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Coronavirus: produits chinois interdits des opérateurs et consommateurs sonnés

6 février 2020, 22:30

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Coronavirus: produits chinois interdits des opérateurs et consommateurs sonnés

Rs 273,6 millions, soit la valeur de 547 voitures au coût moyen de Rs 500 000 l’unité. C’est ce qu’aurait coûté l’interdiction d’importer certains produits de Chine (si cette restriction avait été appliquée l’année dernière) aux importateurs.

Ce montant constitue un condensé du coût de sept des huit types de produits interdits d’importation par le ministère de l’Agro-industrie dans un communiqué le 3 février. Une décision prise afin de protéger le territoire mauricien des risques de propagation du coronavirus.

Dans les milieux officiels des affaires, on fait comprendre qu’il est trop tôt pour évaluer les pertes que cette décision pourrait avoir sur le commerce entre la Chine et l’île Maurice quant aux produits cités. Mais cette indexation sur les chiffres de Statistics Mauritius pour la période qui s’étend de janvier 2019 à septembre 2019 donne l’ampleur de l’impact sur les importateurs.

Cette interdiction vient aussi souligner à quel point Maurice, à l’instar d'autres pays dans le monde, dépend de la Chine pour s’approvisionner en de nombreux produits. Certes, il existe des marchés d’approvisionnement alternatifs pour les produits qui ne pourront pas être importés de la Chine. Mais une hausse du prix de ces produits à l’achat n’est pas impossible, indique un importateur. Les produits interdits d’importation sont les animaux ou poissons vivants, les produits frigorifiés ou séchés, que ce soit poisson ou viande, les poils d’animaux, la nourriture pour animaux. Mais ce qui dérange fortement les commerçants de Chinatown que nous avons rencontrés, ce sont surtout les sauces telles que la sauce d’huître ou à base de poisson qui ont été bannies.

Ben Ning, qui tient un commerce, trouve cette décision démesurée. «Je ne pense pas que ces produits qui viennent de Chine pourraient être dangereux pour nous. La maladie se transmet d’un humain à un autre, et non de ces produits», soutient-il. Il dit craindre l’épuisement de stock. Le rayon destiné aux sauces chinoises est visité plusieurs fois par jour par les clients. «Les gens adorent ces sauces et nous en avons en stock pour seulement deux mois !»

Mike How est du même avis. Il importe la plupart de ses produits de Chine. «Mes produits ne proviennent pas d’une région proche du Wuhan. Donc pourquoi nous interdire de nous en procurer ?» Mike How souligne que des Mauriciens viennent de loin pour s’approvisionner chez lui. Selon son avis, cette décision ralentira considérablement son commerce. «Mes clients sont habitués à ces marques de produits, spécialement les sauces chinoises et les nourritures en conserve. Lorsque mon stock actuel sera épuisé, et si l’interdiction n’est pas encore levée, nous devrons chercher d’autres marques de produits. C’est une option qui constitue un gros risque.»

Éric et Nicraise Virapoullé sont en vacances à Maurice avec d’autres membres de leur famille. Ces derniers font leurs achats dans la boutique de Mike How. Grande était leur surprise lorsqu’ils ont appris que certains produits ne seront plus en vente pendant un certain temps. «Nous venons de Saint-André, La Réunion, à chaque fois que nous faisons un saut à Maurice, nous venons acheter des sauces chinoises ici», nous apprend Éric Virapoullé, qui brandit en notre direction une bouteille de soy sauce. «Tout cela est absurde, ce n’est pas par ces produits que nous serons contaminés.»

Du côté du magasin Wah Lueng Hong, l’on ne se montre pas si inquiet. Selon le propriétaire, cette interdiction n’impactera pas autant son business. «Cette loi n’est pas très claire, nous devrons attendre que le ministère donne plus de détails pour comprendre la situation», confie le propriétaire. En attendant, il prévoit un stock pour les trois prochains mois.

Les importateurs ne sont pas les seuls touchés par cette interdiction, mais également les restaurateurs. Avi Tse Pak Leung, propriétaire du snack Panda, à Port-Louis, est spécialiste en cuisine cantonaise. Il fait comprendre que ce sera compliqué de travailler sans les produits et les aliments en provenance de Chine. «Nous utilisons beaucoup de sauces et d’aliments fabriqués en Chine dans notre cuisine…» confie-til dépité.

Il n’y a pas que la cuisine, d’autres importateurs sont aussi en mode stand-by. À l’instar de Subiraj, un importateur de meubles en provenance de Guangzhou, qui se trouve dans une impasse. La cause : il a déjà acheté son billet pour le mois de mars et ne peut ni être remboursé ni repousser son vol. «J’ai acheté mon billet au salon Prêt-à-partir et il n’est pas remboursable.» A-t-il peur de partir pour la Chine ? «Oui, mes contacts chinois ont eux-mêmes peur.»