000. Toutefois, ayant été arrêté en possession de la drogue pendant sa détention en prison, il y avait prolongé son séjour avant de recouvrer la liberté, début février.

La femme devait, pour sa part, payer deux cautions de Rs 500 000 chacune et signer une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Faute de moyen, elle a de nouveau demandé une révision à la baisse du montant de la caution et, le 14 février, elle a été libéré contre une caution de Rs 350 000.

Manque d’équipements

Mais sur quelle base les enquêteurs de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) déterminent que c’est bel et bien de la drogue ou une autre substance ? L’express a tenté de recueillir les explications portant sur les procédures.

Sollicité, un haut cadre de l’ADSU, qui compte plus de 18 ans de service, explique que si un colis est arrivé à Maurice et de la poudre s’y trouve, la police commencera à poser des questions aux destinataires. «C’est par expérience et par la quantité de substance, qu’on pourra différencier si la poudre est suspectée d’être de la cocaïne, de l’héroïne ou de la méthamphétamine. Du coup, on va l’envoyer au laboratoire pour des fins d’analyses.» Mais pourquoi ne peut-on pas à priori effectuer un premier test dès la saisie, avant de procéder à l’arrestation de quelque suspect ? Notre interlocuteur déplore le manque d’équipements.

«C’est malheureux de dire qu’on fonctionne sans équipements adéquats. Tout comme dans ce cas présent, si on avait été équipé d’un appareil pour faire le test préliminaire, on aurait su illico si c’est de la drogue. Ensuite, on l’aurait envoyée au FSL pour confirmer la thèse», dit l’officier. Il estime que le département de l’ADSU aurait dû bénéficier de produits ou d’appareils pour détecter toute trace de drogue sur les colis saisis, entre autres. La douane ou d’autres unités de la police opèrent avec les matériaux conformes, elles. D’ajouter que l’ADSU est le seul département à ne pas avoir les moyens nécessaires pour opérer. «D’ailleurs, on nous donne des gants certes mais pas adaptés aux tâches à accomplir.»

Le policier va plus loin en citant la pesée de drogue. «On nous procure une balance qui ne peut peser plus de 500 grammes, par exemple. D’où la raison pour laquelle on a des mesures de la quantité mais après contre-vérification, il se peut que la quantité ait diminué.»

«On travaille dessus»

Appelée à confirmer les propos de ce policier, une source du Police Press Office (PPO), concède que ce département n’est pas doté dudit appareil. «Mais on est en train de travailler dessus pour pouvoir le fournir dans l’avenir. Dès que ces enquêteurs seront munis de cet appareil, leur tâche sera facilitée. Le FSL servira à contre-vérifier le rapport de l’ADSU. Les suspects pourront faire l’objet d’un test sanguin dans le but d’attester que la drogue a été détectée dans leur corps

Toujours est-il que deux personnes ont été placées en état d’arrestation pendant pratiquement deux ans pour attendre un rapport du FSL qui les a ‘innocentés’… Cette source du PPO explique que pour l’arrestation les policiers se basent sur le ‘packaging’, le ‘labelling’ et les réponses fournies par les suspects lors de leur interrogatoire. «S’ils n’arrivent pas à expliquer la substance saisie, la probabilité d’une arrestation est là

Bien qu’un premier rapport du FSL indique qu’il ne s’agit pas de drogue, le deuxième rapport détaillé est toujours attendu. On saura alors quelle substance c’est.

C’est quoi la méthamphétamine ?

Selon la recherche sur le net, c’est une drogue illégale de la même classe que la cocaïne et d'autres drogues de rue puissantes. Au début, elle crée une illusion de bonheur mais provoque une perte de mémoire, un comportement psychotique, des dommages potentiels au cœur et à la respiration. Elle crée une forte dépendance, dévastatrice. Elle se présente sous forme solide cristalline.