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Victoire de Violet sur le cancer: «Prefer lopital mem!»

2 février 2020, 20:30

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Victoire de Violet sur le cancer: «Prefer lopital mem!»

«Si t’as pas d’argent pour te faire soigner à l’étranger, tu meurs…» Une phrase, une vérité pour certains patients atteints de cancer ainsi que leurs proches. Une idée reçue pour d’autres. Violet, elle, affirme le contraire. À choisir entre la clinique et l’hôpital, elle a opté pour le second. Récit.

En 2014, elle se rend à la clinique pour venir à bout d’un cancer du sein. Mais l’attitude du médecin la rebiffe. Traitée à l’hôpital, Violet Sultan a survécu à la maladie entre chimiothérapie et radiothérapie. Récit à l’occasion de la Journée mondiale du cancer, célébrée le mardi 4 février.

«C’était le jour de la Maha Shivaratree. Je venais de commencer un nouvel emploi de réceptionniste et je me suis rendue à l’hôpital du Nord. La veille, après ma douche, je sentais une gêne à la poitrine. Je voulais savoir ce que j’avais», se rappelle Violet Sultan. Nous sommes alors en 2014. Ne voulant inquiéter son fils, Thomas, âgé désormais de 20 ans, cette mère de 56 ans prétexte un mal de tête pour se rendre en soins. Ballottée entre médecins généralistes, chirurgiens et autres spécialistes, elle passe plusieurs heures dans l’établissement. Aucun diagnostic ne tombe ce jour-là. Il lui faut revenir une semaine plus tard. «Cela me tourmentait. On ne pouvait m’éclairer sur ce que j’avais», raconte Violet Sultan.

Sur le conseil d’une collègue, elle se rend en clinique. Mais la consultation tourne au vinaigre. «Le médecin m’a simplement balancé que c’était un cancer et qu’il fallait opérer. Quand je voulais savoir combien cela allait coûter, il m’a répondu ceci brutalement : ‘Ou pé get kas, taler ou pou al ploré kot Père Laval. Al dir nurse-la donn ou enn lasal bo marsé.’ Même si c’était un bon chirurgien, je n’avais pas confiance. Sa façon d’agir était révoltante.»

Arrive entre-temps son rendez-vous à l’hôpital. Elle subit une biopsie et patiente encore trois semaines pour connaître les résultats, ce qui accroît son angoisse. Une fois ceux-ci obtenus, le médecin l’informe de la gravité de la situation : «Il fallait faire une ablation. J’étais paniquée. Mais je devais y faire face car je n’étais pas seule. Il y avait mon fils derrière moi. Je devais me battre pour lui. Le médecin m’a bien expliqué les risques si je ne faisais pas d’intervention.»

L’opération est alors programmée quelque temps plus tard. Violet fait les arrangements nécessaires pour que l’on s’occupe de son enfant entre-temps et se forge un moral d’acier. Après quelques jours d’admission, elle est transportée au bloc le matin et se réveille en fin d’après-midi. L’intervention était un succès. Mais elle ne peut encore quitter l’hôpital. «Il fallait suivre des traitements. Les piqûres d’antibiotiques étaient vraiment pénibles. On devait aussi penser la plaie. Ce n’était pas facile….»

Thomas, alors âgé de 13 ans, l’aide également à l’hôpital. Après l’extraction des sutures une semaine plus tard, Violet n’est pas au bout de ses peines. Le combat continue avec le début de sa chimiothérapie. «Il fallait attendre qu’une place se libère. Quand ce fut le cas, j’y allais seule. La salle de chimiothérapie était bondée. On y passait toute une journée.»

Au total, Violet effectue six séances qui hélas sont accompagnées d’effets secondaires. Chute complète des cheveux, lourdeurs, douleurs au dos et à la colonne vertébrale et sensibilité aux odeurs fortes, suffocations, entre autres réactions, l’assaillent. Continuant son traitement en dépit de ses complications, notre interlocutrice doit encore franchir une étape : la radiothérapie. Direction : l’hôpital Victoria à Candos. Elle y adhère tous les jours et consolide son courage. Car il lui faut jongler avec son travail et ce nouveau traitement qui lui donne parallèlement des vertiges. «Si to pansé to ena kanser to pou al mor, to lavi inn fini, sa pa bon. Nou bizin afront li. Mo’nn gagn bann momen pli difisil kot pa ti pe kapav marsé, gagn douler. Mé apré mo’nn bien. Monn gagn tou bon tretma isi mem…Prefer lopital mem !»

Depuis la fin des traitements, Violet est régulièrement suivie à l’hôpital. Aucune récidive n’a été décelée mais elle veille au grain : «Kanser li koumsa. Li kapav revini ninport kan. Li kouma enn voler li pé atann pou rekokin nou ankor!» Selon Violet, il faut toujours être sur ses gardes. À la résurgence de symptômes, il ne faut pas les passer sous silence. Elle évoque plusieurs cas où sans intervention ni suivi, il était trop tard pour sauver la vie des malades. «Il faut avoir un bon mental pour vaincre le cancer. Il ne faut pas se laisser aller ou se morfondre sur son sort. Bien sûr, c’est dur. Il faut se faire traiter et dépister. L’hôpital assure un suivi à vie. Ce n’est pas que dans le privé ou à l’étranger qu’on peut être bien traitée. Autant, saisir cette opportunité et continuer à se battre contre la maladie !»

En chiffre

	<p>2 461 nouveaux cas de cancer ont été détectés chez les Mauriciens en 2017. C&rsquo;est ce que recense le rapport du Mauritius National Cancer Registry du ministère de la Santé. On dénombre 1 488 cas chez les femmes et 973 chez les hommes. Le cancer du sein demeure le plus récurrent chez les Mauriciennes tandis que chez leurs homologues masculins, c&rsquo;est celui de la prostate qui survient le plus fréquemment. Sur un total de 10 140 décès répertoriés en 2017, 1 366 étaient dus au cancer, représentant ainsi 13,5 %. On dénombre 653 décès chez les hommes et 713 chez les femmes. En termes d&rsquo;âge, 55,1 % des cancers affectaient les Mauriciens de plus de 60 ans. Dans 50,4 % des cas, le cancer est survenu entre 15 et 60 ans chez les adolescentes et femmes adultes. Quant aux hommes, ce taux était de 35,9 %. Chez les enfants de 0 à 14 ans, un indice faible de 0,9 % était répertorié.</p>
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Un soutien pour la bonne cause

<p>À vos &laquo;bra&raquo;, prêtes ? Partez ! Le 4 février 2020, date marquée par la Journée mondiale du Cancer, Lottotech et l&rsquo;association Link to Life procéderont à un &laquo;bra bank&raquo;. Celle-ci consiste à collecter tous soutiens-gorge usagés, neufs ou qui ne sont plus utilisés. &laquo;Avec l&rsquo;aide de la poste, nous pourrons envoyer gratuitement ces dons en Angleterre pour être recyclés. Chaque tonne de soutiens-gorge recyclée équivaut à 700 livres sterling qui contribueront à la recherche sur le cancer du sein&raquo;, déclare Virginie Pasnin, responsable de communication et de la Corporate Social Responsibility (CSR) de Lottotech. Ce projet aidera aussi les petites entreprises africaines qui pourront revendre les brassières reconfectionnées à des prix réduits, notamment au Togo, Ghana et Kenya. L&rsquo;événement se tient de 10 à 15 heures à Lottotech, à Ebène. Est également prévu un dépistage gratuit du cancer du sein et de la prostate par Link to Life.</p>